Au delà de la valse des chiffres

PIB en chute

Avec la crise du coronavirus, la valse des chiffres économiques et financiers est de mise. En quelques jours, le déficit budgétaire est passé de 2 à 4, puis à 6, pour atteindre 9 %. Le recul du PIB s’est accéléré également pour atteindre 8 % contre 3 % il y a quelques jours. Avec une baisse de l’activité de 30 à 40 % et plus de 8 millions de Français en chômage partiel, ces chiffres sont assez logiques mais ne sont qu’une projection réalisée au milieu du mois d’avril. La suite de l’histoire dépendra de chacun d’entre-nous, des modalités du déconfinement et de la reprise.

Aujourd’hui, plus qu’ailleurs, les Français s’en remettent, à l’État tout en étant extrêmement défiants à son égard. L’effort consenti par les pouvoirs publics pour atténuer économiquement et socialement la crise est important, près de 5 % du PIB, pour un pays déjà très endetté. Les dépenses publiques devraient atteindre 60,9 % du PIB en France, un record absolu au sein de l’OCDE.

Cette socialisation de la création de valeur est l’expression d’une situation exceptionnelle, propre aux temps de guerre, de crise. Sa décrue passera par une augmentation de la production de biens et de services avec un reflux des dépenses d’assistance.

De nombreuses années pour sortir de la crise

Certains estiment que la situation de la France se rapproche de celle de 1945. Elle n’est pas assimilable dans les faits. À l’époque, des villes entières comme le Havre furent rasées et les capacités de production du pays en grande partie détruites. Le nombre de morts se compta en centaines de milliers. La France ne sortit réellement de l’économie de guerre que le 1er décembre 1949 avec la fin du rationnement alimentaire. La reconstruction exigea des efforts très importants. Le temps de travail annuel des salariés dépassait alors 2000 heures contre 1600 en 2018. Jusqu’en 1962, la France dépendit financièrement des subsides de Washington. Les stigmates matériels de la guerre ne furent réellement effacés que dans les années 1970, soit plus de 25 ans après la fin de la guerre.

Nul ne souhaite que, une fois de plus, une génération soit nécessaire pour venir à bout des conséquences de l’épidémie du coronavirus. Nul ne souhaite que nous transmettions à nos enfants et petits-enfants le coût cette crise. Certains estiment qu’à la sortie de la crise, un nouveau monde sera possible, que les règles d’antan n’auront plus cours. D’autres pensent que les dettes pourront être annulées. Les crises sont des révélateurs de la santé des sociétés, de leurs capacités de résilience et de rebond. Depuis plusieurs années, le doute à l’encontre du progrès voire le rejet du travail minent les pays dits avancés.

La compétition avec la Chine, la mondialisation, le digital ne sont pas perçus comme des défis, mais comme des menaces ou des plaies. La crise actuelle peut accentuer cette tendance et accélérer le recul de l’Occident sur fond de repli sur soi ou, au contraire, marquer un point de rupture et un « retour vers le futur » avec l’affirmation de ses valeurs.

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