La dépendance de l’industrie européenne aux composants électroniques venus d’Asie la rend « vulnérable », a regretté lundi le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, au moment où la pénurie mondiale de semiconducteurs met à l’arrêt de nombreuses usines automobiles.
« Notre dépendance vis-à-vis de l’Asie est excessive et inacceptable (…) elle nous rend vulnérables », a déclaré le ministre lors d’un point-presse à l’issue d’un échange avec le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton. Il a notamment prévenu que l’Europe et la France devaient « veiller à éviter le rachat d’entreprises stratégiques » par des concurrents étrangers. « Il y a un certain nombre de projets de rachat, sur lesquels nous ne sommes pas favorables », a-t-il insisté. Il n’a pas cité les projets auxquels il faisait allusion, mais au moins deux acquisitions dans le secteur des semiconducteurs sont en cours en Europe.
Droit à la concurrence
L’américain Nvidia est en passe d’avaler le britannique ARM, tandis que le taïwanais GlobalWafers a conclu un accord en décembre pour acquérir son concurrent allemand Siltronic. Ces deux opérations sont encore suspendues au feu vert de plusieurs autorités de la concurrence. Bruno Le Maire a mis en avant « soit le droit de la concurrence, soit les textes qui existent au niveau européen ou au niveau national sur les investissements étrangers » pour éviter de tels rachats.
Il propose aussi que l’Union européenne adopte « dès cette année » un nouveau projet important d’intérêt européen commun (PIEC) dédié à l’électronique, à l’image de celui conclu sur les batteries électriques. « La France a déjà identifié 18 projets » qui pourraient être « éligibles » à ce projet, a indiqué Bruno Le Maire.
Secteur automobile
Selon lui, cet enjeu devient d’autant plus urgent avec la pénurie de semi-conducteurs qui touche le monde actuellement et pénalise notamment le secteur automobile. En Allemagne, la production automobile a ainsi baissé de 23% en janvier 2021 notamment en raison de jours de chômage partiel dans des usines en lien avec cette pénurie. Aux États-Unis, General Motors et Ford ont déjà dû suspendre la production dans plusieurs usines et prévenu que cela devrait leur coûter plusieurs milliards de dollars.
Le président américain Joe Biden a indiqué que son administration envisageait d’intervenir pour débloquer les chaînes d’approvisionnement, par exemple en développant une production aux Etats-Unis ou via un renforcement de la « coopération » avec ses partenaires. La France a de son côté lancé une cellule de crise sur le sujet qui réunit les filières électronique et automobile. L’objectif dans cette situation d’ »urgence » est « d’avoir une meilleure allocation des composants », a expliqué lundi Bruno Le Maire.
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