Selon le Washington Post, qui a révélé des documents internes à l’administration américaine, sous le nom d’ « Afghanistan papers », les Présidents Bush, Obama ont été mis au courant des échecs des projets américains pour la reconstruction du pays tout en les cachant « Nous étions dépourvus de la plus élémentaire compréhension de l’Afghanistan, nous n’avions pas la moindre idée de ce que nous entreprenions », a confessé le général Douglas Lute, chargé de superviser la guerre en Afghanistan.
L’agence créée par les Etats-Unis en charge de la reconstruction de l’Afghanistan a réalisé une enquête interne, interrogeant plus de 600 responsables. Ce sont ces documents auxquels aurait eu accès le Washington Post. Ils montrent que les Présidents, tout en étant au courant des échecs concernant la lutte contre la corruption ou la construction d’une armée afghane capable de faire face aux Talibans, ont continué à injecter des sommes considérables dans cette guerre, la plus longue de l’histoire américaine : 18 ans.
Quoiqu’informés, les Présidents ont toujours suivi l’avis des chefs militaires et des conseillers. On comprend mieux pourquoi certaines hésitations sont apparues, et comment Donald Trump en vient aujourd’hui à négocier avec … les Talibans.
Comment le mensonge a été maintenu, par le commandement militaire, les diplomates, les officiels, et, d’une certaine façon, par les medias ?
La réalité et la constance de ces mensonges, désormais révélés, expliquent la tendance de l’opinion publique américaine à se détourner de toute intervention à l’étranger. La puissance militaire américaine et les milliards de dollars, avec l’aide des ONG et de nombreux alliés, a failli.
C’est que la puissance ni l’argent ne suffisent pas.
Question annexe : pourquoi tant de personnes compétentes, intelligentes et dévouées à leur pays ont-elles occulté la réalité ? Cette question ne concerne pas que les Américains, les dirigeants ou l’Afghanistan. Il y a d’un coté l’intelligence collective, et en regard, l’aveuglement collectif.
Les Forces françaises sont intervenues de 2001 à 2012 en Afghanistan. La France a représenté la 4ème force d’intervention sur place. 50.000 militaires français ont été engagés au cours de ces années. 89 soldats ont été tués, plusieurs centaines ont été blessées.
Etait-il possible de ne pas participer à ce qui était la réponse aux attentats du 11 septembre ? Sans doute pas. On doit en revanche s’interroger sur les limites de la force, des aides, et l’implication des populations locales.
Le fait d’entretenir les mensonges et de masquer les échecs a contribué à entretenir les erreurs. La première victime, dans une guerre, c’est toujours la vérité.
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