Une nouvelle bulle Internet ? 

Une nouvelle bulle Internet ? 

Depuis plusieurs mois, les actions des entreprises de la haute technologie n’en finissent pas de se valoriser sur fond d’engouement dans l’intelligence artificielle, faisant craindre à certains la constitution d’une bulle spéculative. En effet, les « Sept Magnifiques », Nvidia, Meta, Tesla, Amazon, Alphabet, Microsoft et Apple, battent records sur records en matière de cours de leurs actions. La hausse de leurs cours boursiers est impressionnante sur longue comme sur courte période. De 2010 à 2024, ils ont été multipliés par plus de 20. De 2022 à 2024 (mars), la progression de ces cours est de 60 %, sachant que ces derniers avaient perdu 40 % de leur valeur entre janvier 2022 et janvier 2023. L’indice Nasdaq a été multiplié par 35 entre 1990 et 2024. 

Au moment de la bulle Internet, l’indice avait été multiplié par 10 avant de perdre plus de la moitié de sa valeur. Depuis 2020, l’indice a connu une progression de plus de 100 %. À la fin des années 1990, l’éclatement de la bulle Internet s’était produit avec des PER élevés (PER :price earning ratio », soit le rapport entre le cours d’une entreprise et son bénéfice après impôts), traduisant une déconnexion entre la valeur des entreprises et la profitabilité de ces dernières. Le PER sur résultats courants des sept Magnifiques est de 50, contre 300 en 2012. Leur PER est proche de leur moyenne de longue période. Ces PER relativement faibles sont imputables à une forte augmentation de leur profitabilité qui a été multipliée par 12 depuis 2010. Ces trois dernières années, elle a connu un doublement. Une baisse de leur profitabilité serait susceptible d’intervenir en cas d’arrivée de nouveaux concurrents. Pour le moment, cette menace est faible compte tenu de leur avance technologique et de leurs capacités d’investissement élevées.

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Effets de rente

Les sept Magnifiques bénéficient d’effets de rente en raison de leur position dominante sur leurs marchés. Le cours des actions des entreprises technologiques est soutenu par les achats des non-résidents et par l’importance des liquidités disponibles. En moyenne, les achats d’actions par les étrangers représentent 2 % du PIB aux États-Unis. 

La masse monétaire a été multipliée par 2,4 aux États-Unis entre 2010 et 2024 et de 1,5 depuis le début de la crise sanitaire, il y a quatre ans. Le cours des actions est dopé par les rachats d’actions menés par les entreprises. 

5 des 7 Magnifiques (à l’exception de Tesla et d’Amazon) ont racheté en forte quantité des actions. Compte tenu de la profitabilité élevée des Sept Magnifiques, des effets de rente et de l’importance des liquidités, les cours de leurs actions ont la capacité de poursuivre leur progression. Les principaux risques sont la multiplication des procédures judiciaires pour pratiques anti-concurrentielles et la montée des tensions entre la Chine et les États-Unis.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel

    Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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