Les eurodéputés ont très largement, 621 voix pour, 49 contre et 13 abstentions, voté pour l’accord sur le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne . Le Brexit est désormais inévitable, il sera officiellement actif dès le 31 janvier, même si de nombreuses questions restent en suspens, notamment pour les 300 000 Français résidant dans le pays, dont la moitié enregistrés sur les listes consulaires.
Jusqu’au 31 décembre, date limite annoncée pour les négociations post-Brexit, rien ne devrait fondamentalement changer. Les Français pourront librement continuer à s’installer au Royaume-Uni. Il est en revanche très vivement recommandé de demander le « settled status », statut de résident permanent qui évitera à l’avenir toute complication éventuelle. Le Royaume-Uni, en effet, sera libre de rendre plus complexe à l’avenir la possibilité pour les citoyens de l’UE de s’y installer.
Les résidents de longue date, comme Florence et Melissa présentes à Londres depuis le début des années 2000, ont souvent fait le choix plus radical encore d’acquérir la nationalité britannique. Pour les enfants nés sur le sol britannique, c’est également possible sous certaines conditions .
Quid de l’Ecosse ?
Pour les 6 000 Français inscrits en Ecosse au consulat, et ceux qui ne le sont pas, les conséquences pourraient être différentes. Le gouvernement régional indépendantiste du Scottish National Party (SNP) exige en effet un nouveau référendum sur l’indépendance et annonce qu’en cas de succès, la demande pour une réintégration dans l’Union européenne sera une priorité.
« Ce n’est qu’un au revoir » a d’ailleurs estimé Christian Allard, député européen d’origine française du SNP à l’occasion du vote au Parlement européen.
Dans tout le Royaume, les étrangers font part de leur inquiétude. L’organisation « the 3 million » s’est d’ailleurs structurée en ce sens. Les 3 millions d’européens installés font notamment part de leur inquiétude quant à une évolution possible dans le futur de leur statut. Au-delà de ces préoccupations, de nombreuses interrogations demeurent.
Erasmus en danger ?
Parmi les nombreuses interrogations, celle du programme Erasmus + et de son avenir au Royaume-Uni. Le programme, une des plus éclatantes réussites de l’UE, existe dans toute l’Union européenne mais pas seulement : Norvège, Serbie, Turquie en bénéficient également. Pour autant, la participation d’un pays non-membre de l’Union européenne n’est pas automatique et dans un vote du 8 janvier, les membres de la Chambre des communes ont décidé que son renouvellement, et les négociations attenantes avec l’Union européenne, n’était pas prioritaire. Cela ne signifie pas pour autant qu’il sera impossible à l’avenir pour les jeunes Français, ils étaient 4500 en 2018, de revivre l’auberge espagnole dans les rues de Londres ou d’Edimbourg, mais ce n’est absolument pas certain. Les jeunes étudiants européens bénéficieront des mêmes droits jusqu’au 31 décembre, mais ensuite ?
D’importantes conséquences économiques pour l’Union européenne aussi
Avec 513 millions d’habitants en 2019, 3ème zone la plus peuplée au monde, l’Union européenne perd 13% de sa population et passe à 447 millions d’habitants. Elle ne perd en revanche que 5% de sa superficie.
Elle perd 15% de son PIB et des fleurons industriels comme BP, Shell, l’assureur Prudential, le réseau de supermarchés Tesco, le motoriste Rolls-Royce, le géant des télécommunications Vodafone, ou encore Unilever. Elle perd enfin la première place financière au monde : la City de Londres. Les conséquences de cette sortie de la City sont encore floues : Francfort devient la première place de l’UE et beaucoup d’établissements financiers ont annoncé le déplacement d’une partie de leurs actifs et de leur personnel vers le continent, afin de ne pas perdre le fameux « passeport » qui permet de continuer à procéder à des activités au sein de l’UE, mais il est à ce stade impossible de déterminer les conséquences à long terme du Brexit pour la place de Londres.
« L’ambiance est étrange mais pas à la panique, les salariés de la City attendent tout simplement de voir » témoigne Fabrice, Français installé à Londres de longue date et qui y travaille pour une banque française.
Ainsi il n’existe qu’une seule certitude : le Brexit est acté.
Tout le reste, concernant les programmes d’échanges étudiants, la situation des Français sur place, celle de ceux qui souhaitent emménager au Royaume-Uni, ceux qui résident en Ecosse, ceux qui ont un travail à la City, est incertain. L’Union européenne et le Royaume-Uni se sont donné jusqu’au 31 décembre pour régler si ce n’est l’ensemble en tout cas la majorité des situations. Mission impossible ?
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