2019 : l’année du sport féminin en France ?

La France accueille la 8e coupe du monde féminine de football. Jamais un événement sportif n’a semblé si près de sortir le sport féminin de l’ornière populaire et médiatique. Les organisateurs veulent en faire une compétition accessible et familiale. En sport aussi, les femmes sont-elles l’avenir de l’homme?

Mais dès ce mois de février, Roxana Maracineanu, ministre des Sports, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, et Roch-Olivier Maistre, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), ont lancé, la deuxième édition de l’opération « Sport féminin toujours », en présence de la marraine de l’événement, la championne du monde de judo, Clarisse Agbegnenou.

Quelques jours après avoir assisté à la Conférence permanente du sport féminin, dont cette opération est l’une des actions concrètes, Roxana Maracineanu participait ce mardi 5 février au lancement de la deuxième édition de l’événement « Sport Féminin Toujours ». Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et le ministère des Sports se sont une nouvelle associés pour organiser, les 9 et 10 février prochain, ce temps fort de promotion du sport féminin, en partenariat avec le secrétariat d’Etat chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, et avec le soutien du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) et du Comité paralympique et sportif français (CPSF).

« Sport Féminin Toujours » a pour but d’inciter les médias audiovisuels (télévisions et stations de radio) sur l’ensemble du territoire de métropole et d’Outre-mer à intégrer plus de retransmissions sportives, mais aussi plus de sujets, émissions et interviews consacrés au sport féminin et aux actrices du milieu sportif en général. « Cette opération délivre un message précieux et fondamental de liberté, d’égalité et de respect mutuel et nous comptons l’inscrire dans la continuité et dans l’innovation », a souligné le nouveau président du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), Roch-Olivier Maistre :

« Nous attendons une implication plus forte encore de l’ensemble des éditeurs et diffuseurs, car la médiatisation est l’une des clés de voute de l’égalité réelle entre les femmes et les hommes dans le sport, a poursuivi la présidente du groupe de travail « économie, concurrence et sport » du CSA, Nathalie Sonnac. Cette édition 2019 ne sera pas une édition de plus. Le sport féminin représente en moyenne entre 15 % et 18% du volume horaire de diffusion de retransmissions sportives. Notre objectif est de passer la barre symbolique des 20%. »

Un discours ambitieux qui a séduit la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, qui mène depuis son arrivée une politique volontariste contre toutes les formes de discriminations, en faveur du développement du sport féminin et pour l’égal traitement des femmes et des hommes dans le sport. « C’est effectivement un sujet sur lequel je suis très attentive et engagée et la médiatisation reste selon moi un levier puissant pour accroitre le nombre de pratiquantes, lever les freins qui existent encore, notamment dans la pratique fédérale, tout en encourageant la féminisation des instances, a affirmé la ministre. Je suis convaincue que la présence de plus de femmes à des postes à responsabilités pourra apporter une vision nouvelle du sport. Avec une pratique peut-être plus adaptée aux besoins des femmes mais aussi qui saura mettre en valeur le côté éducatif du sport et pas seulement la compétition. »

« Les femmes doivent être plus visibles pour faire naitre des vocations, a confirmé Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations. Et ce n’est pas un sujet qui concerne seulement le sport mais bien tous les champs de la société. »

A l’occcasion de cette  2ème édition de l’opération « Sport féminin toujours »  un baromètre sport Odoxa pour Groupama et RTL se penche cette semaine sur la relation qu’entretiennent les Français avec le sport féminin. Dopée par les handballeuses, l’appétence pour le sport féminin progresse à une vitesse fulgurante. Mais les Français ne sont pas rassasiés : ils jugent massivement qu’il n’est pas assez médiatisé et encouragé par la société.

63% des Français regardent du sport féminin ; +10 points en 6 mois !

52 % Le football, sport féminin le plus suivi (52%), devant le hand en très forte progression (+15 points)

83 % Aussi intéressant et spectaculaire (73%) que son homologue masculin, le sport féminin n’est pas suffisamment médiatisé (88%) et encouragé par la société (78%) selon les Français

74 % Les Français réclament plus de sport féminin (78%) et plus de femmes journalistes sportives (74%)

Il ne reste plus qu’à..

En effet, la médiatisation est le facteur clé pour faire évoluer le sport. Elle tient une place intégrante dans le sport. Le concept spectacle sportif révolutionne le monde actuel puisque le sport fait maintenant partie des enjeux économiques. Mais la place réservée du sport féminin par les médias reste très minime, quasi invisible. La femme tient une position « d’objet-support » du fantasme masculin. Ce n’est que le paraître qui intéresse (Labridy, 1978). En effet, la femme doit encore lutter contre les stéréotypes de l’image de la femme rangée, réservée, attachée à son foyer et à ses enfants. Elle doit être élégante et gracieuse dans la pratique féminine. La circulaire du 27 octobre 1892 a interdit le port d’habit masculin afin de respecter ces règles. La femme doit se battre à la fois contre les stéréotypes féminins et masculins.

En effet, d’une part les représentations féminines définissent la femme comme une personne très émotive, parfois incontrôlable et excessive. Ces termes sont justifiés par les cris lors du combat ou des larmes lors des défaites. Mais ces différentes qualifications ne sont jamais utilisées par les journalistes comme un obstacle à la performance. Les jeunes filles sont décrites comme capricieuses, élément contraire à l’activité physique. Les journalistes s’attachent donc plus à décrire des portraits quotidiens de la femme au détriment de son parcours sportif en lui-même. Ils aiment faire des reportages sur la beauté féminine comme si la femme neutralisait la sportive. Une évolution à ce sujet serait intéressante d’apporter car l’inégalité est flagrante.

La rédaction

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