Bruno Le Maire a indiqué que la volonté du géant chinois des télécoms d’ouvrir une usine en France ne modifierait pas « d’un iota la position du gouvernement sur la 5G ».
Les investissements de Huawei n’influenceront pas la doctrine de la France en matière de 5G. C’est ce qu’a indiqué Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, ce mercredi sur BFM Business. Jeudi dernier, le géant chinois des télécoms et des smartphones a annoncé l’ouverture, dans l’Hexagone, d’une usine d’équipements dédiés à la 5G. Un investissement conséquent, puisque qu’il s’élèvera, aux dires de Huawei, à au moins à 200 millions d’euros. Le site, dont la région d’implantation n’a pas encore été décidée, emploiera 500 personnes dans un premier temps. Lors d’une conférence de presse, le président de Huawei, Liang Hua, a souligné qu’il s’agira de la première usine du groupe pour ce type de produits hors de Chine.
« Le site fabriquera dans un premier temps des équipements radio (par exemple des antennes, NDLR) puis s’étendra à d’autres produits dans le futur, en fonction des besoins du marché européen », a détaillé le dirigeant.
Reste que cette annonce est intervenue à un moment important pour Huawei, toujours accusé d’espionnage pour le compte de Pékin par les États-Unis. De fait, le groupe de Shenzhen devrait prochainement savoir dans quelle mesure ses équipements 5G seront autorisés — ou non — dans l’Hexagone. SFR et Bouygues Telecom, qui utilisent déjà Huawei dans leurs réseaux 4G, ont notamment déposé des demandes pour recourir de nouveau à ses services pour la 5G auprès de l’Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (Anssi). Ses premières réponses sont attendues d’ici peu.
« Nous veillons à nos intérêts de sécurité »
Plusieurs observateurs estiment que l’annonce de Huawei serait de nature à pousser le gouvernement français à se montrer plus coulant vis-à-vis du groupe chinois. Sur BFM Business, Bruno Lemaire assure qu’il n’en sera rien. Interrogé sur un éventuel « chantage à l’emploi » du puissant équipementier, le locataire de Bercy l’assure :
« Personne, et certainement pas moi, ne cède à quelque chantage que ce soit. Il y a une position très claire qui a été prise sur la 5G : nous ne faisons pas de discrimination vis-à-vis d’une entreprise en particulier, qu’elle soit chinoise ou américaine. Mais nous veillons simplement à nos intérêts de sécurité et à nos intérêts stratégiques. »
À ses yeux, l’annonce de Huawei « ne modifie pas d’un iota la position du gouvernement sur la 5G ».
De manière générale, l’exécutif semble prendre ses distances avec Huawei. Il serait agacé, comme l’expliquait Le Figaro jeudi dernier, par son important lobbying dans l’Hexagone. Le gouvernement veut, en clair, éviter un mélange entre que les sujets de sécurité et de souveraineté liés à la 5 G, et ceux des promesses d’emplois et d’investissements.
En parallèle, Pékin ne se prive pas pour mettre la pression sur Paris. Le mois dernier, un porte-parole de l’ambassade de Chine en France s’est montré menaçant. Dans un communiqué, il a averti que si Huawei devait faire l’objet de discriminations en France, Pékin pourrait prendre des mesures rétorsion, notamment à l’égard des équipementiers européens Ericsson et Nokia, qui participent au déploiement de la 5G dans l’Empire du Milieu.
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