Tensions Chine-UE avant les droits de douane sur les véhicules électriques

Tensions Chine-UE avant les droits de douane sur les véhicules électriques

Pékin a sévèrement critiqué les efforts de la Commission européenne pour négocier des accords individuels avec les constructeurs automobiles concernés par son enquête anti-subventions sur les véhicules électriques, alors que l’entrée en vigueur des droits de douane définitifs prévue mercredi 30 octobre suscite de vives tensions.

Dans une déclaration publiée lundi 28 octobre, le ministère chinois du Commerce a prévenu que toute tentative de Bruxelles de négocier directement avec les constructeurs automobiles chinois, y compris BYD, Geely et SAIC, compliquerait les efforts entrepris pour parvenir à un règlement négocié du différend commercial qui dure depuis un an.

« Si la partie européenne mène des négociations séparées sur les engagements de prix avec certaines entreprises tout en négociant avec la partie chinoise, cela ébranlera la confiance mutuelle, interférera avec le processus global de négociation et ajoutera également des coûts administratifs au suivi de la mise en œuvre et à la supervision de l’accord sur les engagements de prix », a déclaré le ministère.

La veille, le média affilié au radiodiffuseur public chinois CCTV Yuyuan Tantian avait publié une accusation à l’encontre de l’exécutif européen, qui aurait tenté de « contourner » le gouvernement central de Pékin en menant des discussions directes avec les constructeurs automobiles. Ces échanges auraient porté sur la possibilité d’éviter des droits de douane allant jusqu’à 35,3 % en vendant leurs véhicules à un prix minimum (autrement appelé « engagement de prix »).

Ces critiques font suite à une réunion vidéo entre le commissaire européen au Commerce, Valdis Dombrovskis, et le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, survenue vendredi 25 octobre.

Selon un résumé de la discussion par la Commission, Valdis Dombrovskis a « souligné » à son homologue chinois que les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’interdisaient pas à Bruxelles de mener des discussions avec des exportateurs individuels de véhicules électriques.

Vendredi 25 octobre, le porte-parole de la Commission, Olof Gill, avait expliqué à Euractiv que Pékin savait depuis le début que Bruxelles avait légalement le droit de négocier avec des entreprises individuelles. La Commission a refusé toute demande de commentaire supplémentaire lundi 28 octobre.

« Le gouvernement chinois veut contrôler les négociations, et la Commission travaille différemment », a commenté Alicia García-Herrero du think tank de politique européenne Bruegel.

Alicia García-Herrero a ajouté que le désir de Bruxelles de négocier avec des entreprises individuelles est « logique », étant donné que chaque entreprise aurait reçu différents niveaux de subventions de la part du gouvernement chinois.

Elle a souligné que les différences en matière de stratégie de négociation signifient également que les droits de douane seront presque certainement imposés définitivement mercredi, puisqu’une solution négociée semble désormais très improbable.

« Je pense que les négociations ne vont nulle part, non seulement en termes de contenu, mais aussi de principe, car la Chine ne veut pas que les entreprises négocient », a-t-elle déclaré.

Dans une déclaration publiée lundi 28 octobre, le ministère chinois du Commerce a averti que toute tentative de Bruxelles de négocier directement avec les constructeurs automobiles chinois, y compris BYD, Geely et SAIC, compliquerait les efforts entrepris pour parvenir à un règlement négocié du différend commercial, qui dure depuis un an. ©GETTY IMAGES/KOIGUO
Dans une déclaration publiée lundi 28 octobre, le ministère chinois du Commerce a averti que toute tentative de Bruxelles de négocier directement avec les constructeurs automobiles chinois, y compris BYD, Geely et SAIC, compliquerait les efforts entrepris pour parvenir à un règlement négocié du différend commercial, qui dure depuis un an. ©GETTY IMAGES/KOIGUO

Le 18 septembre, Olof Gill, avait en effet annoncé que le 30 octobre était la « date limite absolue » pour l’imposition définitive des droits de douane, à moins qu’une solution négociée ne soit dégagée d’ici là.

L’évaluation d’Alicia García-Herrero a été reprise par Philipp Lausberg, principal analyste politique au European Policy Centre, un autre think tank basé à Bruxelles.

« L’approche de la Commission consiste à entrer dans les détails », a-t-il déclaré. « Elle essaie d’être aussi méticuleuse que possible, de faire les choses dans les règles et de ne pas donner l’impression qu’il s’agit d’une question politique, ce qui n’est pas le cas. Je pense que c’est une approche que les Chinois ne connaissent pas. »

Dans l’ensemble, Philipp Lausberg estime que, même si Pékin prendra probablement des mesures de rétorsion contre l’application de droits de douane définitifs, la Chine ne peut pas se permettre une guerre commerciale en raison de la faiblesse de son économie.

« La Chine est déjà confrontée à de nombreux problèmes, tels qu’une crise immobilière et le chômage, en particulier celui des jeunes », a-t-il expliqué. « Je ne pense donc pas qu’elle soit en mesure de faire déraper la situation vers une guerre commerciale ».

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