La Fondation Jean Jaurès et la Fondation Friedrich Ebert, en partenariat avec l’institut de sondage Ipsos, publient aujourd’hui une étude sur la souveraineté européenne. Si elle révèle que la demande des européens pour plus de souveraineté est bel et bien forte, elle met également en lumière les disparités entre les pays de l’Union Européenne (UE).
La souveraineté européenne n’est pas morte, bien au contraire. 73% des sondés parmi la population de huit pays européens — France, Allemagne, Italie, Espagne, Pologne, Roumanie, Suède et Lettonie — souhaiteraient renforcer la souveraineté de l’UE, d’après une nouvelle étude.
Seules la France, la Suède et l’Italie plombent ce bon résultat avec seulement 66%, 64% et 60% d’avis favorables à cette idée respectivement.
Cette ombre au tableau est loin d’être anecdotique puisqu’elle révèle les différentes conceptions de la souveraineté de chaque pays, en fonction du contexte politique et historique. Sans compter que ces trois pays sont ceux dont l’adhésion à l’UE est la moins grande, d’après les données de l’étude.
Le concept de souveraineté
« C’est un mot de plus en plus utilisé par l’ensemble des forces politiques », explique Gilles Finchelstein, direction de la Fondation Jean Jaurès, à EURACTIV en soulignant que le concept de souveraineté européenne est revenu en force sur le devant de la scène alors que l’Union a pu se montrer particulièrement fébrile pour la production et la gestion de masques chirurgicaux et de vaccins à l’intérieur de ses frontières.
« On est plutôt dans un moment où la souveraineté est de retour », note-t-il. Il précise néanmoins qu’« il faut distinguer le mot de souveraineté et la souveraineté européenne ».
La preuve en est ; lorsque les sondeurs ont demandé aux personnes interrogées « les mots, les idées, les images auxquels [ils] pensez spontanément » quand ils entendent le mot de souveraineté, ce qui a été le plus cité par les Français sont les mots « roi« , « pouvoir » et « reine » — là où le podium des expressions utilisées par les Allemands comprend « Unabhängigkeit » (indépendance), « unabhängig » (indépendant), « Staat » (Etat).
Le degré de modernité du terme « souveraineté » est également apprécié différemment. Les plus nombreux à considérer le terme « dépassé » sont les Français (49%), les Italiens (53%) et les Espagnols (38%).
En dépit de ces nuances, la majorité des sondés (58%) pense qu’il « est possible d’employer [le mot ‘souveraineté’ et ‘Europe’] ensemble, car la souveraineté européenne et la souveraineté nationale sont complémentaires ».
« Une réponse aux défis globaux »
Si l’adhésion autour du renforcement d’une souveraineté européene continue néanmoins de faire son chemin, c’est que cette perspective « est conçue d’abord comme une réponse aux défis globaux », explique Gilles Finchelstein.
La menace terroriste, le défi du changement climatique et la menace sanitaire sont les raisons les plus citées par les Européens sondés pour justifier le renforcement de cette souveraineté — sûrement car ces questions majeures nécessitent par définition une collaboration et une unité qui dépasse le cadre strictement national.
L’étude révèle également qu’à ce jour, seulement 51% des Européens considèrent que l’Europe est souveraine. Là encore, la France et l’Italie en sont moins persuadées, avec 36% et 46% des sondés d’accord avec cette affirmation.
Pour que l’Europe soit davantage souveraine, les interrogés ont répondu que les priorités devaient être une « économie prospère », « une politique de sécurité et de défense commune » et « garantir la production européenne dans des domaines stratégiques telles que l’alimentation ou la santé ».
Enfin, le sondage identifie plusieurs freins au renforcement de cette souveraineté, avec, en tête, « le fait que certains pays européens soient dirigés par des dirigeants nationalistes » (23%) et « la pression d’un certain nombre de pays étrangers qui n’ont pas intérêt à voir émerger une Europe forte » (22%).
Laisser un commentaire