Construite à Alger entre 1858 et 1872, la basilique Notre-Dame d’Afrique, dont le nom a été choisi par Mgr Lavigerie en rapport avec l’existence d’un sanctuaire dédié à Sainte Marie d’Afrique dans la ville espagnole de Ceuta, a célébré ses 150 ans.
Une basilique catholique
La basilique Notre-Dame-d’Afrique est l’une des basiliques mineures de l’Église catholique. Elle est située dans la commune de Bologhine, à l’ouest d’Alger, sur un promontoire dominant la mer de 124 mètres d’altitude.
Elle a été construite par l’architecte Jean-Eugène Fromageau dans le style romano-byzantin, et consacrée le 2 juillet 1872. La basilique est classée sur la liste des biens culturels algériens comme monument historique depuis le 12 septembre 2012.
L’extérieur est caractérisé par un haut dôme, fixé sur un tambour cylindrique. Cette basilique a la particularité d’avoir l’abside au sud-ouest, plutôt qu’à l’est comme d’habitude.
Des religieuses décidées
Les Chrétiens ont connu en Afrique du Nord une grande et rapide extension, dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Ils furent à plusieurs reprises persécutés à mort par les fonctionnaires romains. Leur souvenir est parvenu jusqu’à nous et se retrouve en cette basilique. Il y eut parmi eux de grands penseurs dont le plus célèbre est Saint Augustin, évêque d’Hippone (Annaba). Il reste de cette époque, en Afrique du Nord, de nombreux vestiges : mosaïques, ruines d’églises, inscriptions.
Sous la pression musulmane, peu à peu, les Chrétiens disparurent. Pendant la période ottomane, du 17ème au 19ème siècle, des Chrétiens, surtout européens, étaient présents sur le littoral d’Afrique du Nord, comme consuls, commerçants, esclaves, prisonniers de guerre, ou religieux. Une vingtaine de ces derniers se succédèrent comme représentants de l’autorité de l’Église Catholique romaine auprès de ses fidèles.
Lors de la colonisation en 1830, la présence chrétienne reprit : Français, Espagnols, Italiens, Maltais, Mahonnais… si bien que le Pape Grégoire XVI, érigea le 9 août 1838 , pour toute l’Algérie, un évêché dans la ville d’Alger (ancien Icosium).
Le premier évêque nommé fut Antoine-Adolphe Dupuch. Il travailla à l’installation d’églises et de paroisses chrétiennes de 1838 à 1846. C’est lui qui acquit, grâce à la générosité de jeunes filles lyonnaises, une statue de bronze, nouvellement créée, sous le vocable de la Vierge Fidèle, qui allait devenir quelques années plus tard, Notre-Dame d’Afrique.
Succède à Mgr Dupuch en 1846, Mgr Louis-Antoine-Augustin Pavy (1846-1866). Il venait de Lyon où, prêtre de paroisse, il dirigeait spirituellement deux jeunes femmes : Margarita Bergesio (émigrée italienne qui francisa son nom en Agarithe Berger) et Anne Cinquin. Célibataires, elles s’occupaient d’œuvres caritatives et elles avaient l’habitude de fréquenter le pèlerinage lyonnais de Notre-Dame de Fourvière. Elles suivirent Mgr Pavy à Alger pour s’occuper de la lingerie et de l’infirmerie du séminaire établi dans la vallée des Consuls, où l’évêque avait sa résidence.
Les lieux sont très accidentés, adossés à la montagne de la Bouzareah et creusés de profonds ravins, avec une végétation de pins, de vieux oliviers et d’épineux. Dans leur piété, ces deux demoiselles installèrent une statuette de Marie dans le creux d’un vieil arbre, au fond du ravin tout proche. Très vite les chrétiens de St Eugène (Bologhine) y vinrent en pèlerinage. On appela ce lieu, tout naturellement, Notre-Dame du Ravin.
Mais cela ne suffisait pas à ces deux femmes, qui insistaient auprès de l’évêque pour qu’il construise une vraie église comme à Fourvière. Mgr Pavy hésitait par manque d’argent. Mais parce que « ce que femme veut, Dieu le veut », il prit sa décision le 8 décembre 1854, à l’occasion de la proclamation par le Pape Pie IX du dogme de l’Immaculée Conception de Marie. Très vite un comité fut mis en place, un architecte trouvé, un terrain bien situé, acquis. Un nom s’imposa : Notre-Dame d’Afrique, parce qu’on avait conscience qu’Alger s’ouvrait sur l’immense continent.