Un big bang migratoire ?

Un big bang migratoire ?

Donald Trump entend remodeler les flux migratoires. Il a promis une fermeture des frontières et l’expulsion de plusieurs millions d’immigrants illégaux. Le Mexique serait le pays le plus touché par cette politique. Pour le Mexique, la réintégration d’une masse considérable de travailleurs sur le marché du travail pourrait prendre des années, avec un risque de forte augmentation du taux de chômage. Les expulsions massives auraient comme autre conséquence de tarir les transferts de fonds des États-Unis vers le Mexique, transferts qui ont atteint, en 2023, plus de 60 milliards de dollars, soit un montant supérieur à celui des investissements directs étrangers reçus par ce pays.

Des expulsions massives ?

D’autres pays d’Amérique centrale et des Caraïbes seraient également touchés. En 2021, le Salvador, le Guatemala et le Honduras ont reçu entre 6 et 14 milliards de dollars de transferts de fonds en provenance des États-Unis, ce qui représente entre 16 et 23 % de leur PIB, un chiffre qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années en raison de l’intensification des migrations transcontinentales.

@adobestock
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La nouvelle administration républicaine pourrait également réduire le nombre d’étudiants étrangers ainsi que celui des diplômés ayant le droit de venir travailler aux États-Unis. En juin dernier, Donald Trump a suggéré que les étudiants diplômés des universités américaines devraient être éligibles à la carte verte. Les migrants qualifiés étant mobiles, ils pourraient se diriger vers d’autres pays anglophones riches, comme le Canada, l’Australie et le Royaume-Uni.

Des recherches menées par Saerom Lee et Britta Glennon, de l’Université de Pennsylvanie, montrent que le programme canadien de visas pour start-up, lancé en 2013, a entraîné une augmentation de 69 % du nombre de migrants basés aux États-Unis qui ont choisi le Canada pour y créer leurs entreprises.

Besoin d’une immigration légale

La politique migratoire, tout comme celle concernant les échanges commerciaux, ne sera réellement connue qu’au cours de l’année 2025. Compte tenu de l’imprévisibilité de Donald Trump, les incertitudes sont nombreuses. Les entreprises américaines tenteront d’atténuer les mesures anti-immigration afin de préserver leur compétitivité. Celles du secteur de la haute technologie, en particulier, dépendent d’un flux continu de migrants qualifiés. Sans nul doute, Elon Musk devrait être leur porte-parole. Après son élection, Donald Trump a tempéré ses propos sur l’immigration en indiquant les États-Unis avaient besoin d’une immigration légale.

Auteur/Autrice

  • Philippe Crevel est un spécialiste des questions macroéconomiques. Fondateur de la société d’études et de stratégies économiques, Lorello Ecodata, il dirige, par ailleurs, le Cercle de l’Epargne qui est un centre d’études et d’information consacré à l’épargne et à la retraite en plus d'être notre spécialiste économie.

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