Tour d’horizon de la nouvelle Commission qui pilotera l’économie de l’UE

Tour d’horizon de la nouvelle Commission qui pilotera l’économie de l’UE

L’Union européenne (UE) est à la peine économiquement face à la Chine et aux États-Unis, elle doit investir et créer de la richesse. Portrait des commissaires qui vont devoir définir les grandes orientations économiques de la nouvelle Commission. 

« Une vingtaine d’États membres souhaitaient un portefeuille économique important. Or, nous n’avons pas 20 portefeuilles économiques importants », a expliqué Ursula von der Leyen, mardi 17 septembre, en dévoilant la structuration du nouveau collège des commissaires.

Selon la présidente de la Commission, ce dernier sera « plus fluide et plus connecté ». Certains portefeuilles économiques comme la Concurrence seront en effet confiés à des commissaires dont les responsabilités s’étendent bien au-delà de l’économie, pour englober par exemple le changement climatique. Tour d’horizon.

Teresa Ribera et Stéphane Sejourné sur le Pacte pour une industrie propre

L’Espagnole Teresa Ribera, vice-présidente exécutive chargée de la Transition propre, juste et compétitive, dirigera également le portefeuille de la Concurrence, détenu jusqu’à présent par la commissaire danoise Margrethe Vestager.

L’Espagnole devra mettre en œuvre une « nouvelle approche de la politique de concurrence », selon la lettre de mission envoyée par Ursula von der Leyen, « plus favorable aux entreprises qui se développent sur les marchés mondiaux ».

Teresa Ribera travaillera avec Stéphane Séjourné, le vice-président exécutif pour la Prospérité et la stratégie industrielle, afin de présenter un Pacte pour une industrie propre (Clean Industrial Deal) dans les 100 premiers jours de la nouvelle Commission.

Le rôle de Stéphane Séjourné sera d’assurer la cohérence entre les aides d’État nationales et le marché unique européen, de réviser les règles relatives aux marchés publics afin de « permettre la préférence pour les produits européens », et d’élargir la définition des petites et moyennes entreprises (PME).

L’Italien Raffaele Fitto à la tête de la politique de cohésion

Selon les plans d’Ursula von der Leyen, Raffaele Fitto sera vice-président exécutif chargé de la Politique de cohésion et des Réformes.

En attribuant ce portefeuille à un vice-président exécutif, la présidente de la Commission répond à ceux qui s’inquiétaient que la Politique cohésion, qui représente un tiers des dépenses de l’UE, puisse perdre du terrain face aux nouvelles priorités de l’UE, telles que la défense.

Chargé de rendre la politique de cohésion « plus ciblée, plus simple et plus efficace », le commissaire italien devra également mettre en œuvre la facilité pour la reprise et la résilience (FRR) post-pandémie de Covid-19.

Son rôle consistera aussi à tenir la promesse d’un « droit de séjour » — initialement proposé par Enrico Letta dans son rapport sur le marché unique — qui visera à rapprocher l’UE de ses citoyens.

Valdis Dombrovskis s’attaque à la bureaucratie, Piotr Serafin au budget

Le Letton Valdis Dombrovskis, qui occupait jusqu’à présent le poste de vice-président exécutif, est rétrogradé au rang de commissaire à l’Économie, ce qui lui permettra de prendre en charge la mise en œuvre des règles fiscales de l’UE.

De son côté, le Polonais Piotr Serafin dirigera les travaux pour la préparation du prochain budget de l’UE (2028-2034), une tâche épineuse qui l’obligera à trouver un équilibre entre les nouvelles priorités de l’UE et ses dépenses traditionnelles.

Ursula von der Leyen a annoncé que Piotr Serafin devrait lui rendrait directement compte, ce qui devrait paradoxalement lui donner plus d’indépendance dans les affrontements qui ne manqueront pas de survenir entre les commissaires chargés de la Politique de cohésion, de l’Agriculture mais aussi avec les bénéficiaires des dépenses de l’UE.

