Emmanuel Macron s’est finalement décidé à se rendre en Israël, plus de deux semaines après les attaques terroristes lancées par le Hamas, et alors que les bombardements meurtriers menés en représailles contre la bande de Gaza se poursuivent. L’avion du chef de l’Etat s’est posé, mardi 24 octobre au matin, à Tel-Aviv. En 36h, il sera allé aussi, en Cisjordanie pour échanger avec Mahmoud Tahhan Abbas, puis à Amman, rencontrer le roi de Jordanie avant d’échanger avec le président égyptien au Caire. On fait le point pour les Français de l’étranger
Les Français d’Israël
Le président français a commencé sa visite par une rencontre, dans un salon de l’aéroport Ben-Gourion, avec les familles des victimes françaises de l’assaut du 7 octobre, dont celles des neuf disparus.
« Nous sommes liés à Israël par le deuil », a tweeté le chef de l’Etat.
L’État hébreu
L’Elysée l’a clamé haut et fort à la veille du déplacement : l’objectif premier du président de la République est d’exprimer la « solidarité » de la France avec Israël, après les attaques commises par le Hamas le 7 octobre, qui ont fait plus de 1 400 morts. « Soyez sûrs que nous ne vous laisserons pas seuls dans cette guerre contre le terrorisme », a dit le chef de l’Etat à Isaac Herzog, au début de leur entretien.
Il a ensuite rencontré le premier ministre de l’Etat hébreu, Benyamin Nétanyahou, le ministre sans portefeuille Benny Gantz, ainsi que Yaïr Lapid, le chef de l’opposition.
La visite d’Emmanuel Macron survient après celles du président américain, Joe Biden, du chancelier allemand, Olaf Scholz, du premier ministre britannique, Rishi Sunak, et de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, venus déjà faire part de leur « solidarité » envers Israël. La veille de son arrivée, c’est le chef du gouvernement néerlandais, Mark Rutte, qui est passé par Tel-Aviv, ainsi qu’à Ramallah.
Au contraire de ses homologues occidentaux, le chef de l’Etat a d’abord temporisé, indiquant vouloir que son déplacement soit « utile », alors qu’Israël intensifie ses frappes sur la bande de Gaza. Destinés officiellement à « détruire » le Hamas, ces raids ont fait près de 6 000 morts, selon le ministère de la santé de l’enclave palestinienne, gouvernée par l’organisation. « Emmanuel Macron aurait dû y aller beaucoup plus tôt, observe Yves Aubin de La Messuzière, ancien ambassadeur et ancien directeur Afrique du Nord-Moyen-Orient au Quai d’Orsay.
L’étape de Ramallah
Ses entretiens à peine terminés à Jérusalem, Emmanuel Macron est parti sous bonne escorte pour Ramallah, mardi 24 octobre, afin d’y soutenir Mahmoud Abbas, fragilisé comme jamais par la guerre qui oppose Israël au Hamas. Ce voyage très sécurisé – un militaire en arme montait la garde tous les 50 mètres – marquait une rupture avec la politique d’isolement du président de l’Autorité palestinienne (AP) qu’appliquent de fait les Européens depuis la reprise du conflit.
Pourtant à Ramallah, des manifestants ont brûlé un portrait d’Emmanuel Macron, qu’ils accusent de soutenir sans mesure l’Etat hébreu dans sa guerre.
Emmanuel Macron leur a répondu indirectement en déclarant sur place « Rien ne saurait justifier » les « souffrances » des civils à Gaza, à l’issue d’un tête-à-tête de plus d’une heure avec Mahmoud Abbas. « La vie d’un civil vaut celle d’un autre civil, quelle que soit sa nationalité. Une vie palestinienne vaut une vie française, qui vaut une vie israélienne », a-t-il ajouté. « J’adresse mes pensées aux blessés, aux familles qui ont perdu un proche, aux civils qui, aujourd’hui à Gaza, vivent dans une situation de très grande détresse », a souligné M. Macron.
À Amman, cap vers la paix ?
Emmanuel Macron, rattrapé lui-même par des attentats islamistes en France, a donc pris soin d’afficher une politique équilibrée dans la région, avec l’ambition d’y jouer un rôle pour tenter de surmonter le séisme provoqué par l’attaque du Hamas. Avec le roi de Jordanie, il a ainsi souhaité réactiver la « solution à deux Etats », palestinien et israélien, qui semblait devenue caduque ces dernières années sur fond de normalisation progressive des relations entre Israël et pays arabes voisins.
« Il est difficile en ce moment de parler de la reprise d’un processus de paix », a-t-il concédé alors qu’Israël panse encore ses plaies après des massacres sans précédent de civils sur le sol israélien. « Mais elle est plus que jamais nécessaire » pour éviter que les « groupes terroristes les plus radicaux » ne continuent à prospérer, a-t-il déclaré à Ramallah. « Il ne peut y avoir de paix durable s’il n’y a pas la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien de disposer d’un Etat », a-t-il insisté.
Au Caire, la France fait de l’humanitaire
En Egypte, alors que de nombreux dirigeants arabes ont accusé l’Occident de penser que « les vies palestiniennes valent moins que les vies israéliennes », le président français a affirmé que « toutes les vies se valent, toutes les victimes méritent notre compassion, notre engagement durable pour une paix juste et durable au Proche-Orient ».
Enfin, en conclusion de ce périple de 36 heures, Emmanuel Macron a annoncé depuis la capitale de l’Egypte l’envoi d’un « navire de la marine nationale pour soutenir les hôpitaux de Gaza » qui partira de Toulon « dans les prochaines 48 heures ».
Concernant l’aide humanitaire un « avion français se posera dès demain » sur le sol égyptien » et « d’autres suivront », a-t-il ajouté.
Laisser un commentaire