Les négociations sur un nouvel accord du Brexit seraient entrées dans une phase cruciale. En effet, les autorités européennes et britanniques semblent se rapprocher d’un accord ultime qui éviterait une sortie chaotique du Royaume-Uni le 31 octobre.
Les négociateurs ont obtenu le feu vert pour entrer dans un « tunnel de négociations » — une expression du jargon diplomatique signifiant que les négociations continueront à huis clos entre un petit groupe de négociateurs, et ce, dans le plus grand secret — en vue de présenter un accord avant le sommet européen des 17 et 18 octobre.
Les négociations paraissaient être vouées à l’échec plus tôt dans la semaine après que le gouvernement britannique avait annoncé « que conclure un accord relevait du domaine de l’impossible », mais elles ont toutefois été ranimées après la réunion du 10 octobre entre le Premier ministre britannique, Boris Johnson et le Taoiseach irlandais, Leo Varadkar.
Le 11 octobre, Michel Barnier, le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit, s’est voulu philosophe après la réunion avec son homologue britannique, Stephen Barclay, en déclarant que « négocier le Brexit, c’est comme gravir l’Everest. Vous devez être vigilants, déterminés et patients ».
Le retrait du Royaume-Uni est prévu le 31 octobre et Boris Johnson a martelé à plusieurs reprises que son pays sortirait avec ou sans accord.
Deux jours avant la réunion irlando-britannique, les conseillers du locataire du 10, Downing Street, avaient déclaré « que négocier un accord était une peine perdue », à la suite d’une réunion peu concluante avec la chancelière allemande, Angela Merkel.
Les conclusions britannico-irlandaises ont été bénéfiques pour les marchés financiers, avec la livre sterling atteignant son niveau le plus haut de ces six derniers mois par rapport à l’euro et au dollar.
Toutefois, les concessions qui ont été faites ou qui le seront sûrement bientôt restent vagues et plusieurs déclarations publiques laissent entendre que la situation reste inchangée.
Après les réunions de Boris Johnson, la Commission européenne a campé sur ses positions, avançant qu’« il devait y avoir une solution juridiquement valable dans l’accord de sortie qui empêcherait le retour d’une frontière physique sur l’ile d’émeraude, protégerait l’économie irlandaise ainsi que l’accord du “Vendredi saint”, aussi appelé accord de Belfast et maintiendrait l’intégrité du marché unique ».
Michel Barnier devrait s’entretenir avec le groupe de pilotage du Parlement européen sur le Brexit vendredi 18 octobre.
« Le Royaume-Uni n’a pas encore présenté de proposition concrète », a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk le 11 octobre, tout en ajoutant qu’il avait reçu des « signaux porteurs d’espoir » de la part de Leo Varadkar.
Quelle que soit l’issue des tenants et aboutissants du « tunnel de négociations » et du sommet européen, les législateurs britanniques seront une nouvelle fois convoqués le 19 octobre pour une session parlementaire d’urgence.
Un vote y sera peut-être sollicité sur un accord que Boris Johnson parviendrait à conclure à Bruxelles — accord sur lequel les ministres pro-Europe pourraient également exiger un référendum de confirmation.
Si rien n’est conclu d’ici à la semaine prochaine, la séance parlementaire pourrait jeter un pavé dans la marre : soit Boris Johnson accepte la demande d’extension de trois mois de l’article 50, soit il sera obligé de démissionner.