Un préavis de grève a été déposé au sein du ministère des affaires étrangères pour ce 02 juin 2022. L’objectif ? S’opposer à la réforme de la haute hiérarchie du corps diplomatique. Celle-ci, actée par décret, entre les deux tours du scrutin présidentiel, met fin au corps diplomatique.
Plus qu’une simple disposition administrative, les fonctionnaires formés à la diplomatie pourraient être non seulement contraints de quitter la diplomatie pour poursuivre leur carrière, éventuellement dans d’autres ministères, mais aussi faire face à la concurrence, pour des postes en ambassade, de non-diplomates. Une flexibilité qu’ils ne veulent pas laisser au gouvernement.
Quels corps diplomatiques sont supprimés ?
Les deux plus hauts corps diplomatiques -celui des conseillers des affaires étrangères et celui des ministres plénipotentiaires – sont donc supprimés.
Jusqu’à leur disparition, ces deux corps diplomatiques étaient composés des hauts fonctionnaires du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Cela représentait moins de 1.000 personnes. Les diplomates commençaient leur carrière après la sortie de l’ENA ou grâce à leur réussite du concours d’Orient. Ce statut en poche, ils faisaient ensuite leur chemin au ministère.
Les conséquences de la réforme ?
Ce décret est la conséquence de la création d’un corps des administrateurs de l’État composé de hauts fonctionnaires amenés à travailler dans de multiples ministères tout au long de leur carrière.
Un tel système pourrait ainsi faciliter la nomination de figures politiques en lieu et place de diplomates de formation, compliquant le début de carrière des nouveaux entrants dans la profession. Pour les syndicats, c’est une politisation de l’administration qui est déjà visible dans d’autres domaines. Ainsi, au sein de l’Éducation nationale, c’est le seuil de nomination des recteurs ne disposant pas d’habilitation à diriger des recherches qui avait été relevé en douce sous le quinquennat d’Emmanuel Macron.
Certaines figures du ministère, à l’instar de l’ancien ambassadeur aux Etats-Unis et à l’ONU Gérard Araud, redoutent ainsi la généralisation en France de nominations de confort ou de réseau, inspirées de la pratique américaine. Ils dénoncent un risque de démantèlement de l’outil diplomatique français.
Les conséquences de la grève
Pour les expatriés, la grève ne devrait pas avoir de conséquences directes, le mouvement pour l’instant reste circonscrit au ministère des affaires étrangères et ne sera pas suivi par le personnel des consulats.
Une grève donc très technique dont les politiques, en pleine campagne électorale, ne font pas écho. Seul Jean-Luc Mélenchon a publiquement pris position contre cette disparition des corps diplomatiques. Dès mars il signait la pétition lancée par des agents du ministère pour attirer l’attention sur ce changement.
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