Vladimir Poutine attend Donald Trump pour négocier l’avenir de l’Ukraine sans l’UE, selon le président tchèque

Vladimir Poutine attend Donald Trump pour négocier l’avenir de l’Ukraine sans l’UE, selon le président tchèque

Le président russe Vladimir Poutine attend les élections américaines de 2024 dans l’espoir de négocier l’avenir de la guerre en Ukraine avec Donald Trump, et ce, sans l’implication d’aucun pays européen, a déclaré le président tchèque Petr Pavel.

En parallèle, la Finlande, dont l’adhésion à l’OTAN a été fortement critiquée par Moscou, a accordé à l’armée américaine un accès illimité aux installations militaires proches de la frontière finno-russe.

« Le président Poutine a clairement fait savoir qu’il ne pouvait être question de pourparlers de paix avant le résultat des élections aux États-Unis. Il a donc clairement indiqué que pour lui, le partenaire pour d’éventuelles négociations n’est autre que les États-Unis et aucun des grands pays européens », a déclaré Petr Pavel au site d’information Seznam Zprávy lors d’une interview.

M. Pavel a averti que si Donald Trump remportait les élections présidentielles américaines, M. Poutine pourrait tenter de négocier avec lui « indépendamment de ce que pensent l’Ukraine ou le reste de l’Europe ».

Selon le président tchèque, de telles négociations entre M. Poutine et M. Trump pourraient conduire à « une sorte de compromis qui ramènerait théoriquement la Russie au statut d’acteur clé et les autres devront d’une manière ou d’une autre s’en accommoder ».

M. Pavel, qui a exercé de 2015 à 2018 le poste de président du Comité militaire de l’OTAN avant de devenir président de la République tchèque en janvier 2023, soutient fermement l’Ukraine, mais semble assez sceptique quant à l’évolution de la guerre que mène actuellement la Russie dans le pays, affirmant que le monde devra bientôt faire face à « une nouvelle situation ».

« Nous avons beaucoup à faire, car l’évolution du conflit en Ukraine montre qu’il est très probable que nous assistions à des développements significatifs l’année prochaine. Et tout indique pour l’instant que ce ne sera pas dans le meilleur sens du terme, comme nous le souhaiterions », a déclaré le président tchèque lors de l’entretien.

Les remarques de M. Pavel font écho à une déclaration faite au début du mois par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui s’attendait à de « mauvaises nouvelles » sur le front ukrainien.

De son côté, Donald Trump a affirmé que s’il était réélu, il résoudrait la guerre en Ukraine dans les 24 heures.

Les analystes à Bruxelles estiment qu’une victoire de Donald Trump affaiblira très probablement la position de l’Ukraine et devrait être perçue comme un signal d’alarme pour l’Europe pour renforcer son autonomie stratégique en matière de défense.

Sur le plan politique, à l’exception des partis d’extrême droite, les acteurs politiques européens ne disposent pas d’un canal de communication ouvert avec M. Trump.

Traditionnellement, les démocrates américains s’alignent sur les libéraux et le centre gauche de l’UE et les républicains américains sur le centre droit de l’UE (Parti Populaire Européen/PPE).

Cependant, avec M. Trump à la barre, les républicains américains n’ont plus leurs alliés du PPE à bord. Sous la direction actuelle du PPE, toutes les relations avec les républicains ont été gelées.

Cet isolement inclut l’Union démocrate internationale (IDU), qui promeut les politiques conservatrices à travers le monde et soutient Donald Trump, a récemment déclaré à Euractiv une source haut placée du PPE.

Vladimir Poutine
Le président russe Vladimir Poutine attend les élections américaines de 2024 dans l’espoir de négocier l’avenir de la guerre en Ukraine avec Donald Trump. [ALEXANDER KAZAKOV / SPUTNIK / KREMLIN POOL]

La Finlande autorise les soldats américains à se rapprocher de la frontière russe

En parallèle, la Finlande et les États-Unis ont signé lundi un accord de défense permettant à l’armée américaine d’accéder sans restriction aux installations militaires situées à proximité de la frontière finno-russe.

Le gouvernement russe a critiqué à plusieurs reprises l’adhésion de la Finlande à l’OTAN, mettant en garde contre le risque d’une nouvelle escalade du conflit.

Bien que Vladimir Poutine ait souligné qu’il n’était pas dans l’intérêt de Moscou d’être en conflit avec l’OTAN, il a déclaré dans une interview accordée à la télévision publique russe que l’adhésion de la Finlande à l’OTAN créait des problèmes.

« L’Occident a pris la Finlande et l’a traînée dans l’OTAN. Pourquoi ? Tous les problèmes que nous avions avec la Finlande ont été résolus il y a longtemps. Il n’y avait pas de problèmes, mais maintenant il y en aura », a déclaré M. Poutine.

L’accord comprend 15 installations et zones auxquelles l’armée américaine aura un accès illimité et qu’elle pourra utiliser pour stocker du matériel militaire et des munitions. Parmi elles, quatre bases aériennes finlandaises, un port militaire et un accès ferroviaire au nord de la Finlande, où l’armée américaine pourra utiliser une zone de stockage.

« L’accord rendra la coopération et les opérations plus faciles et plus rapides à organiser en temps de paix. Il sera également vital en temps de crise », a déclaré la semaine dernière la ministre finlandaise des Affaires étrangères, Elina Valtonen, lors de l’annonce de l’accord.

Certains des sites auxquels les États-Unis auront accès se trouvent à quelques heures de route de la frontière avec la Russie, qui est actuellement fermée en raison de l’envoi présumé par la Russie de demandeurs d’asile à la frontière dans le cadre de ce que les autorités finlandaises ont qualifié d’« attaques hybrides russes ».

La Finlande n’est pas la seule à avoir signé un tel accord avec les États-Unis, puisque la Suède a signé un accord similaire le 6 décembre. L’accord conclu avec Stockholm permet aux forces américaines d’accéder à 17 sites et installations, dont quatre bases aériennes, un port et cinq camps militaires.

Toutefois, contrairement à la Finlande, la Suède attend toujours le feu vert de tous les États membres de l’OTAN pour devenir membre de l’organisation.

Les États-Unis ont également conclu des accords similaires avec la Norvège, la Bulgarie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Slovaquie, la République tchèque, la Hongrie et l’Estonie, et le gouvernement danois est également en train de négocier une coopération similaire avec les États-Unis.

La présence américaine en Finlande pourrait devenir permanente, mais aucune mesure n’est actuellement prévue à cet effet, selon le gouvernement finlandais.

Toutefois, l’accord stipule que la Finlande n’autorisera pas le stockage ou le transport d’armes nucléaires, d’armes biologiques ou de mines antipersonnel sur son territoire.

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