Tribune libre « Le coût réel de la vie au Vietnam : entre mythes et réalités »

Tribune libre « Le coût réel de la vie au Vietnam : entre mythes et réalités »

Si vous voulez nous faire part d’un témoignage, d’une analyse ou bien de propositions en lien avec les expatriés, Lesfrançais.press est aussi un espace d’expression. Ainsi, nous accueillons avec intérêt les contributions des Françaises et des Français vivant à l’étranger, désireux de partager leurs expériences, réflexions ou observations depuis leur pays de résidence. C’est le sens de cette tribune libre sur « le coût réel de la vie au Vietnam entre mythes et réalités » que notre media a reçu, et que nous publions. Vous pouvez également nous faire parvenir vos contributions en écrivant à [email protected].

Contribution de Jaime Peypoch, Secrétaire Général de Français du monde-adfe, Président de la section Français du monde Vietnam, et de Marc Villard, Conseiller des Français de l’étranger, élu au Vietnam.

Vietnam : le mythe du « pays pas cher » résiste-t-il aux faits ?

Les réseaux sociaux regorgent de témoignages de voyageurs décrivant le Vietnam comme un pays « pas cher », où il serait possible de vivre mieux qu’en France avec un revenu équivalent au SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance). Cette vision occulte une réalité essentielle : en France, ce revenu couvre la sécurité sociale, la retraite, la scolarité et même l’assurance chômage. Rien de tout cela n’est inclus au Vietnam.

Marc Villard, Conseiller des Français de l'étranger et Jaime Peypoch, Président de Français du monde adfe Vietnam
Marc Villard, Conseiller des Français de l'étranger et Jaime Peypoch, Président de Français du monde adfe Vietnam

La vie quotidienne vietnamienne semble imbattable si l’on adopte un mode de vie local. Un repas de rue coûte rarement plus de trois euros, un café pris sur le trottoir se paie quelques dizaines de centimes, et de nombreux petits services paraissent extrêmement abordables pour un regard venu d’Europe. Si ces avantages existent au Vietnam, ils ne représentent qu’une partie de l’expérience de l’expatriation.

Expatriés au Vietnam : ce qui pèse vraiment dans le budget

Les dépenses incontournables, elles, sont d’un tout autre ordre. Le premier poste est la santé. Une simple consultation dans un hôpital international coûte entre 40 et 80 euros. Une journée d’hospitalisation en soins intensifs peut se facturer plusieurs milliers d’euros, et un transport sanitaire d’urgence peut atteindre 30 000 à 40 000 euros. Ces montants rendent indispensable la souscription d’une assurance santé. Mais cette sécurité a un prix : de 1 000 euros par an pour un célibataire à 2 000 ou 3 000 euros pour une famille, avec souvent un reste à charge important.

La scolarité est un autre poste majeur. Dans les établissements scolaires français au Vietnam, il faut compter entre 6 000 et 9 000 euros par an et par enfant. Certes, les familles peuvent bénéficier de bourses scolaires, mais elles ne couvrent pas toujours l’intégralité du coût et leur attribution dépend de critères sociaux stricts.

« Le Vietnam n’est donc pas l’eldorado que certains décrivent. C’est un pays dynamique, accueillant et plein d’opportunités, mais où l’expatriation exige une préparation sérieuse »

Jaime Peypoch et Marc Villard

Le logement illustre lui aussi l’écart entre vie locale et vie expatriée mais dans une moindre mesure. Louer un appartement dans un quartier vietnamien coûte entre 200 et 400 euros par mois. Mais pour vivre dans les quartiers dits expatriés Il faut prévoir entre 600 et parfois plus de 1000 euros pour un grand appartement. Les jeunes actifs seuls ou en couple peuvent se contenter de solutions plus modestes, mais pour les familles, le logement constitue souvent une charge difficilement compressible.

Visa pour le Vietnam : des démarches parfois complexes

À ces dépenses s’ajoute une autre difficulté : l’obtention d’un visa. Vivre au Vietnam de manière légale nécessite un titre de séjour adapté, qu’il s’agisse d’un visa de travail, d’affaires ou de résident. Le « visa run » — consistant à sortir régulièrement du pays pour y revenir avec un visa touriste — reste une pratique qui ne permet pas une vie stable, d’ouvrir un compte bancaire, de signer un bail, d’obtenir un permis de conduire ou de travailler officiellement.

En cas de difficultés, les consulats et les associations locales peuvent apporter un soutien ponctuel. Mais ils ne constituent pas un système de protection sociale français à l’étranger. Leur rôle se limite à proposer des aides temporaires ou des solutions d’urgence. Lorsqu’une situation se dégrade durablement, la seule solution réaliste reste bien souvent le retour en France.

Le Vietnam n’est donc pas l’eldorado que certains décrivent. C’est un pays dynamique, accueillant et plein d’opportunités, mais où l’expatriation exige une préparation sérieuse. Santé, scolarité, logement et statut légal doivent être anticipés avec soin. S’installer au Vietnam peut être une formidable aventure, à condition de bien préparer son départ, de planifier son budget et de sécuriser son statut administratif.

Jaime Peypoch, Secrétaire Général de Français du monde-adfe, Président de la section Français du monde Vietnam, et Marc Villard, Conseiller des Français de l’étranger, élu au Vietnam.

Auteur/Autrice

Laisser un commentaire

Laisser un commentaire