Black out à Caracas. Bientôt la lumière.

Black out à Caracas. Bientôt la lumière.

Staline avait lancé le slogan : « le communisme, c’est les soviets et l’électricité ». Le Socialisme du 21èmesiècle de Maduro, c’est la milice populaire et la panne. Plus d’électricité. Depuis cinq jours. Aucun pays au monde n’a connu une telle panne. Pas de téléphone, aucune télévision, aucune ampoule. Pas de transport. Les hôpitaux en crise. Les Vénézuéliens se précipitent sur des bornes solaires.

Madurose défausse, comme d’habitude, sur « la faute aux Américains », mais personne ne le croit. Il accuse les saboteurs à la télé, mais personne ne l’entend. Pour cause : plus de télé. Seules les agences de presse russe colportent gravement ses accusations. La panne d’électricité, dans ce pays pétrolier, s’explique plus simplement par l’incurie, l’incompétence, la corruption du régime. Les Vénézuéliens ont l’habitude des pannes : 16.000 coupures l’an dernier.

Mais jamais si longtemps. Du temps de Chavez encore, Le Venezuela se voulait un modèle en matière d’énergie électrique, dispensant ses bienfaits aux pays frères -Cuba, Nicaragua, Honduras, Bolivie- à travers Petrocaribe, ses ingénieurs et ses centrales électriques.

Depuis quelques années déjà, les coupures sont devenues de plus en plus fréquentes, au fur et à mesure de la baisse de la production de pétrole, de la corruption qui détournait les investissements dans le réseau, de la fuite des compétences. L’ «urgence électrique » avait été déclarée par Chavez dés 2009. 80% de l’électricité du pays est fournie par la centrale hydroélectrique de Guri. Elle est gérée, comme le reste du pays, par des militaires. Comme toute l’énergie.

Au quatrième jour de la coupure totale de l’électricité, pendant que Maduro accusait les Etats-Unis, Juan Gaïdo faisait voter par le Parlement rebelle « l’état d’alerte » et en appelait à l’aide internationale. L’état d’alerte a l’avantage pour Juan Gaïdo d’autoriser le recours à l’aide humanitaire. Or le gouvernement Maduro a bloqué à la frontière 250 tonnes d’aide alimentaire et de médicaments, offerts par les pays de l’OEA, dont les Etats-Unis. Insupportable pour Maduro. Mais de moins en moins supportable pour la population : après l’énergie, l’eau commence à manquer. Le gouvernement -l’armée et la police- organisent des distributions d’eau dans les rues.

Outre l’incompétence, on peut donc se demander si la coupure de l’électricité n’est pas en partie volontaire. Mais les responsables n’en seraient ni les Américains, ni l’opposition. Ils n’en ont pas les moyens.  Elle signifierait plutôt qu’une partie de l’armée, discrètement, fait le choix du chaos plutôt que de la confrontation avec le Parlement. En gros, certains, parmi les militaires, commencent à lâcher Maduro en le fragilisant, mais sans le dire.

Juan Gaïdo lance des appels à manifester et demande l’arrêt des livraisons de pétrole à Cuba, qui proteste. Que ferait Cuba sans ses 90.000 barils jours ? Maduro demande à ses partisans de résister, notamment aux milices populaires. Les Etats-Unis retirent leur personnel diplomatique, et la population cherche des provisions qu’elle paie … en dollars.

L’Ambassade de France a confirmé la paralysie des transports, aéroports et hôpitaux. Elle recommande de limiter tout déplacement dans le pays et d’annuler ou reporter les voyages prévus à destination du pays. Elle recommande aux Français sur place de constituer des stocks d’approvisionnement. Des pillages ont déjà été signalés à Caracas et dans d’autres villes.

Dés le 21 janvier, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Espagne et 15 autres pays européens, « considérant que Nicolas Maduro avait refusé de lancer un processus électoral libre et transparent », ont reconnu Juan Gaïdo comme Président de la République par intérim, en attendant des élections présidentielles libres. La Démocratie, pour parodier Staline, au Venezuela, ce serait « les élections et l’électricité ».

 

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