Après Abidjan en 2023, c’est à Rabat que l’association FDM / ADFE du Maroc a décidé d’organiser la 2ème édition du Printemps de la 9ème circonscription des Français établis hors de France les 17, 18,19 et 20 mai 2024.
Elus et militants associatifs venus des différents pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest se sont retrouvés pour échanger et partager leurs quotidiens de vie respectifs autour d’ateliers thématiques (santé, sécurité, dépendance, enseignement).
Des moments de partages et de retours d’expériences en toute convivialité qui ont mis en relief à la fois des attentes communes aux 200 000 membres de la communauté française vivants dans les 16 pays de cette région mais également mis en perspectives des réalités de vies divergentes selon les territoires.
Au rayon des sujets débattus, si la protection sociale, la dépendance ou encore l’enseignement sont plus convergents que divergents selon les zones géographiques, l’enjeu sécuritaire est une réalité vécue différemment selon le lieu de vie.
« C’est très important pour moi d’être physiquement présente à ce rendez-vous et ce pour plusieurs raisons. On peut échanger, écouter et partager sur des problématiques que nous vivons et les confronter avec nos compatriotes établis dans d’autres pays de la région. On se rend compte que d’un pays à l’autre, parfois limitrophes, les mêmes sujets sont vécus différemment notamment la sécurité », indique Patricia Mandine, membre du bureau FDM / ADFE du Sénégal. Etablie depuis plusieurs années dans ce pays, elle songe sérieusement à le quitter. « L’insécurité se caractérise par des agressions et des actes de cambriolage se multiplient à Saly, ça devient de plus en plus compliqué à vivre et à supporter » ajoute-t-elle. « La question sécuritaire au sein de la station balnéaire de Saly est spécifique, on ne peut pas la généraliser à tout le pays. Il y a un besoin urgent de renforcer la présence administrative française, aujourd’hui à Saly, il n’ y a toujours pas de Consul honoraire et les conseillers consulaires ne peuvent pas répondre à tous les besoins de la communauté française résidente sur place, c’est trop insuffisant », rétorque Karim Ben Cheikh, Député de la 9ème circonscription des Français de l’étranger.
Une 9ème circonscription coupée en deux
Autre pays de la « 9ème » où la sécurité est le sujet prioritaire, le Mali. Fraichement débarquée du Sénégal où elle a suivi une formation en tant que professeure de SVT, Anna Fatoumata Maiga, Présidente de FDM / MALI a rejoint ses compatriotes à Rabat dans la journée de samedi. « Autant je me félicite que le Mali est passé de la zone rouge et à l’orange, ce qui va permettre de réactiver les liaisons aériennes via Air France, autant je suis plus mesuré par rapport au vécu sur le terrain. L’hostilité envers les français demeure une réalité même si les tensions ont baissé ». Pour illustrer son propos, elle prend un exemple « courant » d’actes hostiles envers des ressortissants. « Il est très fréquent que lorsqu’un français d’origine malienne souhaite renouveler son passeport, on l’embête par différents moyens » dit-elle. « Il semblerait que la situation semble se détendre quelque peu et évoluer dans la bonne direction entre les 2 pays, tant mieux car je rappelle que près de 4 000 français vivent au Mali et plus de 300 000 Maliens vivent en France ».
« Il y a une vraie différence entre le nord et le sud dans la 9ème circonscription des Français de l’étranger sur le sujet, la question sécuritaire se pose dans les pays où il y une menace terroriste Djihadiste et des mouvements Panafricaniste », indique Karim Ben Cheikh.
Santé / dépendance/ enseignement / …
La santé et la prévoyance sociale a donné lieu à de larges échanges durant les ateliers à thèmes. Tel un vieux serpent de mer, le sujet de la CFE (Caisse sociale des Français de l’étranger) continue d’occuper une place centrale au niveau des préoccupations de la diaspora française établie hors de France. Aussi bien sur son fonctionnement et les modalités de prise en charge que sur son financement durable. Selon les élus de la « 9ème », il y a urgence à revoir l’éco système dans son ensemble car il en va de la « survie » de la CFE. « Puiser continuellement chaque année dans la trésorerie met en péril la CFE sur le court et moyen terme, il y a urgence ! », lâche le député de la 9ème circonscription. L’évolution de la typologie de la communauté française dans de nombreux pays de cette région est également à prendre en compte au vu de son vieillissement et ainsi de ses besoins actuels et futurs en matière de prise en charge médicale et de retraites.
L’enseignement a été également largement débattus avec en toile de fond la nécessité d’aligner promotion d’un enseignement français de qualité avec promotion de la francophonie en Afrique du Nord et de l’ouest. Un alignement qui ne peut se faire sans intégrer le paramètre budgétaire. « On ne peut pas continuellement baisser les budgets et les effectifs alloués à l’enseignement sur l’ensemble de la circonscription, c’est plus possible… » tel un bruit de fond ambiant émanant des participants.
Une équation posée à l’heure où la France cherche à faire des économies « coûte que coûte » de l’ordre de 20 milliards d’euros…
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