Aïd al-Adha : comment ne pas faire d'impair ?

Aïd al-Adha : comment ne pas faire d'impair ?

Dans quelques jours les musulmans du monde entier vont célébrer l’Aïd al-Adha. L’occasion pour les Français de l’étranger de se plonger dans la
Culture islamique afin de vivre en harmonie avec les nationaux de votre pays de résidence, alors que la laïcité n’est pas une valeur cardinale de la plupart des États. D’ailleurs, pour l’Aïd al-Adha, les règles ne sont pas forcément celles que vous avez croisées en France, ni même d’un pays à l’autre.

Abraham – Ibrahim

L’Aïd al-Adha, aussi appelé Aïd el-Kébir, commémore l’épisode du prophète Ibrahim (Abraham chez les juifs et les chrétiens), prêt à sacrifier son fils en
obéissance à Dieu, avant que celui-ci ne lui envoie un bélier.

Ce geste symbolise la foi, la soumission à la volonté divine et le partage. Aujourd’hui encore, les croyants perpétuent cette tradition en sacrifiant un mouton ou un autre animal autorisé, et en redistribuant une partie de la viande aux plus démunis.

Cette commémoration, ancrée dans la tradition islamique, incarne l’esprit de solidarité, de piété et de fraternité. Une fête profondément spirituelle qui unit les musulmans autour d’un même message, au-delà des
frontières.

Quelles traditions ?

L’Aïd el Adha, la fête du sacrifice, unit les musulmans à travers le monde dans la célébration de la foi, de la générosité et du partage. Mais celles-ci différent d’un pays à l’autre. On vous propose d’en découvrir quelques-une.

Mouton
sacrifice rituel d’un mouton au Maroc en 2024 ©AFP

Arabie Saoudite

L’Aïd coïncide avec les rituels du Hajj. La ville sainte de La Mecque devient le centre d’une célébration massive où des millions de musulmans
accomplissent le rituel du sacrifice et participent à des rites religieux intenses.

La journée commence par des prières collectives à la Grande
Mosquée de La Mecque, où des milliers de fidèles se rassemblent pour exprimer leur gratitude envers Allah. Ensuite les familles participent activement au rituel du sacrifice en sacrifiant des animaux tels que des moutons. La viande est ensuite partagée avec la famille, les amis et les personnes dans le besoin.

 

Les familles se réunissent dans des Majlis (assemblées) pour échanger des vœux et renforcer les liens familiaux.
Les tables saoudiennes débordent de plats traditionnels pendant l’Aïd.
Parmi eux, le « Kabsa », un plat de riz épicé garni de viande, est
incontournable. Le « Jareesh », un plat à base de blé concassé et de viande, est également apprécié pendant cette période.

Les pâtisseries jouent également un rôle central dans les festivités. Les Saoudiens préparent des gâteaux traditionnels tels que le « Ma’amoul », des biscuits fourrés de dattes, de noix ou de pistaches, pour partager avec leurs proches et leurs voisins.

 

L’Aïd el Adha en Arabie Saoudite est synonyme de générosité. Les familles offrent des cadeaux aux enfants, des vêtements aux nécessiteux, et partagent des repas copieux avec la communauté.
Cette tradition de générosité renforce les liens sociaux et spirituels.

Arabie Saoudite
Kaaba à Riyad en 2021 ©Stockadobe

Indonésie

La plus grande nation musulmane au monde, l’Aïd également appelé Hari
Raya Haji, est marqué par les prières collectives souvent organisées en plein air, rassemblant la communauté musulmane dans des endroits
spécialement aménagés.

Les maisons et les espaces publics sont souvent
décorés de manière festive avec des illuminations et des guirlandes
colorées. Après la prière, les familles contribuent souvent collectivement à l’achat des animaux qui sont ensuite sacrifiés.

Au cours de la journée des repas collectifs ( appelés Makan Bersama) sont organisées pour réunir les différents membres de la communautés autour
de plats spéciaux préparés pour l’occasion.
 
Voici quelques-uns des plats traditionnellement consommés lors de cette célébration :
Sate Kambing, Les brochettes d’agneau sont un plat populaire pendant l’Aïd en Indonésie. La viande d’agneau est marinée dans des épices
aromatiques, grillée à la perfection, et servie avec une sauce aux arachides.
 
Le Rendang Daging est un plat emblématique indonésien, surtout consommé lors de célébrations spéciales. Il s’agit d’un curry de bœuf cuit lentement dans une sauce épaisse et aromatique, composée de noix de coco, d’épices, et d’herbes.
 
Les Ketupat sont des paquets de riz gluant cuits dans une pochette de feuilles de palmier tressées. Ils sont souvent servis lors des célébrations de l’Aïd en Indonésie, accompagnés de plats de viande et de curry.
Les Kue Lebaran, ou gâteaux de l’Aïd, sont une partie incontournable des
célébrations en Indonésie. Ces délicieux gâteaux sucrés, souvent préparés avec des ingrédients tels que la noix de coco, la farine de riz, et le sucre,
sont partagés entre amis et la famille.
 
Ces plats reflètent la diversité culinaire de l’Indonésie et ajoutent une touche festive et savoureuse aux célébrations de l’Aïd el Adha.
Indonésie
Prière dans une mosquée à Jakarta (Indonésie) en 2022 ©AFP

Maroc

L’Aïd el Adha est une période de festivités familiales, de nombreux travailleurs retournent dans leurs familles pour participer à la fête et
retrouver leurs famille.

