À l’orée de l’été, les compagnies aériennes constatent une « forte demande » de voyages, avec un trafic dépassant largement les niveaux de 2019, sur fond de dynamisme des liaisons internationales, a indiqué la semaine dernière la principale organisation mondiale. Le trafic, mesuré en passagers-kilomètres payants (RPK, son sigle en anglais), a crû de 10,7 % sur un an en mai, a précisé l’Association internationale du transport aérien (Iata) dans un communiqué. Mais les professionnels sont confrontés à deux écueils majeurs. Tout d’abord, les retards de livraison d’avion qui entravent la croissance et le manque de carburant d’aviation durable qui freine la réduction des émissions de CO2. On fait le point pour les Français de l’étranger sur l’avenir du trafic aérien mondial.
Une demande en croissance
Le transport aérien n’a plus de problème de demande, en effet, le trafic mondial devrait approcher les 5 milliards de passagers cette année.
Dès le mois de mai 2023, l’activité avait atteint 96,1 % des niveaux du même mois de 2019. Le début de la saison d’été de l’Iata, cruciale pour les recettes des compagnies aériennes, s’inscrit donc en nette progression par rapport à celle de la dernière année avant le Covid-19, dont la pandémie avait provoqué l’évaporation de près des deux tiers du trafic aérien mondial en 2020.
Les professionnels estiment qu’en général, l’année 2024 « sera très bonne d’un point de vue financier pour les compagnies », comme 2023, car leurs clients consentent à acquitter des prix toujours élevés, même si ceux-ci se sont repliés depuis le pic de 2022. Mais pour le sous-traitant, AlixPartners, il faut se méfier d’un effet d’optique : selon la société, entre 2019 et 2023, les tarifs des vols intérieurs aux États-Unis « ont augmenté de 9 %. Sur l’intra-européen, de 12 %, et sur le transatlantique de 14 %. Mais globalement, c’est plus faible que l’inflation », même si les passagers ne le ressentent pas ainsi.
L’enjeu climatique
Les compagnies, qui étaient présentes au rendez-vous de l’Iata de Dubaï de la semaine dernière, ont évoqué les difficultés de leur secteur, à la fois mondialisé mais aussi tributaire de circonstances locales : les conflits qui affectent la demande de voyages et les plans de vol, les problèmes de production et de qualité de Boeing, l’irruption de l’intelligence artificielle ou la lutte contre le changement climatique.
Aussi, si le transport aérien émet moins de 3 % du CO2 mondial, il est montré du doigt, car seule une petite minorité l’emprunte. Et ses effets sur le réchauffement sont vraisemblablement supérieurs, car il produit aussi des oxydes d’azote et des traînées de condensation.
L’Iata s’est engagée en 2021 à parvenir à « zéro émission nette » à l’horizon 2050, comptant principalement sur des carburants d’origine non fossile dont les filières de production se mettent lentement en place. Plusieurs événements récents sont venus rappeler les conséquences du bouleversement climatique pour l’aérien : les pistes des aéroports de Dubaï et Porto Alegre au Brésil ont été inondées après des pluies exceptionnelles. Et des turbulences en plein vol – amenées à être plus fréquentes à cause du réchauffement selon des études scientifiques – ont touché en l’espace d’une semaine deux gros-porteurs, faisant un mort et une centaine de blessés au total.
Livraisons en retard
On l’a vu, la progression de la fréquentation semble importante, mais elle intervient alors que les compagnies aériennes peinent à augmenter leurs capacités.
Celles-ci n’ont crû que de 8,5 % sur un an, dans un contexte de retards de livraisons d’avions et de disponibilités d’appareils réduites en raison de difficultés d’approvisionnement et de pénuries de main-d’œuvre. Conséquence, les avions n’ont jamais été aussi pleins lors d’un mois de mai, avec un taux de remplissage de 83,4 %, selon l’Iata – ce qui devrait améliorer la rentabilité opérationnelle des compagnies.
Concernant les retards de livraisons d’appareils, il y a un sujet aigu chez Boeing, mais également chez Airbus avec des problèmes de qualité sur certains moteurs ; et une chaîne d’approvisionnement toujours grippée, qui affecte la disponibilité des pièces et nourrit la hausse des coûts.
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