AFE : ouverture de la 43ᵉ session plénière avec ou sans ministre ?

AFE : ouverture de la 43ᵉ session plénière avec ou sans ministre ?

C’est dans une ambiance particulière que s’est ouverte la 43ᵉ session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger. En effet, il est dorénavant de coutume que le/la ministre chargé(e ) des expatriés prononce le discours inaugural. Celui-ci ouvrant par la suite à un dialogue direct avec les 90 élus présents. Or, en raison de la situation politique en France, aucun membre du gouvernement n’était présent. Pourtant, Eléonore Caroit a été nommée dans l’équipe Lecornu 2 à cette fonction. Mais la passation des pouvoirs avec son prédécesseur, Laurent Saint-Marin, n’a pu se faire avant l’ouverture de l’AFE.

Alors, pour faire face à cette absence, c’est donc David Bertolotti, secrétaire général adjoint ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE), qui est venu répondre aux interrogations des conseillers de l’AFE. La plupart des élus ont tout de même voulu indirectement s’adresser à la nouvelle ministre en soulignant l’importance du prochain budget de l’Etat qui sera prochainement discuté. Alors, quels messages clés sont à retenir ? Lesfrancais.press vous propose un décryptage complet et un résumé des points les plus importants.

Une session plénière AFE contrainte par la situation politique ?

Du 13 au 17 octobre 2025, Paris accueille la 43e session plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger. Deux fois par an, le plus souvent en mars et en octobre, les 90 conseillers AFE élus pour six ans, issus des cinq continents, se réunissent pour adopter résolutions, motions et avis, et lancer des initiatives d’ampleur, comme des Assises de la protection sociale.

« Les circonstances politiques exceptionnelles ne doivent pas
nous empêcher d’avancer »

Hélène Degryse, Présidente de l’AFE

À l’ordre du jour de cette semaine figure, entre autres, la fiscalité des expatriés, l’avenir du réseau des écoles françaises à l’étranger du réseau de l’AEFE, la sécurité de nos ressortissants, le développement durable,…et également la remise des recommandations des Assises émises pour améliorer l’accès aux aides sociales, les bourses scolaires et à la Caisse des Français de l’étranger.

Avancer pour les expatriés dans un contexte incertain

Dans ce contexte particulier, Hélène Degryse, présidente de l’AFE, a ouvert les travaux de la 43e session plénière et indiqué d’emblée que « les circonstances politiques exceptionnelles ne doivent pas nous empêcher d’avancer ». L’élue des Pays-Bas a insisté sur les chantiers en cours, rappelant que « nul Français dans le monde ne doit se sentir isolé ».

De gauche à droite, David Bertolotti, secrétaire général adjoint ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, Hélène Degryse Présidente de l'AFE et Olivier-Antoine Reynes, secrétaire général de l'AFE

Dans le prolongement, David Bertolotti, secrétaire général adjoint du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, a pris la parole pour souligner « la continuité républicaine de l’État », justifiant ainsi sa présence devant les 90 élus. Il a déroulé son intervention autour des trois priorités portées par le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean‑Noël Barrot : la sécurité, la modernisation des services consulaires et le soutien à nos compatriotes les plus défavorisés.

Parmi ses annonces, on retiendra la prochaine reconduction de l’expérimentation dispensant de comparution les usagers lors du renouvellement des passeports. Celle‑ci concernera le Canada et le Portugal, déjà engagés dans la première phase, ainsi que l’Australie et l’Espagne. S’agissant de France Consulaire, la couverture mondiale est attendue d’ici décembre 2025.

Les élus AFE entre discours politiques et sujets budgétaires

Les six groupes politiques représentés à l’AFE ont pu s’exprimer lors de la séance d’ouverture de cette 43e session plénière, notamment par la voix de leurs présidents. Baptiste Heintz, pour le groupe de gauche « Écologie & Solidarité », a évoqué, non sans ironie, la « prouesse d’avoir vu passer six ministres des Français de l’étranger » depuis 2021 et le renouvellement de l’AFE. Au‑delà de cette instabilité, l’élu des Français de Côte d’Ivoire a alerté sur l’importance du prochain budget, qui dira « ce que l’on protège et ce que l’on sacrifie » pour les expatriés. Selon lui, les derniers exercices budgétaires et les propositions actuellement sur la table entament les moyens dédiés aux Français de l’étranger. Il a enfin mis en avant les priorités de son groupe: « sauver la CFE, les services publics et l’éducation » via le réseau de l’AEFE.

