Casablanca : consternation à l'école Renan

Casablanca : consternation à l'école Renan

L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) a ouvert une enquête administrative suite à un contenu raciste dans un exercice de sciences soumis aux élèves de CM2, au sein de l’école Ernest Renan à Casablanca.

L’école primaire Ernest Renan est un établissement en gestion directe par l’agence parisienne. Et ce mercredi 25 mars, un dérapage majeur a eu lieu en cours de science pour les petits du CME 2 (10-11 ans).

Les élèves ont en effet reçu en cours de sciences avec un exercice intitulé « Où vivent les grands singes? » où il s’agissait entre autres d’identifier une femme manifestement subsaharienne, présentée comme sur les vieilles photographies des zoos humains présents en Occident au XIX ème siècle, placée entre un gorille, un bonobo, un orang outang et un chimpanzé.

Raciste et sexiste

Des parents, le mercredi soir, alertés par leurs enfants, ont alors pris connaissance de l’exercice et ont relayé l’info sur les réseaux sociaux. Le député des Français d’Afrique du Nord, M’jid el guerrab, n’y a pas cru dans un premier temps tant le visuel utilisé était choquant.

« Je n’y croyais pas ! C’était impossible »

Le député des Français d’Afrique du Nord, M’jid el guerrab

Mais dès le lendemain, l’information, se confirme ! Hier, jeudi 25 mars, à 15h34, les parents ont reçu un mail du directeur de l’école, Sébastien Galard. Le mail évoque « un exercice qui a pu, à juste titre, choquer votre sensibilité », expression qui minimise la gravité de la situation et a choqué de nombreux parents . Sébastien Galard ajoute qu’il s’agit d’une « maladresse inexcusable qui peut conduire à des amalgames », c’est un euphémisme ! (Il n’a pas souhaité répondre à nos demandes d’entretien).

Dans la soirée, à 21:28, un nouveau mail est adressé aux parents, cette fois-ci expédié depuis Paris. Il s’agit d’un communiqué de l’AEFE qui prend ses distances avec la direction locale et réaffirme pleinement les valeurs de la République que l’Agence est sensée transmettre en dehors des frontières françaises.

« L’émotion provoquée par ce document est logique »

Le communiqué évoque la « consternation » de l’AEFE et qualifie le contenu de l’exercice de raciste et sexiste. Les mots sont enfin écrits. Cette « faute grave » a conduit l’AEFE à « ouvrir une enquête administrative ».

Une enquête pour quoi faire ?

Pour le député M’jid el guerrab, comme pour les élus consulaires et le syndicat SE-UNSA, il faut tirer leçons de cet incident.

« On doit revoir notre conception des cours, l’enquête de l’AEFE doit identifier les erreurs dans le process qui ont permis que ce document se retrouve sur la table d’élèves de CM2 »

Le député des Français d’Afrique du Nord, M’jid el guerrab

Si la responsabilité incombe à l’enseignante, est-t-elle pour autant coupable ou la seule coupable ? Pour Adrien Guinemer, Conseiller national SE-UNSAS « Hors de France » : AEFE, MLF, MEAE, l’image utilisée est évidemment raciste et sexiste, mais il met en garde contre les jugements à « l’emporte-pièce ». Si il évoque une « grosse maladresse » de l’enseignante incriminée, il souligne que sa collègue n’a fait qu’utiliser un cours disponible sur un site éducatif bien connu des professeurs « La Main à la Patte« .

A l’origine sur cette source, l’image présentée était identique à celle utilisée par l’enseignante. Depuis la fondation « La main à la patte » a actualisé sont site en remplaçant la femme par un personnage stylisé.

Cours « expurgé » désormais disponible depuis le 26 mars sur le site  » la Main à la patte »

Plus inquiétant, l’équipe du site a aussi enlevé la référence au professeur français qui exerçait au Gabon et qui avait déposé le cours. Ce visuel aurait, donc, été utilisé dans d’autres établissements en Afrique et ailleurs pendant de nombreuses années.

Manque de contrôle ?

Si les enseignants disposent, bien évidemment, d’une liberté pédagogique, ils sont soumis à un programme. En tant qu’école française à l’étranger, l’établissement « École Ernest Ronan » a reçu l’homologation de l’Éducation nationale française. A ce titre, des inspecteurs viennent régulièrement assister au cours et vérifier le contenu proposé aux élèves. Ils n’ont rien vu…

En sus, l’école Ernest Ronan est en gestion directe. C’est à dire que c’est l’AEFE, elle-même, qui gère l’immobilier, le contexte sanitaire, les services connexes et qui engagent les professeurs, détachés de France ou sous contrat local.

La question se pose : comment au cœur de l’Enseignement Français à l’étranger, un tel dérapage est possible ? L’enquête de l’AEFE, nous l’espérons, y répondra. Une autre action urgente est à réaliser, purger les cours de tout un héritage colonial, raciste et eugénique, contraire aux valeurs de la France en 2021, sans effacer l’Histoire qui lie ces pays et notre nation.

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