Des centaines de milliers de manifestants ont défilé ce jeudi 06 avril 2023 dans les rues de France pour cette onzième journée d’opposition à la réforme des retraites, même si la mobilisation affiche de nouveau une légère baisse, elle reste importante. A l’étranger, les vacances scolaires dans de nombreux établissements scolaires à travers le monde a réduit, fortement, l’impact du mouvement. Partie remise ou essoufflement ?
La Rotonde en feu
A Paris, le lancement de la manifestation a été marquée par un départ de feu sur la devanture de la brasserie La Rotonde, dans le quartier de La Muette à Paris (16). Cet établissement est connu pour être celui dans lequel Emmanuel Macron avait fêté sa victoire au premier tour de l’élection présidentielle de 2017.
Peu après, des personnes ont réussi à pénétrer dans une banque sur le parcours de la manifestation parisienne. L’établissement s’était barricadé mais la protection n’a pas arrêté l’entrée. Un feu a également été déclenché devant cette banque.
Dans le cortège parisien, il y a eu au moins deux blessés du côté des forces de l’ordre. Une femme policière de 29 ans est restée quelques secondes inconsciente après avoir pris un pavé sur la tête, elle portait son casque. Elle va être conduite à l’hôpital. Une femme gendarme a, elle, reçu un projectile à l’oeil et souffrirait d’un trauma. Elle doit aussi être transportée à l’hôpital. Au moins un manifestant a également été blessé au niveau du métro Vavin.
Ces violences ont conduit à l’interpellation de 20 personnes dans la capitale. La diminution du nombre de participants, 400 000 contre près de 800 000 selon les syndicats le 28 mars, a permis à des éléments extrémistes de « mieux » infiltrer la manifestation.
En province, recul de la mobilisation
Si à Paris ils étaient tout de même encore très nombreux, les manifestants contre la réforme des retraites étaient moins mobilisés ce jeudi dans de nombreuses villes de province. À Rennes, la préfecture n’a compté que 8500 manifestants (contre 13.600 le 28 mars) et les syndicats 20.000, contre 25.500. Même tendance à l’essoufflement à Nantes (15.000 à 50.000 personnes) et Brest (10.000 à 18.000), mais aussi à Nice (2400 à 20.000) et Marseille (10.000 à 170.000), ou encore à Clermont-Ferrand (7500 à 20.000).
Quelques villes faisaient cependant de la résistance et affichaient une participation du même ordre que le 28 mars, en particulier à Lyon (13.000 à 30.000) et Perpignan (4700 à 15.000).
A l’étranger, net recul de la mobilisation
Comme souvent dans les conflits sociaux, et en particulier chez les Français de l’étranger, ce sont les établissements scolaires qui sont le moteur de la contestation. Et pour cette 11ème journée de mobilisation contre la réforme des retraites, de nombreux Lycées, collèges et écoles étaient en vacances.
L’impact fut immédiat puisque dans des pays comme l’Allemagne, pourtant fortement mobilisée les semaines prochaines, avec des actions en dehors des établissements comme nous vous les avons relayées dans notre article de la semaine dernière.
On notera tout de même que les organisations syndicales ou politiques avaient anticipé la situation avec des rendez-vous au cours du derniers jour pour apporter un soutien aux Français de l’hexagone en grève ce jeudi 06 avril et renforcer la solidarité avec les grévistes passés et à venir dans ces établissements.
Ainsi les responsables de la Nupes à Berlin, lors d’un cinéma solidaire, ont récolté plus de 1000 euros pour les caisses de grève.
Dans les établissements qui n’étaient pas en vacances, les remontées sont plutôt en berne. Ainsi 32% des détachés à Santiago du Chili étaient en grève tandis qu’au Caire, ils n’étaient que 27% des détachés du secondaire du Lycée à avoir débrayé. A Montréal, c’est la météo qui a joué contre les opposants, une alerte au blizzard a paralysé la région alors que près de 50% des professeurs des petits classes s’étaient déclarés grévistes.
Pour l’UNSA Éducation, le message à retenir c’est tout de même que la colère reste très forte, selon Adrien Guinemer, Chargé de mission UNSA Education « Hors de France » : AEFE, MLF, MEAE. Dans un baromètre réalisé par l’organisation syndical qui paraîtra dans quelques jours, l’UNSA nous indique qu' » un malaise profond dans la profession » s’est installé.
« Pour la onzième année consécutive, avec ce baromètre, nous avons posé les même 15 questions aux personnels de l’éducation. La Première ministre et le Président portent une lourde responsabilité de ne pas entendre l’ampleur du rejet de cette réforme et la fracture que cela crée dans la société.«
Adrien Guinemer, Chargé de mission UNSA Education « Hors de France » : AEFE, MLF, MEAE
L’intersyndicale a annoncé une nouvelle journée d’action jeudi prochain, le 13 avril 2023. L’opposition entre forces syndicales et de gauche contre le gouvernement s’installe dans la durée…
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