Le Festival du film de Cannes s’est refermé ce samedi 24 mai au soir. Avant de se plonger dans le palmarès, revenons sur une journée singulière où les festivaliers ont dû vivre quelques heures sans électricité mais surtout sans réseau internet !
Black-out sur la Croisette
Que s’est-il passé samedi 24 mai dans les Alpes-Maritimes ? Qui a provoqué le black-out ayant frappé le département, jusqu’à perturber la dernière journée du festival de Cannes ? C’est ce que les enquêteurs tentent de déterminer.
Au dernier jour du Festival, ce sont les projections de «rattrapage» des films de la compétition qui ont été perturbées autour de 10 heures ce matin. Et encore, pas tant que ça : en plein milieu de la projection de Sirat, de l’Espagnol Oliver Laxe, le chaos – lumières allumées, film qui continue sans la piste son, festivaliers criant et sifflant dans l’espoir d’attirer l’attention des équipes du lieu où se filmant pour documenter la scène – n’aura duré qu’une dizaine de minutes, grâce à un réseau de groupe électrogènes rendant autonome le bâtiment qui trône au bout de la Croisette. En revanche, au Cinéum, multiplex en périphérie de la ville où ont également lieu des projections, les séances ont étaient annulées.
Mais dans les rues de Cannes les heures suivantes, flottait une certaine étrangeté. Magasins ouverts mais plongés dans le noir, armadas de commerçants désœuvrés et l’air hagard, rumeurs dans tous les sens – «il paraît que c’est carrément jusqu’à Lyon». Cannois et festivaliers main dans la main, grattant dans les tréfonds de leurs portefeuilles pour y retrouver la trace de la moindre petite pièce leur permettant d’acheter, qui sa botte de radis, qui ses tongs pour la plage.
Les plus angoissés furent les influenceurs et les journalistes non affiliés à une antenne majeure, en effet, les mastodontes ont pu maintenir, via des satellites et des camions fournissant l’électricité, le lien avec leurs envoyés spéciaux. Mais les autres, moins dotés financièrement, ont été coupés du monde alors que la journée s’annonçait comme la conclusion d’une quinzaine qu’ils avaient couverte intensément.
À ce jour, la piste de l’ultragauche est favorisée par les gendarmes en charge de l’enquête, un sentiment renforcé, alors que ce dimanche matin, c’est l’aéroport de Nice qui était visé avec une attaque sur un transformateur à Nice en pleine nuit. Malgré la coupure d’électricité qui a frappé 30 000 foyers niçois, rapidement l’approvisionnement énergétique a été rétabli, permettant aux festivaliers de quitter Cannes ou de rejoindre Monaco pour le Grand Prix.
Un palmarès politique ?
Cannes, c’est le Cinéma, mais pas celui qui cartonne l’été auprès des teenagers en manque d’émotions fortes, c’est celui des auteurs et des acteurs engagés. C’est dans cet état d’esprit que Juliette Binoche et son jury ont dévoilé, samedi soir, le palmarès du 78e Festival de Cannes, au terme d’une compétition très ouverte. Emmenés par la star française, les neuf membres du jury se sont réunis en conclave pour désigner, parmi les 22 films en compétition, le successeur d’Anora, de l’Américain Sean Baker.
D’ailleurs, si vous désirez retrouver des œuvres primés à Cannes et en profiter gratuitement où que vous soyez, la plateforme mondiale et francophone TV5MONDEplus est le bon choix avec sa programmation haut de gamme.
Jafar Panahi, « Un simple accident »
Et c’est le réalisateur iranien Jafar Panahi, 64 ans, qui a remporté la Palme d’or avec « Un simple accident », conte moral auscultant le dilemme d’anciens détenus tentés de se venger de leur tortionnaire. Saluée par les critiques, cette charge contre les autorités iraniennes résonne avec le sort de Panahi, emprisonné deux fois en Iran, où ce long-métrage tourné clandestinement pourrait lui valoir des représailles. La présence du réalisateur à Cannes, après avoir été assigné pendant quinze ans en Iran, était un moment fort.
Plus tôt dans la cérémonie, l’actrice française Nadia Melliti a reçu, à 23 ans, le Prix d’interprétation féminine pour son premier rôle au cinéma, dans La Petite Dernière, de sa compatriote Hafsia Herzi. Etudiante en sport et repérée dans un casting sauvage, elle y incarne Fatima, 17 ans, une jeune femme musulmane qui découvre son homosexualité. Le film est adapté du roman éponyme, d’inspiration autobiographique, de Fatima Daas, publié en 2020.
L’acteur de 48 ans Wagner Moura, l’un des visages les plus connus du cinéma brésilien grâce à ses collaborations internationales, notamment la série Narcos sur Netflix, dans laquelle il campait le trafiquant de drogue colombien Pablo Escobar, a été récompensé du Prix d’interprétation masculine. Dans L’Agent secret, son premier film tourné au Brésil depuis 2012, Wagner Moura campe un professeur traqué pour de mystérieuses raisons en pleine dictature militaire.
Le Grand Prix a été remporté par le Norvégien Joachim Trier pour Valeur sentimentale. Cinéastes déjà parmi les plus primés de l’histoire de Cannes, avec deux Palmes d’or, les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne sont repartis avec un nouveau trophée, le Prix du scénario, pour Jeunes mères. Ils l’obtiennent pour la deuxième fois de leur carrière, après Le Silence de Lorna (2008).
Le Franco-Espagnol Oliver Laxe a reçu ex æquo le prix du jury pour Sirat, plongée captivante dans une rave-party hallucinatoire et apocalyptique au pays de Mad Max, avec Sergi Lopez. Il le partage avec la réalisatrice allemande Mascha Schilinski, qui explore cent ans de traumas familiaux à travers le destin de quatre femmes dans Sound of Falling.
Auteur/Autrice
-
Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
Voir toutes les publications