Les 90 conseillers de l’Assemblée des Français de l’étranger élus en septembre 2021 se sont retrouvés pour la seconde fois à Paris et en visio. Cette session fut la première faisant suite à l’assemblée constitutive tenue du 14 au 17 décembre 2021. Au cours de la semaine, l’AFE a entamé ses travaux en commission sur les sujets d’intérêt pour les Français de l’étranger. Ce fut l’occasion de tensions entre les différents groupes constituant l’Assemblée, ce qui n’est pas dans les habitudes de la vénérable institution.
Une session d’ouverture sous le signe de la contestation
Dès le premier jour, un premier sujet fut mis sur la table : le STAFE. Et la contestation est venue des rangs de la majorité présidentielle unie aux indépendants dans le groupe Indépendants, Démocrates, Progressistes (IDP). Son président Thierry Masson a questionné le Secrétaire d’Etat aux Français établis hors de France, Jean-Baptiste Lemoyne, sur le résultat de la commission d’attribution des subventions aux associations dédiées aux expatriés. En effet, la plupart des dossiers présentés furent rejetés au profit de ceux de l’administration. Rapidement le message fut entendu car immédiatement, dans son introduction Jean-Baptiste Lemoyne indique : « Nous allons refaire une commission ». Les dossiers ont donc été réexaminés et représentés dans une nouvelle commission STAFE le mardi 15 mars. Les conseillers qui y siègent ont pu faire en sorte que ces dossiers soient récupérés et approuvés.
L’administration inquiète pour le futur
Si la relation entre les élus et l’administration aurait pu être marquée par la passe d’armes sur le STAFE, rapidement ils ont trouvé une cause commune : le financement. La directrice de l’administration consulaire, Laurence Haguenauer, a sollicité les présidents des commissions lors d’un déjeuner pour obtenir leur soutien dans le cadre de la Loi de Finance 2023. En effet, le gouvernement d’Emmanuel Macron prépare, déjà, le budget de l’année prochaine et le budget des Français établis hors de France serait attaqué.
Une élection CFE politisée
Autre grand évènement qui a ponctué la 36ème session : l’élection des administrateurs de la Caisse des Français de l’Etranger. Les Conseillers de l’AFE sont en effet les électeurs pour désigner les représentants des assurés. Ce qui pour certains est incongru, en effet, les membres de l’Assemblée des Français de l’Etranger représentent plus de 2 millions d’expatriés alors que moins de 10% d’entre eux sont affiliés au régime de sécurité sociale des Français de l’Etranger, la CFE. Leurs intérêts sont ils identiques ?
Au delà de cette question de gouvernance, c’est surtout les combinaisons politiques qui ont été décriées lors de ce vote. La majorité présidentielle réunie dans le groupe IDP n’a pas bien accepté l’alliance entre les Républicains et une partie de la gauche dans une liste commune qui a logiquement obtenu le plus grand nombre de représentants…
Le débat sur l’administration consulaire repoussé à la prochaine session
Le groupe Écologie & Solidarité ainsi que le groupe de l’Union des Républicains, des Centres et des Indépendants ont sollicité un débat d’urgence sur la nécessité de renforcer les moyens humains des services publics consulaires au bénéfice de tous les Français établis hors de France. Les élus réagissaient, enfin, aux nombreuses remontées de terrains de nos compatriotes qui n’ont plus accès aux services consulaires. La réduction des effectifs et la pandémie ayant mis à plat l’organisation des consulats.
Mais réalisant qu’il risquait d’être mis en minorité et bien que confirmant que le problème soulevé sur le fond était d’une importance cruciale, le groupe des Indépendants, démocrates et progressistes (majorité présidentielle) a bloqué l’adoption d’une conclusion de l’Assemblée sur ce point par le biais d’une astuce de procédure renvoyant le débat à la session d’octobre 2022. Ce que n’a pas manqué de dénoncer les groupes à l’origine de la procédure comme nous l’indique Baptiste Heinz, Président du groupe Écologie & Solidarité.
« Nous déplorons cette restriction de l’expression des élu.e.s représentant les Français.es de l’étranger et regrettons que le seul créneau accordé aux sujets au cœur des problématiques touchant les Français de l’étranger soit un point « divers » dans les dernières quinze minutes de la session. Nous sommes toutefois satisfaits que ce regret soit partagé par l’ensemble des élu.e.s et espérons qu’il en sera tiré les conséquences à la prochaine session, la trente-septième ».
Baptiste Heinz, Président du groupe Écologie & Solidarité
Les Républicains, eux, voient le verre à moitié vide et se félicitent d’une certaine solidarité entre les élus face à ce problème qui touche tant de nos compatriotes.
« Nous déplorons cette restriction dans l’expression des élus représentant les Français de l’étranger. Nous regrettons que le seul créneau accordé aux sujets au cœur des problématiques touchant les Français de l’étranger soit un point « divers » dans les dernières quinze minutes de la session.«
Laurent RIGAUD – Président du Groupe URCI
Un nouveau règlement intérieur
Enfin, la vénérable institution, sous l’impulsion de sa nouvelle présidente, Hélène Degryse, indépendante et élue aux Pays-Bas, membre du groupe IDP, a décidé de rénover son règlement intérieur. Pas de grandes nouveautés, mais un écueil ! Le groupe Écologie & Solidarité, décidément très actif, voulait autoriser l’écriture « inclusive ». Ce fut un échec, la majorité présidentielle et la droite se sont opposés à cette requête.
En route pour la trente-septième
La prochaine session, en octobre, marquera le début d’une nouvelle relation entre les élus et le futur titulaire du portefeuille de Secrétaire d’Etat aux Français établis hors de France, si le poste existe encore. Dans une ambiance éloignée des enjeux électoraux, l’Assemblée des Français de l’Etranger devrait reprendre, cette fois dans la sérénité, ses travaux et aborder les sujets de fond.
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