Ursula von der Leyen a entamé des discussions avec le groupe des Verts/ALE lundi (1er juillet), après des négociations avec les socialistes et les libéraux, pour s’assurer le soutien de leurs eurodéputés lors du vote de confirmation de sa candidature pour la présidence de la Commission européenne qui aura lieu mi-juillet au Parlement européen.
Le Parti populaire européen (PPE) a une nouvelle fois remporté la majorité des sièges au Parlement lors des élections européennes de juin. Leur tête de liste, la présidente sortante de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a ensuite été désignée par les dirigeants de l’UE pour prendre les rênes du prochain exécutif, jeudi dernier (27 juin).
Pour obtenir un second mandat à la tête de la Commission cependant, l’Allemande doit encore être confirmée par une majorité simple d’eurodéputés (361 voix) lors d’un vote au Parlement européen qui aura lieu à la mi-juillet.
Elle est donc entrée la semaine dernière dans la troisième phase de sa campagne électorale, tentant de rallier le soutien de la coalition centriste formée par le PPE avec les Socialistes et Démocrates européens (S&D) et les libéraux de Renew Europe, qui disposent à eux trois d’environ 400 sièges.
Ursula von der Leyen a ainsi rendu visite à la présidente de Renew, Valérie Hayer, et à la présidente du groupe S&D, Iratxe García, pour des négociations, mais leur soutien pourrait s’avérer insuffisant pour obtenir la majorité car certains partis nationaux au sein des groupes S&D, Renew, mais également au sein de son propre groupe, le PPE, pourraient s’opposer à son second mandat. C’est notamment le cas du parti français Les Républicains (PPE) et du Parti libéral démocrate allemand (FDP, Renew).
Toutefois, il semblerait que la responsable politique allemande ne mise pas uniquement sur le soutien de ces trois groupes. « Je tendrai la main à d’autres [partis] », avait-elle déclaré le 28 juin après sa nomination par les dirigeants européens.
Le programme pour la prochaine législature
En se basant sur les priorités de son parti, les demandes des socialistes et des libéraux, et d’autres partenaires potentiels, Ursula von der Leyen élaborera ses « orientations politiques » avant le vote de confirmation qui devrait avoir lieu lors de la première session plénière du Parlement à Strasbourg le 18 juillet.
Le PPE, les S&D et Renew planchent cette semaine sur leurs propres souhaits pour la prochaine législature, et le cœur des négociations avec Ursula von der Leyen est prévu pour la semaine prochaine. Le PPE a déjà fait savoir qu’il souhaitait des changements politiques sur la compétitivité, l’externalisation de la migration et les objectifs climatiques.
Parallèlement à cela, Ursula von der Leyen a tendu la main aux Verts, puisque les coprésidents du groupe, Bas Eickhout et Terry Reintke, se sont rendus au siège de la Commission, le Berlaymont, lundi soir, pour des discussions. Les Verts ont répété à plusieurs reprises qu’ils étaient prêts à faire des compromis concernant leurs souhaits pour les orientations politiques de la prochaine Commission afin de faire partie de la majorité d’Ursula von der Leyen.
« Nous avons conclu qu’il y avait de nombreux points sur lesquels nous pouvions vraiment nous rapprocher les uns des autres », a confié Bas Eickhout à Euractiv, soulignant qu’il ne fallait pas faire marche arrière sur le Pacte vert sur l’Europe (Green Deal), la neutralité climatique, l’adaptation au changement climatique, l’État de droit et la politique industrielle.
« Bien sûr, nous devons entrer dans les détails dont nous n’avons pas encore discuté », a-t-il ajouté.
Toutefois, le fait d’intégrer les Verts dans les négociations pourrait susciter un certain malaise au sein du PPE, d’autant plus que certains partis membres du groupe de centre droit considèrent les écologistes comme des partenaires peu fiables.
Ursula von der Leyen envisagerait également de courtiser La Gauche (GUE/NGL), puisque des sources du groupe ont indiqué qu’une rencontre devrait avoir lieu à Strasbourg pendant la plénière de mi-juillet.
Quid de Giorgia Meloni ?
Reste à savoir si Ursula von der Leyen tendra la main au groupe d’extrême droite des Conservateurs et Réformistes européens (CRE), qui est devenu le troisième groupe au Parlement européen, dépassant Renew. Les CRE rassemblent notamment le parti polonais Droit et Justice (PiS) ou encore Fratelli d’Italia, le parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Les socialistes ainsi qu’un certain nombre de libéraux se sont dits réticents à collaborer avec le groupe d’extrême droite.
Le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, du parti Forza Italia affilié au PPE, a quant à lui déclaré que sa famille politique européenne devait travailler avec les Conservateurs et Réformistes, groupe dont son partenaire de coalition au gouvernement italien fait partie.
Ursula von der Leyen a répété au cours de sa campagne que ses trois lignes rouges pour la collaboration avec n’importe quel parti étaient qu’il devait être pro-Ukraine, pro-UE et respecter l’État de droit.
La responsable politique allemande avait précédemment affirmé que Fratelli d’Italia serait un partenaire acceptable, mais elle ne s’était pas exprimée sur l’entièreté du groupe CRE.
Les Conservateurs et Réformistes se réunissent en Sicile cette semaine afin de définir leurs priorités et leurs demandes pour la législature européenne 2024-2029, et une réunion avec Ursula von der Leyen pourrait avoir lieu la semaine prochaine.
Cependant, les socialistes, les libéraux et les Verts ont déclaré à plusieurs reprises au cours de la campagne qu’ils ne soutiendraient pas la réélection d’Ursula von der Leyen si elle tendait la main à Giorgia Meloni et au groupe CRE.
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