24 heures avec les Français de Moscou

24 heures avec les Français de Moscou

Après les 24 heures de tensions qui ont marqué la capitale russe, on fait le point sur la situation des Français de Moscou avec Franck Ferrari, Conseiller des Français de l’étranger pour l’Europe centrale et orientale (y compris Russie) depuis 2021.

Franck Ferrari vit à Moscou depuis 12 ans, il occupe un poste d’enseignant au Lycée français de Moscou, il est aussi administrateur suppléant de l’Assemblée des Français de l’Etranger, nous le recevons régulièrement depuis le début de la guerre en Ukraine. Aujourd’hui, il dresse pour Lesfrancais.press le bilan de la situation des Français de Russie. 

Ecoutez le podcast avec Franck Ferrari

Retour sur 24 heures de confusion

Tout commence vendredi soir quand Evgueni Prigojine, le patron du groupe de mercenaires Wagner, accuse l’armée russe d’avoir mené des frappes meurtrières sur des camps de ses combattants et appelle à se soulever contre le commandement militaire russe. Il affirme disposer de 25 000 hommes et dit vouloir mener une « marche pour la justice », tout en se défendant de tout « coup d’État militaire ».

Aux premières heures de samedi (heure de Moscou), Prigojine affirmait que ses troupes étaient entrées sur le territoire russe et qu’il « irait jusqu’au bout ». A ce moment là, il révèle que ses forces, prêtes à mourir pour « la patrie » et « libérer le peuple russe », ont abattu un hélicoptère militaire russe.

Evgueni Prigojine en juin 2023 en Ukraine ©Reuters/AFP

Rostov

À 6 h 30 (heure de Paris), Evguéni Prigojine déclarait s’être emparé du quartier général de l’armée russe de Rostov, centre-clé pour l’assaut russe contre l’Ukraine, et avoir pris le contrôle de sites militaires, dont un aérodrome.

Un « régime d’opération antiterroriste » est, alors, instauré à Moscou et dans sa région, une mesure qui renforce les pouvoirs des services de sécurité.

La réaction russe

À 10 h 10 (heure de Paris), toujours samedi, lors d’une allocution télévisée, Vladimir Poutine accuse Prigojine d’avoir « trahi » la Russie à cause de ses « ambitions démesurées », jure de ne « pas laisser » une nouvelle « guerre civile » se produire en Russie et promet des mesures « fermes » contre la « menace mortelle » posée par la rébellion armée de Wagner. Il admet une situation « difficile » à Rostov.

Dans la matinée, l’armée russe mène, donc, des opérations de « combat » dans la région de Voronej, à mi-chemin entre Moscou et Rostov, selon les autorités locales qui font part d’un important incendie dans un dépôt de carburant et rapportent la présence de miliciens appartenant à Wagner.

Evgueni Prigojine a lui répondu au discours de Vladimir Poutine : « Le président s’est profondément trompé. Nous sommes des patriotes. Personne ne va se rendre à la demande du président, des services de sécurité ou de qui que ce soit. »

À 13 h 30 (heure de Paris), on apprend que les combattants de Wagner sont entrés dans la région de Lipetsk, à 420 km au sud de la capitale. Une annonce faite par les autorités locales qui confirme la progression de la milice vers Moscou. Dans la région de Kalouga, à 180 km au sud de Moscou, les déplacements sont restreints. À Moscou, le maire Sergueï Sobianine juge la situation « difficile » et avertit que la circulation pourrait être bloquée dans certains quartiers de la capitale. Il décrète lundi jour chômé.

Fin des opérations, un succès pour Wagner ?

Peu après à 19 h, ce samedi soir, sur son compte Telegram, Evgueni Prigojine déclare avoir ordonné à ses hommes de retourner dans leurs bases afin « d’éviter un bain de sang ». Il affirme aussi que les combattants de Wagner ont progressé de 200 km en direction de Moscou au cours des dernières 24 heures.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko affirme avoir négocié « l’arrêt des mouvements » de troupes de Wagner et une « désescalade des tensions », selon le canal Telegram officieux de la présidence biélorusse.

La fin des hostilités fut aussi possible suite à une amnistie générale pour les rebelles et leur chef Evgueni Prigojine. Une situation qui laisse Vladimir Poutine en position de faiblesse au lendemain de ce coup de force.

La réaction de la France

Comme nous le signale Franck Ferrari dans le podcast, l’ambiance était beaucoup plus « anxiogène » sur les réseaux sociaux et les médias internationaux que dans les rues du centre-ville moscovite.

Franck Ferrari ©Franck Ferrari

Mais les autorités françaises ont décidé de ne prendre aucun risque et ont donc classé la Russie sur la liste des pays fortement déconseillés.

« Compte tenu de la très forte volatilité de la situation militaire et sécuritaire, ainsi que de la décision prise d’appliquer le régime de l’opération antiterroriste à Moscou et dans certaines régions de la Russie, tout déplacement dans ce pays est formellement déconseillé. « 

Le ministère des Affaires étrangères et européennes sur son site internet

L’ambassade mobilisée

Pour nos compatriotes qui résident sur place, l’ambassade les appelle à une vigilance accrue mais aussi à s’abstenir de tout déplacement sur le territoire russe jusqu’à nouvel ordre et à rester chez eux dans les prochains jours, tant que la situation ne sera pas stabilisée. Un principe de précaution que les Russes appliquent aussi puisque les autorités moscovites ont laissé en place la journée de lundi chômée et les dispositifs de filtrage à l’entrée de la capitale russe.

Pour les Français de Russie qui se trouveraient dans une situation d’urgence avérée, en dehors des heures de bureau, les services des consulats généraux de France restent joignables, sur les numéros de permanence (Consulat général à Moscou : +7 985 767 97 15 ; Consulat général à Saint-Pétersbourg : +7 921 939 70 42). Vous pouvez également leur adresser un courrier électronique à cellule-crise.moscou-cslt@diplomatie.gouv.fr.

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