Les interceptions de migrants tentant de traverser la Méditerranée vers l’Italie à partir des côtes tunisiennes ont augmenté de 22,5 % de janvier à avril par rapport à la même période une année auparavant, pour dépasser les 21 000 personnes « empêchées de partir ou secourues » en mer, a annoncé la Garde nationale tunisienne dimanche (12 mai).
Au total, la Garde nationale qui chapeaute aussi les gardes-côtes a « intercepté ou secouru » 21 545 personnes sur les quatre premiers mois de cette année, contre 17 576 sur la même période de 2023, pour un nombre d’opérations équivalent (751 contre 756), selon un communiqué officiel.
En revanche, elle a récupéré seulement 291 corps de personnes victimes de naufrage, en majorité des « étrangers » (catégorie désignant essentiellement des ressortissants d’Afrique subsaharienne), depuis le début de l’année, contre 572 sur la même période de 2023 en triplant presque son nombre d’opérations (1 967 contre 686).
La Garde nationale a également « empêché » 21 462 personnes d’entrer sur le territoire tunisien, par ses frontières avec l’Algérie à l’ouest et la Libye à l’est, soit quatre fois plus que les 5 256 répertoriés l’année précédente.
La région de Sfax, deuxième ville du pays située au centre est de la Tunisie, est restée l’épicentre des départs clandestins avec 19 457 migrants « empêchés » de traverser contre 15 468 l’année précédente, selon la Garde nationale.
La Tunisie est, avec la Libye, l’un des principaux points de départ des migrants vers l’île italienne de Lampedusa, située à moins de 150 km des plages de la région de Sfax.
L’an passé, des dizaines de milliers de ressortissants subsahariens, fuyant la pauvreté et des conflits notamment au Soudan, ainsi que des milliers de Tunisiens, poussés par la crise économique et des tensions politiques, ont tenté la périlleuse traversée de la Méditerranée.
Sous l’impulsion de l’Italie, l’Union européenne a conclu l’été dernier avec Tunis un accord, très critiqué en Europe, prévoyant des aides financières — au total 255 millions d’euros — en contrepartie d’efforts accrus pour réduire ces départs.
L’approche de l’État tunisien « n’est pas une approche de sauvetage mais d’interception » tout comme les moyens et les formations octroyées aux forces de sécurité tunisiennes, a dénoncé récemment auprès de l’AFP Romdhane Ben Amor, porte-parole de l’ONG FTDES.
Selon un récent rapport de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la dernière décennie, plus de 27 000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 3 000 l’an passé.
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