La présidente de la Commission européenne a déclaré samedi 25 octobre que Bruxelles était prête à utiliser « tous les instruments à sa disposition » pour contrer les restrictions d’exportation imposées par Pékin sur les terres rares.
Lors d’une conférence à Berlin, Ursula von der Leyen a averti que les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis frappaient durement les industries de l’UE.
« La Chine a considérablement renforcé les contrôles à l’exportation des terres rares et des matériaux pour batteries », a-t-elle déclaré, soulignant que 90 % de la consommation européenne d’aimants à base de terres rares provenait de Chine.
La présidente de la Commission a également comparé le contrôle chinois sur les terres rares à la dépendance dont avait fait preuve l’Europe vis-à-vis des combustibles fossiles russes — une dépendance mise en évidence lorsque Moscou a envahi l’Ukraine en 2022.
« L’Europe ne peut plus fonctionner de la même manière. Nous avons appris cette leçon à nos dépens avec l’énergie ; nous ne la répéterons pas avec les matériaux critiques »
Ursula von der Leyen
Elle a aussi menacé de prendre des mesures, en coordination avec les partenaires du G7.
« Nous nous concentrons sur la recherche de solutions avec nos homologues chinois. Mais nous sommes prêts à utiliser tous les instruments à notre disposition pour réagir si nécessaire »
Ursula von der Leyen
Cela inclut le « bazooka commercial » de l’UE, officiellement connu sous le nom d’« instrument anti-coercition », considéré comme l’arme commerciale la plus puissante de l’UE.
Cet instrument peut causer des dommages considérables à l’économie visée. Il permet notamment d’imposer des restrictions en matière d’investissement, de retirer la protection de la propriété intellectuelle, de suspendre les licences de certaines entreprises, d’interdire l’accès aux marchés publics de l’UE et d’imposer des sanctions à des personnes spécifiques. Il peut être utilisé à la fois pour les biens et les services.
Au début de la semaine, après un appel vidéo de deux heures avec le ministre chinois au Commerce Wang Wentao, le commissaire européen au Commerce Maroš Šefčovič a toutefois déclaré qu’il n’y avait « aucun intérêt à une escalade ».
Wang Wentao a accepté de se rendre à Bruxelles pour des discussions la semaine prochaine.
Paris et Berlin veulent durcir le ton
Lors du sommet des dirigeants de l’UE jeudi, le président français Emmanuel Macron a affirmé que la Commission devrait envisager d’utiliser son « bazooka commercial » contre la Chine.
Deux diplomates ont également confié à Euractiv que l’Allemagne avait laissé entendre qu’elle pourrait être ouverte à des mesures plus sévères.
« L’Allemagne n’a jamais soutenu de mesures coercitives contre la Chine auparavant », a indiqué l’un d’eux, soulignant que le chancelier Fredrich Merz subissait la pression des constructeurs automobiles — une industrie importante dans la première économie de l’UE.
Plan RESourceEU
« Que ce soit dans le domaine de l’énergie ou des matières premières, de la défense ou du numérique, l’Europe doit lutter pour son indépendance », a insisté la cheffe de l’exécutif européen lors de son allocution samedi, dévoilant le plan « RESourceEU », qui fait écho à REPowerEU, le plan visant à supprimer progressivement les importations de combustibles fossiles russes.
Ursula von der Leyen a déclaré que ce plan stimulerait les investissements dans la production et la transformation des matières premières et accélérerait la mise en place de partenariats avec des pays tiers.
Elle a cité l’Ukraine, l’Australie, le Canada, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Chili et le Groenland.
Dans le cadre de lu règlement sur les matières premières critiques, Bruxelles a déjà fixé des objectifs pour 2030 en matière de capacités de production de l’UE, dans le but d’empêcher tout pays tiers de fournir plus de 65 % de la demande de matières premières de l’UE.















