L’accueil des étudiants internationaux est l’un des piliers de « Bienvenue en France ». La stratégie nationale d’attractivité de l’enseignement supérieur mise en place par Edouard Phillipe, alors Premier ministre, avait comme ambition d’accueillir 500 000 étudiants non-Français. 6 ans plus tard, la loi immigration, qui contient un volet dédié aux étudiants, remet en cause le programme, ses objectifs, une situation sur laquelle alerte Campus France, l’établissement public chargé de promouvoir l’enseignement supérieur tricolore à l’étranger.
Faire rayonner l’enseignement supérieur français
Le Label Bienvenue en France a été créé afin d’encourager les bonnes pratiques au sein des établissements d’enseignement supérieur et de garantir les meilleures conditions d’accueil possibles pour les étudiants internationaux. Il garde pour objectif d’attester de la qualité de l’accueil des établissements et de leurs dispositifs, d’accompagner les étudiants internationaux et de faire rayonner l’enseignement supérieur français. Ce dispositif a été mis en place alors que nos universités et autres grandes écoles perdaient en attractivité et dégringolaient dans les classements internationaux. Son objectif est de contrer ce mouvement.
Pour cela, dans le cadre de la première version du Label (2019-2023), 151 établissements ont été ainsi labellisés à l’issue de 13 commissions de labellisation de 2019 à 2023. 65% des étudiants internationaux en séjour d’études en France sont inscrits dans un établissement labellisée Bienvenue en France (11% des établissements sont labellisés au niveau 1, 67% au niveau 2 et 22% au niveau 3). Le premier bilan du Label Bienvenue en France détaille, pour chaque champ et indicateur, les niveaux atteints avec des exemples de pratiques exemplaires.
L’ensemble est confié à Campus France. Cette agence accompagne les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche français dans leur stratégie de développement à l’international. L’offre de formation des établissements français est mise en valeur par plusieurs outils et actions de Campus France :
Sur le site de Campus France, vous pourrez retrouver moultes informations grâce aux fiches sur les diplômes, domaines, établissements ou l’accueil.
Vous y trouverez aussi les catalogues en ligne où sont répertoriés les licences, les masters et les doctorats, et les formations dispensées en anglais en France.
Enfin, vous pouvez aller à la rencontre de l’agence directement lors des manifestations organisées en France et à l’étranger en collaboration avec les espaces Campus France implantés à l’étranger.
Une formation qui coûte cher
Mais au-delà de la qualité d’accueil, c’est le coût de l’enseignement supérieur en France pour les non-européens qui est monté du doigt.
Une situation qui est née en 2018 car alors qu’Édouard Philippe annonçait la stratégie «Bienvenue en France» pour attirer plus d’étudiants étrangers, l’administration multipliait par 16 les frais de scolarité des étudiants ressortissants de pays hors Union européenne. Une contre-productivité de la stratégie «Bienvenue en France» qui a eu des conséquences immédiates. Ainsi, le nombre d’étudiants étrangers sur les campus à la rentrée 2020-2021 a baissé de 25 % par rapport à celle de l’année précédente (hors phénomène Covid).
Certes, aujourd’hui, le nombre des étudiants étrangers qui choisissent la France pour suivre des études est à la hausse après une période de récession. D’après Campus France, cette augmentation, de l’ordre de 8 % entre 2021 et 2022, est liée principalement à la reprise des mobilités d’échange (+46 %) via Erasmus+, mais aussi au développement de la mobilité diplômante (+ 6 %). Par ailleurs, si la France maintient sa position de 6e place mondiale de pays d’attraction des étudiants en mobilité internationale, c’est en grande partie grâce aux étudiants originaires de l’Afrique subsaharienne, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ces derniers représentent plus de 50 % des étudiants étrangers inscrits en France (Campus France, 2023).
Une caution retour ?
Avant la loi immigration votée en décembre, dont on attend toujours les décrets d’application, il fallait pour obtenir un visa pour faire ses études en France que les jeunes attestent du blocage de plus de 7 000 euros, justifiant leur disposition à couvrir leurs frais de séjour en France.
Avec le nouveau dispositif, il leur sera aussi exigé une « caution de retour » pour obtenir un titre de séjour. Celle-ci ne pourra être débloquée qu’à leur retour dans leurs pays ou en cas de « changement de statut ». Pour beaucoup de professionnels, c’est une mesure discriminatoire qui alourdira davantage les coûts déjà importants que concèdent ces jeunes pour accéder aux études en France.
Le gouvernement français se retranche derrière l’exemple allemand. Mais au pays de Goethe, si les étudiants étrangers doivent y justifier d’un compte bloqué à 11 208 euros par an minimum pour obtenir un visa d’études, ils peuvent en être exemptés si une personne résidant dans le pays accepte d’être leur garant via une déclaration de prise en charge. Le coût des études est en outre assez faible en Allemagne, de nombreux cursus y étant entièrement gratuits, y compris pour les étrangers.
En France, en revanche, depuis 2019, les étudiants étrangers paient des frais d’inscription aux cursus publics plus élevés – 2 770 euros pour une licence et 3 770 pour un master – que les Français ou les Européens, qui déboursent, eux, 170 et 243 euros. La réglementation actuelle dispose également qu’un étudiant extracommunautaire doit justifier de 615 euros par mois minimum – soit plus de 7 000 euros par an – pour pouvoir prétendre à un visa. Des exceptions existent néanmoins et cette somme n’est pas une « caution » : un courrier bancaire attestant de l’existence de cette somme doit être transmis aux autorités françaises. Mais l’argent n’est pas bloqué et l’étudiant peut en disposer à sa guise.
Marche arrière ?
L’exécutif est bien conscient de la contradiction qui existe entre ses objectifs et cette loi. Il a ainsi commencé à faire marche arrière dès les derniers jours du mois de décembre. Emmanuel Macron a ainsi estimé, mercredi 20 décembre, que l’idée de caution, visant à financer une « mesure d’éloignement » après la fin des études et du titre de séjour, n’était «pas une bonne idée».
Élisabeth Borne, encore alors Première ministre, avait, de son côté, indiqué que cette mesure pourrait être « revue ». Une position que partage Gabriel Attal, son successeur.
Pour rappel, la France a accueilli, en 2022-2023, 402 833 étudiants internationaux, le gouvernement s’étant fixé comme objectif d’atteindre le chiffre de 500 000 étudiants étrangers en 2027. Selon Campus France, leur apport net annuel est de 1,3 milliard d’euros.