Trois auteurs français, résidents en Allemagne, célébrés au salon du livre de Francfort

Trois auteurs français, résidents en Allemagne, célébrés au salon du livre de Francfort

Francfort accueillera bientôt son salon du livre qui mérite le titre non usurpé de plus grande foire mondiale de l’édition. L’affaire n’est pas nouvelle : Plongeant ses racines à l’année 1454, peu de temps après l’invention de l’imprimerie moderne par Guttenberg, le salon a été fondé formellement en 1949 par la société Frankfurter Buchmesse GmbH et propose depuis lors un vaste panorama de livres allant de la fiction à la non-fiction, des livres d’art aux ouvrages scientifiques en passant par la littérature pour enfant. Des débats et conférences et des présentations de livres au public jalonneront un salon qui ouvrira ses portes cette année du 16 au 20 octobre.  Pendant ces 5 journées très denses  les publications en langues étrangères seront également représentées. C’est à ce titre que nous nous sommes intéressés aux publications en français proposées par des compatriotes résidents à Francfort ou dans sa région.

Le comité représentant les étrangers auprès de la commune de Francfort promeut en effet chaque année des publications qui font habituellement la part belle aux auteurs turcs ou italiens dont les communautés sont très importantes dans la ville et la région mais aussi aux auteurs français qui seront représentés cette année par trois écrivains. Ce coup de projecteur doit beaucoup à l’investissement du conseiller des Français de l’Etranger Jean-Marie Langlet, également président honoraire du conseil consulaire de Francfort sur le Main. Cet élu d’expérience, qui célébrera bientôt ses 80 ans après plusieurs décennies d’investissements associatif et politique s’est appuyé sur le comité représentant les étrangers (KAV) auprès de la ville de Francfort pour mettre en lumière ces auteurs qui résident dans la région. Grâce à cette démarche rassembleuse en faveur des lettres, de la culture et de la relation franco-allemande, l’élu a pu être soutenu par Florian Chiron et Marc de la Fouchardière qui représentent les écologistes et la CDU auprès du comité (KAV). Jean-Marie Langlet a bien voulu répondre à nos questions (Cf infra) et nous avons pu échanger avec les auteurs sélectionnés pour mieux les connaître.

Un banquier qui a l’europe chevillée au corps

Christophe Braouet est un auteur franco-allemand qui s’est illustré dans une carrière de banquier international et qui possède, chevillée au corps, la passion de la relation franco-allemande et l’ambition de faire avancer l’intégration européenne. L’auteur se revendique de sa proximité intellectuelle avec le fameux historien, sociologue et politologue Alfred Grosser dont il a été l’élève. Grosser, natif de Francfort-sur-le-Main et récemment disparu, a œuvré toute sa vie pour la bonne entente de nos deux nations et Braouet s’inscrit pleinement dans cette lignée en promouvant les liens historiques et culturels de deux pays qui sont disséqués aux plans économiques et politiques dans près de 250 pages passionnantes.

Braouet a puisé dans sa présidence de la Société Franco-Allemande de Francfort assumée depuis 20 ans la matière qui nourrit un livre bien documenté, en langue allemande, dont le titre peut être traduit par “la France et l’Allemagne peuvent réussir” une belle profession de foi en la force de notre relation commune. L’auteur est aussi conférencier et profite des rencontres avec le public pour faire avancer ses idées humanistes et européennes. Il prépare d’ailleurs la prochaine quinzaine Franco-allemande d’Occitanie qui aura lieu en avril prochain à Montpellier, prenant son bâton de pèlerin pour parler à un public varié qu’il rencontrera également au salon d’octobre à Francfort.

Trois auteurs français, résidents en Allemagne, célébrés au salon du livre de Francfort
@adobestock

Un troisième roman pour un écrivain qui évoque la première voiture électrique

Jérôme Hallier s’est installé quant à lui de plus fraîche date dans la ville de Francfort. Le Normand né à Caen est venu en Allemagne pour raison professionnelle il y a deux ans. Cet écrivain Globe-trotter a longtemps vécu au Japon dans la ville de Kyoto qui lui a inspiré un premier roman publié chez Flammarion en 2018, “les portraits sonores du docteur Léon Azoulay”. Ce familier des fictions historiques publie aujourd’hui un troisième roman autour de l’histoire véridique de la première voiture ayant franchi ce qui était alors le “mur” des 100 kilomètres heure. L’intrigue se bâtit autour de la rivalité entre deux équipes et deux mécanos. Le sel du livre ne réside pas seulement dans la recherche de toujours plus de vitesse mais dans les passions amoureuses qui se nouent entre un ingénieur et une mécano. Notons que “le mécano de la Jamais contente” s’ouvre en 1898 alors que les voitures à pétrole, à vapeur et électrique s’affrontent autour de technologies concurrentes. Après cette époque des pionniers viendra l’industrialisation massive et comme chacun sait la propulsion à l’électricité sera ensuite longtemps éclipsée par la production de voiture au pétrole avant de retrouver à une époque plus récente sa nouvelle heure de gloire. L’écrivain présentera son livre dans le cadre du salon, un livre qui pourra rencontrer un public de passionnés de sports auto comme un lectorat plus large avide d’épopées et de grands sentiments.

