Au risque de succomber au jeu de mot facile « DreamLAnd » est un livre qui fait rêver. Voilà l’histoire d’une Française mariée à un producteur américain qui nous conte ses premiers pas au milieu des stars du cinéma et du Show Biz à Los Angeles. Un livre qui relève de la « creative non-fiction » et met en scène des célébrités dans une série de chapitres qui s’enchaînent comme dans un roman.
A la découverte de LA et de ses stars
Martine Couralet-Laing n’a rien d’une novice quand elle débarque dans la cité des anges puisqu’elle est une professionnelle aguerrie des ventes de films et de séries qui a exercé à Paris et Londres notamment. Elle est tombée amoureuse d’un américain et grâce à lui se retrouve transportée dans un univers hors norme où les stars pullulent et où les projets les plus extravagants en apparence deviennent réalité. Même un producteur aux allures de Mafiosi et qui revendique le soutien d’une pléiade de stars pour son prochain film… peut se révéler un authentique as du cinéma et non un escroc patenté ! Voilà la magie du monde des paillettes de Los Angeles ! voilà les artifices d’un univers où tout est vrai mais où tout prend le risque d’être factice.
Mettre un vent à Tom Hanks !
La plume de l’auteur est d’une grande vivacité et grâce à son sens avéré des dialogues, on suit agréablement un récit composé d’anecdotes drolatiques et de moments échevelés. Vous apprendrez ainsi comment Martine Laing a éconduit Tom Hanks sans l’avoir reconnu. Un de mes chapitres préférés. L’auteur est partie intégrante de ce milieu étourdissant où l’on côtoie des stars mythiques comme Jacqueline Bisset qui devient son amie ou la sulfureuse Sharon Stone. Dans des dîners sélects ou plus banalement au supermarché, les stars apparaissent dans leur ordinaire de vie et dans la démesure d’un milieu où l’on se cache autant que l’on se montre ! L’émotion est également au rendez-vous quand elle nous conte la panique née de l’attentat du 11 septembre vue d’Hollywood, un lieu honni des islamistes.
Le récit se fait plus réflexif quand le sujet des armes est évoqué puisque dans la cité des anges, mieux vaut être armé ou prétendre l’être quand on n’a pas soi-même un bodyguard personnel.
Entre Abris atomiques et crash aérien
On découvre aussi l’auteur dans le jardin de sa villa réalisant que sous ses pieds sont creusées les galeries d’un grand abri atomique. Signe d’une ville paranoïaque où les menaces criminelles réelles côtoient les crispations de stars qui veulent se protéger à tout prix. Passer derrière les palissades épaisses de ces villas protégées et entrer dans les arrière-cours de Hollywood se révèle jouissif même si le ton est toujours élégant et sans voyeurisme.
A Hollywood, la réalité rejoint souvent la fiction et le chapitre qui évoque les crashs aériens d’Harrison Ford, piètre pilote comme il l’est dans la série des Indiana Jones, nous rappelle qu’il y a sans doute un ange gardien pour protéger les accidentés dans la cité des anges.
Madonna n'est pas la bienvenue ?
Ville snob et ville de hiérarchie, même Madonna peut se retrouver bloquée à la porte d’un restaurant branché car être connu, c’est sûrement bien mais être reconnu à l’entrée d’un lieu coté et bondé c’est toujours mieux pour trouver une place !
Ce récit publié aux éditions Lazare et Capucine en octobre 2023 est à mettre dans toutes les mains, que l’on soit amateur de cinéma ou amatrice d’anecdotes plus légères.
Un livre qui est une étude de mœurs sur l'envers d'Hollywood
Il ne faut pas sous-estimer non plus le caractère sociologique d’une réelle étude de mœurs sur ce microcosme fascinant d’Hollywood et de ses célébrités. Un livre que je recommande chaudement. Un récit alerte et plaisant.
Boris Faure : “Le livre est une véritable peinture de mœurs d’Hollywood. Vous révélez l’envers du décor et des anecdotes savoureuses sur les stars que vous croisez. Ne craigniez-vous pas d’égratigner ce microcosme dans lequel vous évoluez ?”
Martine Couralet-Laing : “Il est vrai que je révèle l’envers du décor et certaines histoires non connues de la presse mais sans jamais aucun voyeurisme, pas de ragots de vie privée et donc aucune médisance de ma part. Donc il n’y pas de risque d’égratigner qui que ce soit. Par exemple, l’histoire avec Jacqueline Bisset qui se passe à l’intérieur de sa maison a été relue et approuvée par elle-même avant d’être envoyée à l’éditeur. J’ai pris soin de justement mettre les personnes dont je parle en valeur et ne montrer d’elles qu’un côté très humain et pas du tout humiliant.”
Boris Faure : “Le livre a un véritable rythme et est très agréable à parcourir. Comment s’est déroulée son écriture ?”
Martine Couralet-Laing : “Je suis ravie que vous ayez trouvé la lecture très agréable. Il est vrai que je reçois beaucoup de notes des lecteurs dans ce sens-là. Un livre agréable à lire et un livre qui fait du bien. L’écriture a duré presque deux ans tout compris. C’est mon premier livre et j’ai beaucoup réécrit et réécrit. Je voulais qu’il soit très bien écrit. J’avais pris au cours des années, des notes sur de petits carnets au fur et à mesure que se déroulaient toutes ces histoires. J’ai donc commencé par éplucher tous ces carnets et à faire le tri. J’avais plus de soixante histoires et il a fallu choisir les plus intéressantes pour n’en garder que quarante. Une fois les histoires choisies, j’ai travaillé à les mettre en scène et à les dramatiser pour qu’elles soient plus agréables à lire. En général, j’aime me lever tôt le matin pour écrire vers 5h30/6h au même moment que le soleil. C’est une inspiration pour moi. Je travaillais donc quelques heures à mon bureau puis j’aimais aller continuer dans les endroits mythiques comme le Beverly Hills Hotel, le Chateau Marmont, où les petits coffee-shops moins connus d’Hollywood.”
Boris Faure : “On se dit en vous lisant qu’il y aurait la place pour un tome 2 tant les anecdotes fourmillent. Avez-vous d’autres projets en cours ?”
Martine Couralet-Laing : “Pour ce qui est d’un DreamLAnd 2, j’ai très envie de l’écrire. Cela dépendra bien sûr de l’éditeur. Mais j’ai déjà des histoires en place et vivant à l’année dans la Cité des Anges, il m’en arrive de nouvelles tous les jours. J’aime cette écriture du réel, une sorte de retour aux sources du récit. C’est un courant littéraire très tendance en ce moment aux US, la creative-non fiction. Les lecteurs sont de plus en plus intéressés par la vraie vie des gens. LA c’est 120 nationalités, 220 langues, des tonnes d’expériences incroyables – pourquoi inventer des histoires ?”
Auteur/Autrice
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Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.
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