« Le budget, c’est là que se lit, noir sur blanc, ce que l’on protège et
ce que l’on sacrifie. Ce que l’on investit pour le bien commun,
ou ce que l’on livre aux marchés. »

Baptiste Heintz, président du groupe « Écologie & Solidarité à l’AFE

Du côté du groupe Union des Républicains, des Centres et des Indépendants, qui rassemble la plupart des élus LR, Olivier Piton, élu de la circonscription des États‑Unis, a lui aussi insisté sur l’enjeu budgétaire. Selon lui, une « année blanche ne tenant pas compte de l’inflation aurait des conséquences » directes et défavorables pour de nombreux compatriotes à l’étranger. Il a également alerté sur les baisses de dotation de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) et des aides sociales, tout en appelant à une attention particulière pour les retraités français établis hors de France.

Olivier Piton, Baptiste Heintz et
Olivier Piton, président du groupe Union des Républicains, des Centres et des Indépendants à l'AFE - Baptiste Heintz, président du groupe Écologie & Solidarité à l'AFE - Thierry Masson, président du groupe Indépendants, démocrates et progressistes à l'AFE

Au nom du groupe Indépendants, démocrates et progressistes, qui rassemble les élus du socle commun, son président Thierry Masson a déploré « l’incapacité des partis politiques à travailler ensemble », une remarque qui a suscité des réactions sur les autres bancs. En réponse, l’élu des Français du Benelux a précisé viser, pour cette session, la mise entre parenthèses des « positions partisanes » au profit du compromis, à l’image de ce qui se pratique lors des Assises de la protection sociale. Le résultat des motions, avis et résolutions attendus en fin de semaine apportera une réponse à ce souhait.

Le lien entre administrations et élus, conseillers des Français de l’étranger

Le groupe Solidaire et Indépendants, qui rassemble des élus proches de l’ASFE, s’est également exprimé par la voix de sa présidente, Annie Rea. Celle‑ci a d’abord évoqué la situation rappelant que « la politique est mouvante, mais que l’administration demeure », comme un gage de continuité.

Annie Rea, Nadia Chayaa,
Annie Rea, président du groupe Solidaire et Indépendants à l'AFE - Nadia Chayaa, présidente du groupe Les indépendants à l'AFE - Elise Léger, groupe des Non inscrits à l'AFE

Elle a ensuite énuméré plusieurs dossiers prioritaires : l’accès des classes moyennes aux bourses scolaires, l’avenir de la CFE, ainsi que la situation des EFE (Entrepreneurs français à l’étranger), « dont il n’est même pas fait mention dans le rapport du ministère des Affaires étrangères sur les Français de l’étranger ».

« Pauline Carmona (Directrice de la DFAE) a su redonner
un nouveau souffle à la relation entre les élus et l’administration »

Nadia Chayaa, pour le groupe Les indépendants AFE

Nadia Chayaa, pour le groupe Les indépendants, s’est voulue optimiste. Elle a, en outre, rendu hommage à la Directrice des Français de l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE), Pauline Carmona, qui a su « redonner un nouveau souffle à la relation entre les élus et l’administration ».  Elle souhaite également que dans le contexte budgétaire, les propositions des élus soient « lucides et responsables ».

Enfin, les élus sans appartenance, dits « non-inscrits », ont également fait entendre leur voix. Élise Léger, élue des Français d’Australie, a notamment regretté que les jeux politiques extérieurs à l’Assemblée des Français de l’étranger se retrouvent malgré tout dans les travaux de cette séance d’ouverture.

Eléonore Caroit, la nouvelle ministre chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger
Eléonore Caroit, la nouvelle ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger

La séance inaugurale de la 43e plénière de l’Assemblée des Français de l’étranger s’est conclue par la traditionnelle « photo de famille » sur les marches du ministère hôte de l’AFE. C’est à ce moment que la nouvelle ministre déléguée chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger, Éléonore Caroit, a rejoint l’ensemble des élus présents.

Félicitations d’usage et bons mots ont accompagné ces premiers instants de rencontre informelle entre les Conseillers des Français de l’étranger et la nouvelle membre du gouvernement de Sébastien Lecornu. La suite des travaux prévue cette semaine viendra-t-elle confirmer cette confiance ? 

Auteur/Autrice

  • Jérémy Michel est rédacteur en chef adjoint du média Lesfrancais.press. Il est également coach en développement personnel et formateur en communication. Jérémy a auparavant travaillé au sein de diverses institutions politiques françaises et européennes. Il a aussi été en charge des affaires publiques d’un grand groupe spécialisé dans la santé.

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