A Eurosatory, Emmanuel Macron annonce une augmentation du budget de la Défense

A Eurosatory, Emmanuel Macron annonce une augmentation du budget de la Défense

Eurosatory, c’est le rendez-vous des industries de défense du monde entier. 1800 sociétés, dont 650 sociétés françaises,  près de 60 000 visiteurs. Pendant une petite semaine, du 13 au 17 juin, dirigeants et militaires du monde entier regardent les derniers modèles vantés par les industriels : blindés, drones, chars, hélicoptères, missiles, tout ce que la guerre d’Ukraine utilise et que les prochaines guerres utiliseront. L’occasion pour le Président de la République d’annoncer une augmentation du budget de la Défense.

Sébastien Lecornu annonce que la France va renforcer ses capacités militaires en Asie-Pacifique

A Singapour, trois jours auparavant, le nouveau ministre de la défense, Sébastien Lecornu, a annoncé que la France allait renforcer ses capacités militaires en Asie-Pacifique. Six nouveaux patrouilleurs d’ici 2025 (deux de plus) et cinq nouveaux avions de reconnaissance Falcon, fleuron de Dassault Aviation. De quoi montrer dans la région le matériel militaire français, et de rappeler aux Européens qu’ils ne peuvent être absents d’une zone qui couvre le tiers du monde, et leur routes d’approvisionnement commercial. Le moment, aussi, de rappeler l’ambition française une fois réglé le contentieux avec l’Australie, qui a payé 550 millions d’euros à Naval Group pour sa défection dans l’affaire des sous-marins. 

Le monde réarme. Cette année, avec le retour de la guerre en Europe, le salon, qui ne s’était pas tenu depuis deux ans en raison de la Covid, prenait un tour plus réel, plus tragique. Avant, on regardait des jouets dont on pensait qu’ils devaient exister pour ne pas être utilisés. Aujourd’hui, on y voit les dégâts à venir. Il n’y a plus de pacifistes devant le salon, comme si chacun avait compris que le désarmement ne préservait pas la paix. Au contraire : si l’Ukraine avait été mieux armée, elle n’aurait pas été attaquée.

Dans ce nouveau contexte, pour la première fois, le Président de la République est venu inaugurer le salon pour annoncer un renforcement du budget des armées et plaider pour une préférence européenne des Européens en matière de défense : « il n’y a pas de sécurité nationale, pas d’autonomie stratégique, donc pas de paix, sans des armes terrestres et une trésorerie adaptée ».

 « Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne. » 

Emmanuel Macron

Emmanuel Macron a demandé une réévaluation de la loi de programmation militaire. Le but serait d’augmenter d’une dizaine de milliards le budget : « Nous devons dépenser beaucoup, mais nous devons penser une stratégie industrielle et d’innovation européennes, parce que c’est bon pour nos industries et nos industriels, c’est bon pour l’emploi dans nos pays, c’est bon pour avoir une capacité d’innovation duale dont notre économie a besoin, et c’est bon pour notre souveraineté stratégique. Nous avons besoin de renforcer une industrie et une base industrielle et technologique de défense européenne. » Toute la difficulté est là. Les budgets militaires européens sont importants mais divisés. Il n’y a pas de standardisation des équipements et encore moins des commandes, sauf celles de l’Otan.

Emmanuel Macron à l’Eurosatory le 12 juin 2022

L’Europe de la défense est un combat qui n’est pas gagné d’avance 

L’augmentation des budgets européens, s’ils ne permettent pas un renforcement de l’industrie européenne de défense, mettra l’Europe sous la dépendance militaire et politique des États-Unis pour des décennies. Emmanuel Macron s’est dit intraitable sur le sujet, et a vanté les initiatives franco-allemandes en matière de projet d’armement. En même temps, Rheinmetal annonçait le développement de son nouveau char « Panther », en dépit d’un engagement franco-allemand de construire ensemble le « char du futur ». L’Europe de la Défense est un combat qui n’est pas gagné d’avance.

Auteur/Autrice

  • Alain Stephane

    Alain Stéphane a posé ses valises en Allemagne à la suite d'un coup de foudre. Aujourd'hui, il travaille comme rédacteur dans un journal local en Saxe et est correspond du site Lesfrancais.press

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