Le dimanche 29 mai, un Français s’est fait enlever en Haïti. Sur l’île, la situation sécuritaire est extrêmement sensible selon l’élue consulaire Christelle Chignard.
Le dimanche 29 mai, un Français s’est fait enlever par un gang dans la capitale Port-au-Prince aux alentours de 13h. Agé d’une quarantaine d’années, selon une source policière du média Linfo.re, il se rendait régulièrement sur place dans le cadre de son travail de consultant en informatique. Selon Christelle Chignard, si les ressortissants étrangers sont davantage exposés que les Haïtiens, l’insécurité augmente de manière globale sur l’île. A l’heure actuelle, les consignes appellent donc à la prudence.
D’après l’élue, les autorités françaises mettent tout en oeuvre afin de le retrouver rapidement. Seulement, pour des raisons de sécurité, elle ne peut donner aucune information supplémentaire.
La communauté française en Haïti
La communauté française en Haïti est composée d’environ 1500 Français inscrits sur le site de l’ambassade. Les deux-tiers d’entre eux y habitent depuis de longues années, voire plusieurs générations. Ces personnes comprennent donc bien la mentalité locale et les modes de vie. Par contre, le tiers restant, étant composé de travailleurs en déplacement sur l’île caribéenne pour une durée de six mois à trois ans, rencontre plus de difficultés pour s’acclimater.
Si l’association Français de monde – ADFE tente de créer un tissu social entre les ressortissants, organiser des activités et des sorties reste compliqué. Effectivement, le contexte actuel force les habitants à limiter leurs déplacements. De plus, le lycée français d’Haïti étant fermé depuis août 2021, nouer des liens avec d’autres familles est d’autant plus délicat.
Le lycée Alexandre-Dumas a vu ses portes se clore au lendemain de l’assassinat du président Jovenel Moïse, survenu dans la nuit du 7 juillet 2021. Aujourd’hui, la situation politique est toujours instable et sans perspectives réelles d’avenir. En effet, l’ex-premier ministre de Jovenel Moïse campe toujours sur son fauteuil, et aucun nouveau président n’a été élu, ni même nommé. Pour l’heure, aucune date n’est prévue quant à un futur scrutin.
Si le pays vit une recrudescence de violences depuis cette nuit, tous les pays ayant des institutions sur place les ont maintenues ouvertes. Mais la France, non. Ainsi, depuis presque un an, les élèves du lycée français n’ont plus accès à leurs locaux. Malgré la volonté des différents acteurs de l’établissement de voir les portes être rouvertes, Paris ne semble pas vouloir répondre à leur demande. Dans une tribune publiée sur Lesfrancais.press, Bertrand Dupont, conseiller des Français au Brésil et candidat aux législatives dans la deuxième circonscription des Français de l’étranger (dont fait partie Haïti), dénonce cette situation.
La France, le bourreau d’Haïti
« Allô chère France, nous voulons te donner une dernière chance. […] Sois grande, rends-nous l’argent. » Ces mots écrits par le poète et dramaturge haïtien Jean D’Amérique, dans une tribune publiée sur Libération le 28 mai dernier, illustrent les voix qui s’élèvent à travers la France et Haïti pour demander réparation.
Le 20 mai 2022, une série d’articles du New-York Times viennent ombrager d’autant plus le passé colonial français. Effectivement, les journalistes révèlent que l’extrême pauvreté de l’île est le résultat du passé (très) peu glorieux de l’ancien empire français.
En 1804, Haïti prend son indépendance au prix du sang coulé de ses habitants. Seulement, pour la France la perte de cette île si riche n’est pas tolérable. Vingt ans plus tard, le roi Charles X demande donc « réparation » au nouvel État, sous la forme d’une dette faramineuse. Pour pouvoir la régler, Haïti s’endette auprès des banques françaises, mais ne parvient jamais véritablement à la régler. Aujourd’hui, et toujours selon le journal américain, la perte pour son développement économique est évaluée entre 21 et 115 milliards de dollars.
Si Christelle Chignard ne souhaite pas s’exprimer sur ce sujet en tant qu’élue de la République, elle consent à le commenter d’un point de vue personnel. A ses yeux, les faits historiques « n’ont pas éveillé d’animosité envers la communauté française » installée sur place.
Cependant, elle déconseille, à contre-coeur, aux Français de se rendre en Haïti sans une raison solide et importante.
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