La fiscalité ne fera en revanche pas partie des responsabilités du commissaire polonais, mais sera confiée à Wopke Hoekstra, commissaire au Climat et ancien ministre néerlandais des Finances. Ce dernier sera chargé, entre autres, de trouver des « solutions innovantes pour un cadre fiscal cohérent pour le secteur financier de l’UE ».

Le Commerce et la Sécurité économique reviennent à la Slovaquie

Nommé pour un cinquième mandat à Bruxelles par le gouvernement slovaque, Maroš Šefčovič succédera à Valdis Dombrovskis au poste de commissaire au Commerce.

Homme politique expérimenté et très respecté, Maroš Šefčovič, qui a déjà occupé le poste de superviseur du Pacte vert pour l’Europe (Green Deal), assumera également le nouveau portefeuille de la Sécurité économique et poursuivra son rôle actuel de superviseur des relations interinstitutionnelles.

Le Slovaque devra naviguer dans des eaux géopolitiques turbulentes, dans un contexte de tensions commerciales croissantes avec la Chine et les États-Unis. Il devra enfin « finaliser les accords commerciaux en cours de négociation » et contribuer à l’effort de l’UE pour diversifier son approvisionnement en matières premières essentielles.

Le Portugal travaillera à renforcer l’intégration de l’UMC

L’ancienne ministre portugaise des Finances, Maria Luís Albuquerque, succédera à la commissaire irlandaise Mairead McGuinness, comme commissaire européenne chargée des Services financiers.

La présidente de la Commission a vanté sa « vaste expérience » en tant que ministre et son « énorme expérience » dans le secteur privé, en tant que directrice non exécutive de la société de gestion d’actifs Arrow Global, basée au Royaume-Uni.

La principale tâche de la commissaire portugaise sera de promouvoir une intégration plus poussée de l’Union des marchés de capitaux (UMC), ce qui, selon les experts, pourrait permettre de mobiliser des centaines de milliards d’euros pour des investissements essentiels.

Maria Luís Albuquerque devrait toutefois se heurter à une forte résistance des États de l’UE concernant leur intégration plus poussée à l’UMC, notamment en ce qui concerne la supervision financière centralisée et l’harmonisation de la législation en matière de fiscalité et d’insolvabilité.

La lettre de mission de la Portugaise précise que cette dernière sera également chargée de stimuler l’éducation financière des consommateurs et des investisseurs, de débloquer le financement bancaire en « révisant l’utilisation de la titrisation », et de travailler avec la nouvelle diplomate en chef de l’UE, Kaja Kallas, afin d’empêcher le contournement des sanctions contre la Russie.

La Bulgarie sera chargée de la Recherche européenne et la Roumanie des Compétences

L’ancienne ministre bulgare de la Justice et des Affaires étrangères, Ekaterina Zaharieva, dirigera les efforts de l’UE pour stimuler l’innovation.

« Nous devons placer la recherche et l’innovation, la science et la technologie au cœur de notre économie », a déclaré Ursula von der Leyen mardi 17 septembre. « Ekaterina Zaharieva contribuera à faire en sorte que nous investissions davantage et que nous concentrions nos dépenses sur les priorités stratégiques et sur l’innovation révolutionnaire. »

De son côté, Roxana Mînzatu répond au souhait du Premier ministre roumain Marcel Ciolacu de disposer d’un portefeuille « pertinent » en étant élevée au rang de vice-présidente exécutive chargée des Personnes, des Compétences et de la Préparation, reprenant ainsi le portefeuille des « droits sociaux » du Luxembourgeois Nicolas Schmit.

La commissaire roumaine devra introduire un « droit à la déconnexion », améliorer l’accès des citoyens de l’UE à des emplois de qualité, contribuer à la construction de logements abordables et combler le fossé croissant entre l’Europe et les États-Unis en matière de compétences.

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