Chaque année, des millions de voyageurs empruntent la liaison Paris-Londres, l’un des axes les plus fréquentés d’Europe. En 2025, le train Eurostar reste le moyen de transport privilégié, avec une durée de trajet stable autour de 2h16 et une fréquentation record, malgré des tarifs souvent supérieurs à 200 euros pour un aller-retour en dernière minute. L’avion, bien que rapide, perd du terrain face à l’urgence écologique et aux contraintes logistiques (aéroports excentrés, contrôles de sécurité, etc.). Pourtant, malgré son succès, Eurostar est régulièrement critiqué pour ses prix élevés, ses retards fréquents et la saturation de la gare londonienne de Saint-Pancras. Dans ce contexte, l’annonce d’Uber de lancer ses propres trains à grande vitesse entre Paris et Londres d’ici 2029 marque un tournant.
Le géant américain, en partenariat avec la start-up britannique Gemini Trains, promet une alternative plus abordable, plus flexible et intégrée à son application. Mais ce projet suscite aussi des interrogations, voire de l’opposition.
Eurostar
Aujourd’hui, Eurostar domine le marché transmanche avec une offre de 15 à 20 trajets quotidiens entre Paris Gare du Nord et Londres St Pancras, ainsi que des liaisons vers Bruxelles et Amsterdam. Malgré ses atouts (rapidité, confort, faible empreinte carbone), la compagnie est pointée du doigt pour plusieurs raisons :
- Des tarifs prohibitifs : si les billets peuvent démarrer à 44 euros en réservation anticipée, les prix grimpent rapidement, dépassant souvent 230 euros pour un aller-retour en période de forte demande.
- Des retards récurrents : en septembre 2025, des perturbations majeures ont encore affecté le réseau, en raison de grèves ou de problèmes techniques.
- Une gare londonienne saturée : Saint-Pancras, principale porte d’entrée vers l’Europe, est en capacité limite, générant des files d’attente et des désagréments pour les voyageurs.
- Un manque de concurrence : jusqu’à présent, Eurostar bénéficiait d’un quasi-monopole, limitant les alternatives pour les usagers.
Ces critiques ont ouvert la voie à de nouveaux acteurs, comme Evolyn (soutenu par Trenitalia) ou Virgin Trains, qui préparent eux aussi des offres concurrentielles.
L’offre Uber Trains : fonctionnement, fréquence, dates et prix
Uber, en collaboration avec Gemini Trains, compte lancer « Uber Trains » à partir de 2029, avec pour objectif de démocratiser l’accès au Transmanche. Voici les principales caractéristiques du projet :
- Dix liaisons quotidiennes : les trains relieront Londres (depuis la gare de Stratford International, moins saturée que Saint-Pancras) à Paris, Bruxelles et Lille, avec des arrêts à Ebbsfleet (Kent).
- Une réservation simplifiée : les billets seront disponibles directement dans l’application Uber, déjà utilisée par des millions d’utilisateurs pour des VTC, vélos ou ferries.
- Des prix compétitifs : si les tarifs exacts ne sont pas encore communiqués, Uber promet des billets « bon marché », en réponse aux prix élevés d’Eurostar.
- Une approche multimodale : l’intégration des trains dans l’appli Uber s’inscrit dans une logique de « super-app », où l’utilisateur peut enchaîner train, taxi et vélo en un seul clic.
Le choix de Stratford International comme hub principal est stratégique : cette gare, bien desservie par la ligne Elizabeth et le métro londonien, permet d’éviter l’engorgement de Saint-Pancras et d’offrir une expérience plus fluide. Cependant, le projet reste ambitieux : aucune commande ferme de trains n’a encore été passée, et le calendrier de 2029 semble optimiste.
Pourquoi certains s’y opposent ?
Malgré ses promesses, le projet Uber Trains fait face à plusieurs obstacles :
- Des défis logistiques et financiers : l’acquisition de rames à grande vitesse et l’obtention des autorisations nécessaires représentent un investissement colossal. Les carnets de commandes des constructeurs ferroviaires sont déjà saturés, et les infrastructures du tunnel sous la Manche sont limitées.
- La crainte d’une ubérisation du rail : certains redoutent que l’arrivée d’Uber ne conduise à une précarisation des emplois et à une standardisation des services, au détriment de la qualité.
- La concurrence accrue : Eurostar, mais aussi les autres prétendants (Virgin, Trenitalia), ne comptent pas laisser Uber s’imposer sans réagir. Une guerre des prix et des services pourrait en résulter, au risque de déstabiliser le marché.
- Des questions écologiques : si le train reste le mode de transport le plus vertueux, l’impact réel d’une multiplication des opérateurs sur la fréquentation et les émissions reste à évaluer.
Ainsi, l’arrivée d’Uber sur le marché ferroviaire transmanche pourrait bien bouleverser les habitudes des voyageurs entre Paris et Londres. Si le projet tient ses promesses, les Français de Londres pourraient bénéficier de tarifs plus accessibles et d’une offre plus flexible. Mais les défis sont nombreux, et le succès d’Uber Trains dépendra de sa capacité à concrétiser ses annonces d’ici 2029. Une chose est sûre : la concurrence s’annonce féroce, et les voyageurs en seront les premiers bénéficiaires.