Une passionnante histoire d’espionnage dans les balkans

Gilles Roux écrit par passion. Ce cadre qui a oeuvré dans des entreprises de télécommunications comme dans le secteur financier des fusions acquisitions est de la première génération d’Erasmus qui lui a valu d’arriver à Stuttgart dans les années 90. Il publie aujourd’hui l’édition bilingue d’un roman édité initialement en 2015 et qui trouve là une seconde vie. L’intrigue d’”Homo Bellum” se noue autour de deux agents de la DGSE envoyés au Kosovo pour une mission mystérieuse. Quelques jours après l’Ambassade de Chine à Belgrade est bombardée, épisode historique jamais totalement élucidé. L’auteur nous livre sa propre explication en même temps qu’une belle réflexion sur la solitude de ces agents en mission et sur les horreurs de la guerre.

Gilles Roux a été inspiré par sa fréquentation de militaires à Tübingen pendant ses années Erasmus alors qu’il était hébergé dans une caserne dont il était un des rares civils. Ses amis militaires qu’il a conservés depuis avaient pu s’interroger sur le bombardement américain de Mai 1999 qui tua trois personnes et sur son intentionnalité. Le début d’une histoire que l’auteur a eu envie de raconter sur le mode du “roman de gare”, un livre prenant, court et bien ficelé et qui sera donc désormais publié autant en français qu’en allemand dans une promotion d’un bilinguisme qu’il affectionne.

Trois auteurs à qui nous souhaitons de rencontrer un large public au salon du livre.

4 questions au Conseiller des Français de l’Etranger, Jean-Marie Langlet

Lesfrancais.press : Monsieur le conseiller, vous agissez par le biais du KAV pour soutenir les auteurs français présents à la foire du livre de Francfort. Pouvez vous nous expliquer les origines de votre investissement en faveur de la culture et de la littérature ?

Jean-Marie Langlet : Si déjà dans ma jeunesse, je dévorais tous les bibliothèques auxquelles j’avais accès, pour l’occasion mon soutien aux auteurs qui présenteront leur ouvrage sur le stand du KAV ne peut être défini comme un investissement en faveur de la culture et de la littérature.

Je n’ai pas été à l’origine de la création du stand du KAV mais ce moyen de faire connaître la littérature et la culture provenant des communautés étrangères locales m’a paru très intéressante. Les 2 premières années, j’étais ramasseur de balles si j’ose dire et j’ai beaucoup écouté. Cette année, je me suis dit, pourquoi pas avec la communauté française. J’en ai parlé à mes 2 collègues français du KAV. Ils m’ont suivi. J’en ai parlé autour de moi et, à ma grande surprise, j’ai pu contacter 3 auteurs vivant à Francfort et région issus de différents groupes de la communauté française moderne présente à Francfort et région.

LFP : Vous avez une approche politique rassembleuse puisque vous agissez de concert avec d'autres conseillers des Français de l'étranger qui sont de bords différents. L'action politique au service de nos compatriotes est-elle par nature plus rassembleuse et moins polémique ?

Jean-Marie Langlet : « C’est le cas au KAV où nous sommes 3 élus membres de partis différents dans un système allemand. Côté français ce fût le cas dans les listes que j’ai présenté pour les élections au CSFE et à l’AFE première mouture. Depuis la réforme de 2013 et la création des conseils consulaires, nous avons, ici, deux blocs à la française, dont un se dit majoritaire alors qu’il ne l’est pas. Ceci limite beaucoup les possibilités de travail en commun. »

LFP : Que peuvent la culture et la littérature face à la montée des extrémismes ?

Jean-Marie Langlet : « Tout dépend ce qu’on définit à ce propos comme culture et littérature. J’ai plutôt l’impression que dans le passé la littérature et la culture  ont  plus  suivi , en bien ou mal, les soubresauts de l’histoire qu’elles les ont influencés ! Actuellement la « littérature » et la culture sont le son et l’image dans toutes poches dont  nous connaissons encore mal la vraie influence en ce domaine. »

LFP : Vous êtes le doyen des élus français en Allemagne, est-ce une position de sagesse ?

Jean-Marie Langlet : « C’est certainement vrai. Mais la sagesse est comme la littérature et la culture, elle suit le mouvement de la société ou son milieu plutôt qu’elle l’influence vraiment. Quand je dis, en 2026, je me représenterai plus, la réponse de mes interlocuteurs est presque toujours : fake news. Vais-je être sage ou pas. That is the question ! »

Auteur/Autrice

  • Boris Faure

    Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.

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