Au nom de la transition écologique, le budget 2024 de la France, présenté mercredi 27 septembre 2023, prévoit une nouvelle taxe sur les concessions d’autoroute et les grands aéroports, à partir d’un certain niveau de chiffre d’affaires.
5 aéroports concernés
La taxe se limite aux entreprises dont le revenu d’exploitation dépasse 120 millions d’euros et la rentabilité moyenne des dernières années 10 %. Les aéroports parisiens et ceux de Nice, Marseille et Lyon sont concernés.
Baptisée « impôt sur les infrastructures de transport de longue distance », cette taxe doit rapporter, en tout, 600 millions d’euros par an dès 2024. Concrètement, cette taxe vise à « faire en sorte que ceux qui polluent davantage contribuent davantage », a résumé le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire.
L’aéroport de Paris a fait ses calculs. Pour 2024, cette nouvelle taxe devrait lui coûter 90 millions d’euros. Le groupe n’entendant pas payer seul cette taxe, il va en répercuter une grande partie (75 %) sur les compagnies aériennes à travers les redevances qu’elles versent au concessionnaire.
Des redevances payées pour l’atterrissage et le stationnement des avions, mais aussi pour la mise à disposition de banques d’enregistrement et d’embarquement et d’installation de traitement des bagages.
En bout de chaîne, les passagers seront forcément mis à contribution. « Nécessairement, quand vous avez une fiscalité qui augmente d’une telle ampleur, il y a une répercussion sur le prix des billets. Il faut savoir que le passager paye l’essentiel, au final, des coûts qu’il peut y avoir dans le secteur », a expliqué sur Franceinfo Thomas Juin, président de l’Union des aéroports français.
La nouvelle taxe sur les grands aéroports va se répercuter sur le coût des billets d’avion.
Des prix qui augmentent depuis 2021
Une augmentation de plus à venir : sur les sept premiers mois de l’année, la hausse cumulée du prix des billets d’avion est de 14,3 % après plus de 20 % en 2022. Interrogée à ce sujet sur RTL ce jeudi, Anne Rigail, la directrice générale d’Air France, a confirmé que « dans les années à venir, avec la transition environnementale et l’ambition de décarbonation, il faudra effectivement payer un peu plus cher ses billets d’avion ».
La hausse des tarifs à la suite de la taxe sur les aéroports serait toutefois « échelonnée sur deux à trois ans, afin de contenir son effet pour les compagnies aériennes et respecter le principe, prévu par la loi, d’une évolution « modérée » des tarifs d’une année sur l’autre », annonce ADP dans un communiqué.
Les low-cost préservées ?
Cette augmentation du billet ne devrait cependant pas toucher toutes les compagnies de la même façon. Air France s’en inquiète dans un communiqué, dénonçant des distorsions de concurrence : « Les compagnies étrangères comme Ryanair, qui desservent la France depuis des aéroports comme Beauvais, ne subiraient pas les effets de cette taxation. »
La taxe pourrait aussi inciter certaines compagnies à changer de crémerie, comme l’explique Arnaud Aymé, spécialiste des transports chez Sia Partners, au Figaro . À Lyon, par exemple, dont la concession revient à Vinci, les compagnies aériennes pourront tout à fait « faire le choix de desservir l’aéroport de Genève, situé pas très loin, plutôt que de payer plus cher ».
Autre point à prendre en compte selon lui : « Un aéroport n’est pas seulement un endroit de débarquement, mais aussi un endroit d’escale. Or si les redevances d’ADP deviennent dissuasives, nul doute que les compagnies aériennes choisiront un autre aéroport pour leurs correspondances. »
Rappelons que le secteur aérien est responsable de 2,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. À titre de comparaison, un pays comme la France représente 1 % des émissions de la planète. Les trajets aériens représentent donc à eux seuls l’équivalent de 2,5 fois les émissions de la France. Et la moitié de la pollution du secteur aérien n’est liée qu’à 1 % de la population mondiale.