Depuis quelques jours, les voyageurs signalent sur les réseaux sociaux de longues files d’attente lors du passage des frontières à l’arrivée dans l’Espace Schengen. C’est particulièrement le cas dans les aéroports situés en France, en Allemagne, en Grèce, en Islande, en Italie, au Portugal ou en Espagne. Et ils sont particulièrement touchés par ces retards, c’est que ces pays sont les principaux centres touristiques de notre continent. Et tous subissent de plein fouet la montée en puissance du dispositif de l’ « Entry/Exit système » européen, le fameux « EES ». On fait le point pour les Français de l’étranger si nombreux à être sur le chemin du retour pour les fêtes de fin d’année.
L’EES, un ESTA à l’européenne ?
Depuis 2009 pour rejoindre les Etats-Unis d’Amérique, il faut solliciter en amont de son voyage, même pour les détenteurs d’un passeport ne nécessitant pas de visa pour un voyage touristique, comme le passeport français, une autorisation d’accès au territoire des USA. En 2025, l’Union européenne a décidé de lancer un dispositif équivalent.
Les nouveaux contrôles aux frontières de l’Union européenne (UE) sont depuis le 12 octobre mis en place progressivement. Les États membres sont ainsi encouragés à recenser dans un fichier numérique commun aux pays de l’UE et ceux de l’espace Schengen les données biométriques des ressortissants de pays tiers se rendant en Europe.
Le système d’entrée / sortie (baptisé ESS) enregistre :
- Les noms,
- Les numéros de passeports,
- Les empreintes digitales et les photos des étrangers extra-européens,
- En replacement du tampon manuel apposé sur le passeport.
Il permet, donc, ainsi de connaître les dates d’entrée et de sortie, afin de suivre les dépassements de séjour et les refus d’entrée.
L’objectif est de « prévenir la migration irrégulière » en détectant « systématiquement les personnes ayant dépassé la durée de séjour autorisée ainsi que les cas de fraude documentaire et d’usurpation d’identité« , indique la Commission européenne dans un communiqué.
Mais si l’EES marque la première étape du renforcement des frontières extérieures de l’Union. La deuxième verra le jour fin 2026, quand l’ESS sera complété par ETIAS, le Système européen d’autorisation et d’information concernant les voyages.

Une montée en puissance progressive !
Le ministère français de l’Intérieur a annoncé fin septembre que ces nouveaux contrôles seront mis en place progressivement sur 120 sites (ports et aéroports) en France. Le déploiement dans l’Union européenne s’est fait sur toutes les frontières extérieures de la France, mais de manière modeste avec quelques voyageurs contrôlés dans un premier temps, a détaillé le ministère. C’est cette phase que nous vivons actuellement, uniquement 10% des voyageurs sont soumis à l’ESS. L’objectif est d’atteindre l’enregistrement de 60% des voyageurs des pays tiers au printemps et 100% à l’été 2026.
Un objectif qui paraît intenable dans les conditions actuelles. En effet, La montée en puissance progressive de l’enregistrement des données biométriques des ressortissants de pays tiers à leur entrée dans l’espace Schengen a eu pour résultats d’accroître les temps de passage dans les aéroports de jusqu’à 70%, avec des délais pouvant atteindre trois heures lors des périodes de pointe à CDG.
En effet, une seule inscription biométrique peut prendre 90 secondes, contre 30 secondes pour le scan de passeport qu’elle remplace ; multipliés par les 47 000 arrivées quotidiennes à CDG en période de pointe, même de petits dysfonctionnements peuvent entraîner des files d’attente de plusieurs heures. Et l’impact immédiat sur les entreprises et les touristes. En termes opérationnels, les voyageurs sont confrontés à des correspondances ferroviaires ou des vols domestiques manqués, nuits d’hôtel supplémentaires, et professionnellement, cela augmente le risque que des collaborateurs clés arrivent fatigués ou en retard à des réunions importantes.
Pannes et personnels formés insuffisants
Selon l’Airport Council International – Europe (ACI), les perturbations aux frontières européennes résultent d’une combinaison de plusieurs problèmes opérationnels dans le déploiement de l’EES. Des pannes régulières de l’EES et des problèmes de configuration persistants, dont l’indisponibilité des bornes en libre-service, compromettent la prévisibilité, la régularité et la résilience des opérations aux frontières, indique-t-elle. Elle s’interroge également sur l’absence d’une application de préinscription réellement efficace.
Le rapport, qu’elle a publié, souligne en outre que les contrôles aux frontières sont ralentis par un déploiement insuffisant de gardes-frontière dans les aéroports, reflet d’une pénurie aiguë de personnel au sein des autorités compétentes. L’ACI appelle à une révision urgente du système, d’autant que de plus en plus d’aéroports vont l’introduire progressivement au cours des prochains mois.
« Des désagréments importants sont déjà infligés aux voyageurs, et les opérations aéroportuaires sont affectées alors que le seuil actuel d’enregistrement des ressortissants de pays tiers n’est fixé qu’à 10 % »
Olivier Jankovec, directeur général d’ACI Europe.
Jankovec a ajouté que si les problèmes opérationnels actuels ne peuvent pas être résolus d’ici début janvier, ils demanderont à la Commission européenne et aux États membres de Schengen d’agir afin d’autoriser une flexibilité supplémentaire dans le déploiement de l’EES.
En quoi les Français de l’étranger sont concernés ?
Détenteurs de la nationalité française, les Français de l’étranger ne sont pas soumis à ce dispositif mais, leurs conjoints ou enfants (non déclarés au consulat), qui ne disposent pas de la nationalité française, eux devront s’y soumettre.
Concrètement, cela veut dire être séparé lors du passage de la frontière de ses proches et surtout être contraint d’attendre que le processus s’achève et qu’il se passe bien.
Car, oui, le dispositif compile toutes les interdictions de territoire et ce quel que soit le pays qui l’aura prononcé. Avec la mise en place en fin d’année 2026 d’ ETIAS, même, s’ils sont porteurs d’un passeport n’exigeant pas de visa, ils devront demander une autorisation d’entrée sur le territoire et celle-ci devra comprendre de nombreuses informations sur le voyage et le retour prévu.
La solution ? Transmettre votre nationalité à vos proches, si pour vos enfants mineurs, la démarche reste simplement juridique, pour les majeurs ou les conjoints, il faudra se soumettre au nouvel examen mis en place par Bruno Retailleau et qui s’appliquera pour toutes les demandes faites après le 31 décembre 2025. Une épreuve que même de nombreux Français ne réussiraient pas. Vous l’aurez compris, il vous reste quelques jours pour lancer la procédure et vous simplifiez vos voyages à venir.
Auteur/Autrice
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Directeur de publication et rédacteur en chef du site lesfrancais.press
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