Vieillissement de la population : la Commission européenne appelle les États membres à s’adapter

Vieillissement de la population : la Commission européenne appelle les États membres à s’adapter

La Commission européenne a appelé les États membres à adapter leurs politiques à l’allongement de l’espérance de vie des citoyens, mais n’a fait aucune proposition concrète et a évité d’aborder des sujets controversés tels que le relèvement de l’âge de la retraite.

À l’heure où les millions de travailleurs nés dans les années 1950 et 1960, pendant la période du « baby-boom », commencent à prendre leur retraite, les pays européens vont avoir du mal à remplacer le personnel hautement qualifié, alors qu’ils sont déjà confrontés à des pénuries de main-d’œuvre dans tous les secteurs. Et cela ne concerne pas uniquement les métiers spécialisés.

« Les tendances sont évidentes : baisse des taux de natalité, vieillissement rapide, diminution de la population en âge de travailler, pénurie de compétences », a expliqué Dubravka Šuica, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Démocratie et de la Démographie, à Euractiv.

Tout cela conduit à un « énorme fossé sur le marché du travail », ce qui accroît la pression sur les entreprises et les finances publiques, car le nombre de retraités augmente alors que les pensions et les cotisations sociales diminuent.

Certaines régions, en particulier les zones rurales, subissent également un exode des jeunes, ce qui pose des problèmes supplémentaires. Dans le pire des cas, cela pourrait conduire à ce que « les gens se sentent délaissés et abandonnés ».

« Ils n’ont plus confiance dans les institutions démocratiques et commencent à voter différemment, c’est-à-dire, pour les populistes », avertit Mme Šuica.

Mercredi (11 octobre), elle a présenté une liste de mesures qui pourraient être prises pour remédier à cela, la préoccupation principale étant d’« utiliser le capital humain existant de la meilleure façon possible », a expliqué la commissaire.

Par exemple, il faut faciliter l’accès au marché du travail aux femmes, en offrant de meilleures structures de garde d’enfants.

« Huit millions de femmes sont exclues du marché du travail », a-t-elle souligné. Si les femmes ne peuvent pas travailler parce qu’elles doivent s’occuper de leurs enfants ou de leurs parents, c’est « inacceptable », a déclaré le vice-président de la Commission.

Cependant, la Commission n’a pas pu donner de lignes directrices concrètes aux États membres car « c’est aux États membres, aux régions et aux villes de décider ».

Vieillissement de la population
Dubravka Šuica, vice-présidente de la Commission européenne chargée de la Démocratie et de la Démographie. [EPA-EFE/OLIVIER HOSLET/shutterstock]

Le sujet sensible de l’âge de la retraite

La commissaire européenne a ajouté qu’un autre élément important serait d’inciter les travailleurs âgés à continuer à exercer leur emploi par choix.

« Nous vivons beaucoup plus longtemps qu’avant », a déclaré Mme Šuica, soulignant que l’augmentation de l’espérance de vie constituait un avantage social majeur. « Nous pensons que les personnes âgées recèlent un énorme potentiel. »

« Il y a beaucoup de gens qui aimeraient continuer à travailler, mais c’est impossible parce que nous ne sommes pas flexibles », a ajouté la commissaire.

Toutefois, la Commission s’est abstenue de formuler des propositions plus controversées, notamment le relèvement de l’âge de la retraite, par crainte d’un retour de bâton.

Nous ne voulons pas des « “gilets jaunes” dans tous les pays européens », a déclaré Mme Šuica, en référence à la France, où le passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans a suscité d’importantes protestations.

Dans son rapport, l’exécutif européen se contente de lister les mesures déjà prises par les pays de l’UE en réponse au problème et reste plutôt vague.

Selon le vice-président de la Commission, il incomberait aux États membres de choisir les mesures qui leur conviendraient le mieux.

L’immigration

L’immigration joue également un rôle important, a tenu à rappeler Mme Šuica, tout en insistant sur le fait qu’elle parle d’immigration légale et non illégale.

Il ne faut pas confondre les réfugiés et les demandeurs d’asile avec les immigrants sur le marché du travail, a-t-elle ajouté. « Je ne proposerais pas de rendre l’illégal légal », a-t-elle assuré, rejetant les propositions visant à faciliter l’accès au marché du travail pour les demandeurs d’asile dont la demande est rejetée.

« Les migrants illégaux devraient être renvoyés », a-t-elle affirmé, faisant référence aux négociations sur le nouveau pacte européen sur l’immigration et l’asile, que les propositions en lien avec le vieillissement de la population ne devraient pas compliquer.

Si la Commission souhaite voir davantage de travailleurs qualifiés venir en Europe, elle est également consciente des craintes que cela ne crée une « fuite des cerveaux » dans les pays d’origine des migrants. Cela a récemment été le cas en Albanie, où le gouvernement tente à présent d’empêcher les médecins et les infirmières de partir vers des pays tels que l’Allemagne.

Toutefois, les étrangers qualifiés pourraient retourner dans leur pays d’origine après un certain temps et y améliorer la situation, a souligné la commissaire, précisant que « nous ne voulons pas créer une fuite des cerveaux », mais « un gain de cerveaux, une circulation des cerveaux, une fertilisation croisée des cerveaux ».

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