Du plus jeune au plus âgés, les marocains se retrouvent dans des endroits
spécialement aménagées pour la prière de l’AÎd dans chacune des villes du royaume.

Après les félicitations et invocations mutuelles, chaque famille se réunit
pour procéder au sacrifice d’un mouton. Chaque membre participe aux différentes étapes. La viande est ensuite découpée et distribuées aux voisins et nécessiteux après un délicieux petit déjeuner traditionnel. Les femmes préparent ensuite des brochettes de foi “boulfaf” qui seront grillées au charbon et des tagines à base de tripes longuement cuisinées, qui seront mangés plus tard dans la journée. Cette journée est marquée sous le signe de la convivialité, des visites dans de belles tenues traditionnelles et de nombreux cadeaux aux enfants.

Mais cette année, un changement de taille marque les esprits : les Marocains sont appelés à renoncer au sacrifice rituel. Le roi Mohammed VI a encouragé ses concitoyens à suspendre cette pratique, invoquant la crise économique et la baisse du cheptel due aux sécheresses répétées.

Une décision inédite, dictée par « les défis économiques et climatiques persistants ».

Aid el kebir

Turquie

La journée de l’Aïd en Turquie débute par les prières à la Mosquée Süleymaniye à Istanbul et dans d’autres lieux de culte à travers le pays.
 
Le rituel du sacrifice d’animaux, principalement des moutons, est une tradition profondément enracinée en Turquie pendant l’Aïd. Les familles partagent la viande avec les proches et les moins fortunés, perpétuant
ainsi l’esprit de générosité de cette fête.
 

Les Turcs célèbrent l’Aïd avec des défilés colorés, des événements culturels et des cérémonies religieuses et le Festin du « Kuzu Tandır » : Le
plat incontournable de l’Aïd en Turquie, un agneau entier cuit à la broche, lentement rôti jusqu’à ce qu’il atteigne une tendreté parfaite.

Les tables turques débordent aussi de pâtisseries sucrées pendant l’Aïd. Les « Baklava », délicieuses couches de pâte phyllo, de noix et de miel est l’un
des desserts incontournables partagés entre amis et la famille.

Dans la tradition Turque, les enfants reçoivent le « Bayram Şekeri », des sachets de bonbons et de friandises offerts par les adultes pendant l’Aïd. C’est une tradition qui apporte de la douceur aux festivités et qui fait briller les yeux des plus jeunes.

Sénégal

Au Sénégal, L’Aïd el Adha est souvent appelé « Tabaski ».
La journée
commence par des prières collectives dans les mosquées puis arrive le rituel du sacrifice d’un mouton, au cœur de la célébration.

Les familles préparent ce geste de générosité envers les proches et les nécessiteux, perpétuant ainsi la tradition d’Ibrahim. Repas Familiaux et Riz gras au Mouton : Les repas de l’Aïd au Sénégal sont festifs et riches en saveurs.

Le plat phare est souvent le Tiebou Yapp au mouton, offrant un festin qui réunit famille, voisins et amis autour de la table. Les visites entre familles et amis sont fréquentes pendant l’Aïd. Les Sénégalais partagent des repas et des desserts comme le « Thiakry », à base de mil, de yaourt et de sucre, ainsi que les « Mbahal » et « Dakhar », des douceurs sucrées partagées entre les convives.

Pakistan

La journée de l’Aïd au Pakistan débute par les prières matinales, souvent tenues dans des lieux publics ou des mosquées. Après les prières, les familles échangent des vœux chaleureux et se souhaitent mutuellement une joyeuse fête.
 
Le Qurbani ou le Sacrifice d’animaux, principalement des moutons, est une tradition centrale de l’Aïd au Pakistan. Les familles participent au rituel du sacrifice en honorant le geste d’Ibrahim, et la viande est ensuite partagée entre la famille, les amis et les personnes nécessiteuses.
 
Les visites familiales sont une part essentielle de l’Aïd au Pakistan. Les gens rendent visite à leurs proches, échangent des cadeaux et partagent des moments de joie. La générosité est particulièrement soulignée pendant cette période, avec des dons aux plus démunis.

Le repas de l’Aïd au Pakistan est souvent marqué par la dégustation du « Nihari ». Ce plat épicé, préparé avec de la viande lentement cuite dans des épices, est une spécialité prisée pendant la fête. Les tables sont également ornées de biryanis, kebabs et autres délices locaux.
 
Les familles offrent des sucreries, des desserts traditionnels comme le « Sheer Khurma » (un dessert au lait et aux vermicelles) et des gâteaux sucrés lors des visites. Avant l’Aïd, les marchés au Pakistan s’animent avec une frénésie d’activités. Les gens font du shopping pour des vêtements neufs, des cadeaux et des décorations, contribuant à une ambiance festive dans les quartiers et les centres commerciaux.
 
Aïd el Kebir au Pakistan est une célébration qui allie spiritualité, générosité et festins culinaires. Les traditions spécifiques du pays, tant dans les rituels religieux que dans les délices gastronomiques, font de cette fête une expérience riche en émotions et en partage.
Pakistan
Une famille prend un selfie alors qu’elle assiste à la prière de l’Aïd al-Adha à la mosquée Badshahi à Lahore, au Pakistan 22 août 2018. ©REUTERS

Auteur/Autrice

  • Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press

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