Yan Chantrel, en toute confidence, « sans moyen financier, les vœux sont pieux »

Yan Chantrel, en toute confidence, « sans moyen financier, les vœux sont pieux »

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Le sénateur Yan Chantrel, élu des Français de l’étranger, est au micro d’« en toute confidence ».  Pour Lesfrançais.press, le parlementaire revient, entre autres, sur les réformes législatives à venir concernant les expatriés français. Il aborde également les questions budgétaires, « sans moyen financier, les vœux sont pieux », et l’avenir des retraites. Il partage aussi sa position sur les relations diplomatiques de notre pays avec le Canada et les États-Unis. Enfin, observant la législation canadienne sur la « fin de vie », il propose que la France puisse s’en inspirer.

La réforme des Français de l’étranger : une priorité budgétaire

Lors de la dernière session plénière de l’AFE (Assemblée des Français de l’étranger) en mars dernier, Laurent Saint-Martin, le ministre délégué au Commerce extérieur et aux Français de l’étranger, a annoncé la présentation au Premier Ministre, pour le second semestre 2025, d’un projet de loi sur les Français de l’étranger. Mais que devrait comporter ce texte ? Selon, Yan Chantrel, les réformes qui s’imposent ne peuvent être que budgétaires. Lors de son interview, le sénateur a insisté sur la nécessité de renforcer les moyens financiers alloués aux services consulaires, à l’enseignement français à l’étranger, ainsi qu’aux bourses scolaires.

« Le cœur du problème est la politique budgétaire. On peut mettre en place toutes les politiques que l’on souhaite, mais si les moyens diminuent, ce sont alors des vœux pieux et creux. »

Pour le parlementaire membre du Parti Socialiste (PS) : « le cœur du problème est la politique budgétaire. On peut mettre en place toutes les politiques que l’on souhaite, mais si les moyens diminuent, ce sont alors des vœux pieux et creux ». Les bourses scolaires, les aides sociales, et surtout le financement de la Caisse des Français de l’étranger (CFE) doivent être des priorités, défend notre interlocuteur du jour.

Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat
Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat

D’ailleurs, concernant cette caisse d’assurance sociale pour les expatriés, la participation de l’État français à la CFE est à revoir à la hausse pour notre invité : « pour l’instant elle est peanuts » constate ainsi le sénateur, tout en précisant : « la CFE vit des difficultés, il est indispensable d’opérer des réformes législatives et de prévoir un amendement financier plus conséquent pour en faire une véritable caisse de solidarité pour nos compatriotes établis hors de France. »

Les retraites des Français de l’étranger : un groupe de travail toujours attendu

Un autre grand sujet de préoccupation pour Yan Chantrel est la question des retraites des expatriés français. Il y a des « ruptures d’égalités et des vraies difficultés » dans certains cas, indique le parlementaire. Aussi, lors des débats sur ce texte au Palais du Luxembourg, le sénateur avait demandé la création d’un groupe de travail spécifique aux Français de l’étranger. Bien que le gouvernement ait donné son accord en 2023, aucune avancée n’a été faite depuis, en partie à cause des changements politiques.

« Il y a des spécificités liées à la carrière des expatriés, et des inégalités de traitement. Ce groupe de travail transpartisan permettrait de mettre tout sur la table. »

Toutefois, Yan Chantrel a « espoir » que ce groupe puisse se former. Il explique qu’ «  il y a des spécificités liées à la carrière des expatriés, et des inégalités de traitement. Ce groupe de travail transpartisan permettrait de mettre tout sur la table.  (…) Le gouvernement s’était engagé ».

Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat
Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat

Et il ajoute : « il faut véritablement prendre à bras-le-corps les spécificités des Français de l’étranger pour mettre fin aux injustices qu’ils peuvent subir au niveau de leurs retraites. »

Services consulaires : des économies qui affectent la qualité des services

Autre point abordé par le sénateur, celui des services consulaires. Il exprime notamment son inquiétude face à la diminution du budget alloué à l’administration des Français à l’étranger. Selon lui, cette baisse a un impact direct sur la qualité rendue aux expatriés. Pour l’ancien élu consulaire du Canada, les moyens alloués à nos consulats sont en baisse constante et cela se ressent sur le terrain. Il faudrait « mettre un coup d’arrêt à cette politique d’austérité du gouvernement » exprime-t-il.

« La numérisation est une bonne chose, mais tout le monde n’y a pas accès. Il est essentiel de maintenir le lien humain pour répondre aux problématiques spécifiques. »

Bien que des initiatives comme la numérisation des démarches administratives soient saluées par Yan Chantrel, il reste cependant critique : cela ne doit pas remplacer la relation humaine avec le service public : « la numérisation est une bonne chose, mais tout le monde n’y a pas accès. Il est essentiel de maintenir le lien humain pour répondre aux problématiques spécifiques. »

Relations franco-canadiennes : un partenariat à renforcer

Note invité se confie aussi sur les relations diplomatiques entre la France et le Canada, notamment avec la récente visite officielle du Premier ministre canadien, Mark Carney, à Paris. Yan Chantrel, qui préside le groupe d’amitiés au Sénat France-Canada, voit dans cette visite un signal fort de rapprochement.

Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat
Yan Chantrel, sénateur des Français de l'étranger @Sénat

D’ailleurs, notre interlocuteur souligne un point : « Le fait que le Premier ministre canadien ait choisi la France pour sa première visite officielle témoigne d’un acte majeur. C’est d’ailleurs la première fois qu’un Premier Ministre canadien ne se rend pas aux États-Unis pour sa première visite officielle »

« Le Canada a pris de l’avance sur des sujets de société, comme la question de la fin de vie. La France pourrait s’en inspirer »,

Et face à Donald Trump, Yan Chantrel déplore une France trop timide : « La France doit parler fort. Donald Trump est arrivé mieux préparé que la première fois. Il a un plan. Il essaie de détruire tout ce qui a été construit depuis la fin de la seconde guerre mondiale au niveau des relations internationales ». Or, dans cette situation il estime aussi que le Président Macron commet une faute : « Il faut arrêter de croire que les relations interpersonnelles pourraient faire entendre raison à Donald Trump. Celui-ci ne connaît que le rapport de force », constate-t-il.

S’inspirer du Canada pour la législation française

Puis, lorsqu’on demande à notre invité quel dispositif canadien pourrait inspirer la législation française, Yan Chantrel cite la législation sur la fin de vie, que le Canada a adoptée bien avant la France. « Le Canada a pris de l’avance sur des sujets de société, comme la question de la fin de vie. La France pourrait s’en inspirer », conclut notre invité, en soulignant que ce débat est un sujet crucial qui tarde à avancer en France.

Enfin, le sénateur partage sa position sur la décision de justice rendue à l’égard de Marine Le Pen. Yan Chantrel dit, entre autres, « la loi est la même pour toutes et tous sans exception ».

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