Assemblée parlementaire de la Francophonie : les 50 ans

Assemblée parlementaire de la Francophonie : les 50 ans

Amélia Lakrafi, députée des Français de la Xème circonscription des Français de l’étranger, avait la lourde tâche, en tant que Déléguée générale de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF), d’organiser la cinquantième session pépinière de l’institution. Du 09 au 13 juillet 2025, les 95 Parlements ou organisations interparlementaires des cinq continents, pour 348 millions de locuteurs, se sont réunis à Paris.

Cette session fut la première pour quatre nouveaux membres : le Ghana, Sao Tomé-et-Principe, le Landtag de Sarre et l’Assemblée parlementaire de la Commission de l’océan Indien.

Une paternité prestigieuse : Léopold Sédar

Née en 1967, sous l’impulsion de Léopold Sédar Senghor, ancien président de la République du Sénégal et premier Africain à avoir siégé à l’Académie française, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie fédère 95 adhérents issus de parlements ou d’organisations interparlementaires pour promouvoir la langue française et échanger sur des thématiques politiques. Le travail parlementaire de l’institution s’effectue dans quatre commissions relatives aux affaires économiques, parlementaires, à l’éducation et à la culture, à la politique. Le réseau des femmes parlementaires et le réseau des jeunes parlementaires viennent compléter ces instances.

Réunion du bureau de l'AFP le 09 juillet 2025 ©AFP
Réunion du bureau de l'AFP le 09 juillet 2025 ©AFP

Au cours de cette 50e session, les délégués réunis donc en plusieurs commissions, doivent échanger autour de la participation des femmes à la vie politique, le renforcement des capacités parlementaires et la coopération parlementaire ou encore la résilience de l’agriculture face aux changements climatiques. Il sera également question d’interroger la situation de la démocratie et les crises politiques dans l’espace francophone.

Renouer avec l’Afrique

Depuis 2022, la présence militaire française en Afrique est largement remise en cause. Après des décennies de présence et d’interventions militaires, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Sénégal et la Côte d’Ivoire ont réclamé le départ des forces françaises. Ce sommet de la Francophonie fut donc l’occasion de réengager des relations avec ces pays où du moins de tenter de préserver les liens encore existants sur le continent africain.

Rencontre entre Emmanuel Macron, la présidente de l'Assemblée nationale et les parlementaires de l'APF - le 11 juillet 2025 ©Côte d'Ivoire.
Rencontre entre Emmanuel Macron, la présidente de l'Assemblée nationale et les parlementaires de l'APF - le 11 juillet 2025 ©Côte d'Ivoire.

Lors d’une rencontre à l’Institut de France, sous la Coupole de l’Académie française, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a appelé à préserver les partenariats en Afrique.

« Nous sommes dans l’attente des pays africains pour de nouveaux partenariats. C’est aussi le rôle de la Francophonie que d’évoluer et d’inventer de nouveaux partenariats. Il faut réactiver le désir en Afrique »

Tandis que du côté du Sénat, Gérard Larcher se voulait rassurant quant à l’amitié entre la France et l’Afrique.

« De nombreux présidents africains sont présents avec nous », souligne-t-il. « Cela montre qu’il y a un désir de partager le français et de ne pas se réduire à des relations nord sud, mais plutôt de conjuguer ces deux relations »

Vecteur de paix ?

Les parlementaires de la Francophonie se sont aussi exprimés sur un conflit majeur qui voit s’affronter deux pays francophones : le Rwanda et la République démocratique du Congo. Les élus soutiennent « l’accord de paix signé à Washington ainsi que la médiation engagée par la République togolaise au nom de l’Union africaine » et condamnent aussi « les incursions militaires et les groupes armés » sans pour autant nommer le Rwanda.  C’était le cas déjà de la résolution adoptée par les chefs d’État de la francophonie en octobre dernier. Dans le communiqué final, on retrouvait uniquement les mentions : « Soutien extérieur » ou « Intervention militaire étrangère ». S’exprimant à la tribune, dimanche, le président de l’Assemblée nationale congolaise a lui bien mentionné le rôle du voisin dans le conflit à l’est. « La RDC et le Rwanda sont condamnés à vivre en bonne entente », a déclaré Vital Kamerhe ajoutant que « la RDC est prête à faire la paix et à pardonner sans renoncer à la justice et à la réparation ».

 

Rencontre entre Emmanuel Macron, la présidente de l'Assemblée nationale et les parlementaires de l'APF - le 11 juillet 2025 ©AFP
Rencontre entre Emmanuel Macron, la présidente de l'Assemblée nationale et les parlementaires de l'APF - le 11 juillet 2025 ©AFP

Mais au-delà des conflits, L’APF a voulu mettre en place à destination des parlements membres un écosystème pour lutter contre la désinformation. Amélia Lakrafi a détaillé, d’ailleurs, le dispositif qui s’articule autour d’experts missionnés pour sensibiliser et former les parlementaires comme les fonctionnaires. Les missionnés accompagneront les parlements dans l’adoption de lois, en les aidant à les rédiger puis à les adapter aux réalités de chaque pays.

« L’un des sujets les plus importants reste aussi la protection des lanceurs d’alerte »

L’Assemblée par ses réformes ne cache pas sa volonté de devenir un acteur qui compte sur l’échiquier mondial.

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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