Face au virus, une réaction en chaîne.
56 millions de Chinois en quarantaine et seulement 56 morts (au dimanche 26) ? Les marchés fermés, la circulation interdite, Xi Jinping à la télé, il se passe quelque chose d’autre : soit l’épidémie est plus grave qu’on ne le dit, soit elle attire l’attention pour cacher autre chose.
En attendant de savoir quel est le drame que les autorités annoncent vouloir éviter, quelle est la situation qui attend les Français de l’étranger ?En Chine, la communauté française a peur. A l’image des Chinois, elle est cernée par la panique. On ne construit pas un hôpital en dix jours (un mouroir, pense-t-on), on ne barricade pas les routes si l’on ne s’attend pas à voir passer le cortège de la mort.
En Europe, dans les campagnes médiévales on appelait cette hantise la Chasse sauvage ou la Mesnie Hellequin, chevauchées de macchabées, de maudits, qui happaient les vivants. En Chine, pour empêcher les esprits subtils de traverser lesrivières et d’atteindre les villages, on construisait les ponts en Z, afin que, la nuit, déroutés, ils tombent à l’eau. On peut se moquer. Mais quand l’épidémie est annoncée, tout le monde se barricade, chacun porte un masque, et celui qui n’obéit pas sera dénoncé voire lynché, comme à Hong Kong.
A Wuhan, cœur de l’épidémie, les Français commencent à partir. Le groupe PSA transfert ses salariés (38 personnes en comptant les familles). PSA emploie 800 personnes en Chine dont une centaine de Français. Le groupe songe à les renvoyer en France.
L’Ambassade organise avec les autorités chinoises un système de bus pour les Français qui veulent quitter les zones à risque. Ils pourraient être rapatriés en France et mis en quarantaine quatorze jours. Un numéro d’urgence a été mis en place. La rubrique « Conseils aux voyageurs » est actualisée en permanence. Des messages aux Françaises et Français inscrits sur le dispositif Ariane sont régulièrement diffusés. Le Centre de crise, à Paris, est en alerte. Il devrait le rester longtemps, car le coronavirus est déjà répandu à travers le monde. Ainsi, tous les Consulats doivent se mobiliser et étudient pour les copier les mesures prises dans les consulats en Chine.
En France, trois cas sont déjà traités, une dizaine attendue. D’autres sont signalés un peu partout dans le monde : Corée, Japon, Népal, Singapour, Taïwan, Thaïlande, Viêt-Nam, Hong Kong, Macao, Australie, Canada, Etats-Unis, sont atteints.
Le premier effet de ce risque d’épidémie est de renforcer les contrôles aux frontières et de bloquer les échanges. C’est ce qui va se passer dans un premier temps. Dans un deuxième temps, parce que le monde n’a jamais été aussi bien équipé qu’aujourd’hui, en matière d’hygiène, d’informations, de recherche, de coopération, lespays vont collaborer pour juguler l’épidémie.
En Chine, l’Ambassadeur de France, Laurent Bili, vient de signer avec les autorités chinoises de Pékin un mémorandum d’entente établissant un nouveau cadre de coopération en matière de santé entre les deux pays, qui concerne notamment les questions de formation, de prévention, et de contrôle des maladies infectieuses et chroniques. Une délégation chinoise devait se rendre en France au mois defévrier. Qu’elle puisse ou non y aller, c’est le moment d’accélérer les coopérations et les échanges.
De même que les Consulats doivent échanger entre eux pour être les plus efficaces possiblesdans la prévention, l’assistance, l’information ;les autorités sanitaires des différents pays vont observer, apprendre et collaborer pour savoir comment répondre à la menace. Comme lesmédecins, les services consulaires doivent essayer d’être les meilleurs, s’entraider, reproduire les meilleures initiatives.
Ce ne sera ni la première, ni la dernière menace virale. Au vingtième siècle, la grippe dite espagnole (en fait américano-chinoise) avait fait entre 50 et 100 millions de morts, soit entre 3 et 5% de la population mondiale. Une telle proportion, rapportée à la population mondiale actuelle, provoquerait un désastre de 210 et 350 millions.
Les spécialistes français considèrent que la dangerosité du virus n’est pas comparable. Les systèmes sanitaires sont efficaces. Les règles d’hygiène bien connues. Les protocoles révisés. Jamais le monde n’a été aussi bien préparé à ce type de danger.
Tout l’intérêt de ce genre de défi, que l’humanité a été amenée à rencontrer mille fois dans son histoire, est de savoir comment elle réagit. Par l’anathème ou la coopération, la rationalité oul’incantation, la science ou le dogme ? Tout ceux qui veulent bloquer les échanges, monnayer les peurs, vivre de panique useront de tout virus pour renforcer contrôle et pouvoir. Peut-être est-ce la clé de ce qui se passe en Chine. Quoiqu’il en soit, alerte exagérée ou vraie catastrophe, voici un test mondial en grandeur réelle.
L’Empire romain aurait été détruit par la peste plus que les barbares. La Renaissance serait née de la peste noire. Les civilisations vivent de leurs défis et meurent de leurs peurs. Comment le monde est capable de régir ? C’est une question politique plus que de médecine. C’est pourquoi il faut ausculter les réponses de chaque gouvernement, suivre les informations des ambassades, faire preuve d’esprit civique, – et toujours d’esprit critique et inventif. Etre plus alerte et agile que les virus, qui se transforment sans cesse – pour survivre.
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