Après plus de 20 ans de négociations, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) a été validé par la Commission européenne ce mercredi 03 septembre, première étape formelle avant de soumettre ce traité de libre-échange aux Vingt-Sept et aux eurodéputés. Ce traité, l’un des plus ambitieux jamais conclus par l’UE, promet de redessiner les relations commerciales entre la France et les pays d’Amérique du Sud. Pour les 150 000 Français installés dans la région, cette nouvelle donne pourrait ouvrir des perspectives inédites, tout en soulevant des questions sur les équilibres économiques et environnementaux.
Un accord aux enjeux majeurs pour les échanges franco-mercosuriens
L’accord prévoit la suppression progressive des droits de douane sur 90 % des produits échangés entre les deux blocs. Pour la France, cela signifie un accès facilité aux marchés sud-américains pour ses produits industriels, pharmaceutiques et technologiques. À l’inverse, les pays du Mercosur pourront exporter davantage de viande bovine, de sucre ou d’éthanol vers l’UE, avec des quotas négociés pour éviter une saturation du marché européen. Les normes sanitaires et environnementales, souvent pointées du doigt, ont été renforcées dans le texte final, bien que leur application reste un sujet de vigilance. Enfin, l’accord inclut des clauses sur la protection des indications géographiques, un atout pour les produits français comme le champagne ou le camembert.
Pourquoi la France a longtemps résisté… et pourquoi l’accord va être adopté malgré tout
La France, soutenue par plusieurs États membres et des ONG, a longtemps bloqué cet accord, invoquant des risques pour l’agriculture européenne et des inquiétudes environnementales, notamment la déforestation en Amazonie. Les éleveurs français craignaient une concurrence déloyale face à la viande sud-américaine, produite à moindre coût. Cependant, la pression des autres pays européens, attirés par les opportunités économiques, et les concessions obtenues sur les quotas et les normes environnementales ont fini par emporter l’adhésion. L’argument de la diversification des approvisionnements, crucial après les crises géopolitiques récentes, a aussi joué un rôle clé.
Des opportunités à saisir pour les expatriés français
Pour les Français installés en Amérique du Sud, cet accord pourrait se traduire par un dynamisme accru des échanges et des investissements. Les entrepreneurs pourront bénéficier de règles douanières simplifiées pour importer ou exporter des biens, tandis que les professionnels des secteurs agroalimentaire, technologique ou des services pourraient voir émerger de nouveaux partenariats. Les compétences françaises en matière d’innovation et de transition écologique pourraient aussi trouver un terreau fertile dans des pays en quête de modernisation. Enfin, la mobilité professionnelle entre les deux blocs pourrait être facilitée, avec des visas simplifiés pour les travailleurs qualifiés.
Pour rappel de nombreux produits français bénéficieront de la suppression des droits de douane avec le Mercosur. Les secteurs, qui pourraient principalement en bénéficier, sont les suivants :
- Automobiles et pièces détachées : Actuellement soumises à des droits de douane pouvant atteindre 35 % dans les pays du Mercosur, les voitures et pièces détachées françaises verront ces barrières progressivement supprimées, ce qui rendra les véhicules et composants français bien plus compétitifs sur ces marchés
- Machines et équipements industriels : Ce secteur, crucial pour l’industrie française, bénéficiera également de la suppression des droits de douane, facilitant l’exportation de machines et technologies vers l’Amérique du Sud
- Produits chimiques et pharmaceutiques : Les produits chimiques et pharmaceutiques français, déjà très demandés, verront leurs coûts d’exportation réduits, ce qui devrait stimuler les ventes
- Vins et spiritueux : Les vins, champagnes et spiritueux français, actuellement taxés à 27 % dans le Mercosur, bénéficieront d’une suppression progressive des droits de douane, ouvrant davantage le marché sud-américain à ces produits d’excellence
- Produits agroalimentaires protégés par des indications géographiques : Des produits comme le roquefort, le camembert ou le cognac, protégés par des indications géographiques, verront leur accès facilité et leur authenticité mieux préservée sur les marchés du Mercosur
- Vêtements et textiles : Les vêtements et textiles français, actuellement soumis à des droits de douane élevés, bénéficieront aussi de cette libéralisation, bien que ce secteur soit moins dominant que les autres.
Maintenant, il reste à voir comment cet accord sera mis en œuvre sur le terrain, et si les promesses économiques sauront concilier croissance et durabilité. Une chose est sûre : pour les expatriés, l’Amérique du Sud pourrait bien devenir un terrain de jeu encore plus attractif.
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