Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est, Thaïlande et Cambodge, sont plongés dans l’épisode le plus violent depuis près de quinze ans d’un long conflit territorial. Les échanges de tirs, bombardements, et frappes aériennes ont fait 21 morts côté thaïlandais, dont huit soldats, alors que le Cambodge a fait état d’un bilan de 13 morts dont cinq militaires. Plus de 138.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80.000 Cambodgiens de leur côté de la frontière, d’après Phnom Penh. Les ambassades de France dans les deux pays ont émis des consignes de sécurité.
L’héritage de l’Indochine
Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française. Le litige porte sur le tracé de la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. Un tracé de 817 kilomètres, dont 195 restent d’ailleurs à définir. Notamment autour de quatre sites angkoriens qui sont contrôlés par la Thaïlande, mais qui sont considérés par les Cambodgiens comme partie prenante de leur patrimoine. Le tribunal des Nations unies a donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au patrimoine mondial par l’Unesco, et d’une zone alentour.
Avant les combats actuels, l’épisode le plus violent lié à ce différend remontait à des affrontements autour du temple de Preah Vihear entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins 28 morts et des dizaines de milliers de déplacés. Ces derniers jours, on a vu des tirs de roquettes cambodgiennes sur des cibles civiles en Thaïlande qui ont provoqué des frappes aériennes avec des avions de combat F-16 du côté thaïlandais sur des bases militaires cambodgiennes. Il y a un risque d’embrasement. Néanmoins, à ce stade, les opérations militaires sont très ciblées et sous contrôle.
Les consignes de l’ambassade de France en Thaïlande
La plupart des provinces thaïlandaises et des plus grands hubs touristiques comme Koh Samui ou Phuket sont loin de la zone de conflit et sont sûrs. Il y est toujours possible de mener une vie normale, car ces endroits ne sont pas directement impactés par les affrontements frontaliers.
Cependant il y a des zones à haut risque qui sont situées dans le nord-est du pays et/ou frontalières avec le Cambodge. Cela concerne notamment les provinces de Surin, Si Sa Ket et Ubon Ratchathani.
Plus de 138 000 personnes ont également été évacuées des régions frontalières de la Thaïlande, avec environ 300 centres d’évacuation ouverts, selon les responsables thaïlandais. Vendredi, la Thaïlande a déclaré l’état de siège dans huit districts le long de la frontière avec le Cambodge. En conséquence, la principale mesure de l’ambassade de France au Siam, consiste à inviter « les Français qui se trouveraient dans les régions à proximité de cette zone frontalière, y compris les résidents, à se tenir informés auprès des autorités locales de l’évolution de la situation, et à se conformer aux consignes que celles-ci pourraient donner. »
Les consignes de l’ambassade de France au Cambodge
Du côté cambodgien, il y a 13 morts et 71 blessés. Cette situation découle de différends territoriaux entre les deux États, autour de plusieurs temples anciens notamment, revendiqués par chacun. Les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir ouvert le feu.
Cependant le Cambodge appelle à un cessez-le-feu avec la Thaïlande. À l’heure actuelle, les frontières terrestres entre le Cambodge et la Thaïlande sont fermées, mais il reste possible de passer d’un État à l’autre par voie aérienne. Pour autant, hormis aux frontières, le pays n’a pas relevé son niveau d’alerte dans sur son territoire.
L’ambassade de France à Phnom Penh demande à nos ressortissants de limiter les déplacements dans les zones allant jusqu’à 50 km de la frontière et pour ceux qui y habitent, il est conseillé de quitter son domicile provisoirement, un message repris par les conseillers consulaires comme Florian Bohême.
Auteur/Autrice
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Samir Kahred a suivi ses parents dont le père était ingénieur dans une succursale du groupe Bouygues. Après une scolarité au Lycée français et des études au Caire, il devient journaliste pour des médias locaux et correspond pour lesfrancais.press
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