Le nouveau Premier ministre britannique s’accroche à un « no deal » le 31 octobre. Un avis qui n’impressionne pas les Européens.
Quel début de mandat ! Comme on pouvait s’y attendre compte tenu de la personnalité et des positions de Boris Johnson, il est rentré dans le vif du sujet immédiatement et s’impose comme le chantre du Brexit . Figure emblématique de la campagne pour le Brexit en 2016, il n’a cessé depuis trois ans de critiquer les efforts de Theresa May pour obtenir une sortie raisonnée et négociée du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Après avoir refusé le poste, au lendemain du référendum et avoir laissé May se consumer à la tête du gouvernement, « BoJo » a fini par s’installer à Downing Street. Au pied du symbole du pouvoir britannique, le nouveau Premier ministre a répété avec superbe que son pays sortira quoi qu’il arrive de l’UE le 31 octobre.
« No ifs, not buts » (pas de si ni de mais) a-t-il marte
Jeudi, le nouveau chef des conservateurs ne s’était montré pas moins exharbé devant les députés en affirmant que les termes de l’accord de retrait sont « inacceptables pour ce gouvernement et ce pays ».
Un gouvernement de « hard-brexiters »
Au terme de ce que la presse anglaise a qualifié de « nuit des longs couteaux », Johnson a constitué entre mercredi et jeudi une équipe gouvernementale en forme de commando, peuplée de tout ce que le royaume compte de « hard-brexiters » les plus en vue, doublés d’ultra-conservateurs sur le plan sociétal.
« Nous devons tous être prêts pour tous les scénarios » – Michel Barnier – Négociateur Brexit de l’UE
Les réactions sur le continent ne se sont pas fait attendre.
La demande de réouverture de négociations d’un nouvel accord a été jugée « inacceptable » par Michel Barnier . En reprenant sciemment le même mot que Boris Johnson, le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit lui oppose donc une très sèche fin de non-recevoir. « Nous devons tous être prêts pour tous les scénarios », martèle le négociateur français. Sous entendu : y compris le « no deal ».
Il semble avoir pris la décision délibérée de placer le Royaume-Uni sur la voie d’un choc frontal avec l’Union européenne » – Simon Coveney – Ministre des affaires étrangères irlandais
« Aucun partenaire européen n’a été particulièrement surpris »
A ce jour, aucune capitale des 27 n’a tendu la main au nouveau Premier ministre britannique. « Il semble avoir pris la décision délibérée de placer le Royaume-Uni sur la voie d’un choc frontal avec l’Union européenne », a au contraire réagi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney. « Il a fait des déclarations qui concordent avec ce qu’il affichait, aucun partenaire européen n’a été particulièrement surpris », commente-t-on, presque blasé, dans l’entourage d’Emmanuel Macron.
Lors d’un premier entretien par téléphone jeudi soir, le président français a félicité avec une pointe d’humour Boris Johnson pour sa nomination et s’est « réjoui » de leur coopération « sur les sujets bilatéraux, européens et internationaux. »
Invité par Macron
Invité par Macron à venir en France « dans les toutes prochaines semaines », le numéro un britannique pourrait éventuellement profiter — comme d’autres chefs d’Etats — du sommet du G7 à Biarritz pour faire au préalable un crochet par Paris, à moins qu’il ne rende visite à Emmanuel Macron à Brégançon.
Il faut cependant que le Premier Ministre Britannique, qui s’est dit « surpris » que son arrivée n’ait pas provoqué de geste d’ouverture de la part des partenaires européens, réalise que la position des Européens n’était pas une posture par rapport à la négociation et que les européens ont dit ce que ils pensaient à travers leur négociatueur Michel Bernier.