Sur les pas de l’ultime compagnon de la Libération : Hubert Germain

Sur les pas de l’ultime compagnon de la Libération : Hubert Germain

Hubert Germain, le dernier des Compagnons de la Libération, est mort le 12 octobre 2021 à l’âge de 101 ans. Un hommage national est prévu ce vendredi 15 octobre aux Invalides. L’occasion pour nous de reprendre le chemin de ces expatriés qui ont continué le combat.

Hubert Germain avait rejoint le général de Gaulle à Londres dès juin 1940, alors qu’il n’avait pas 20 ans, puis combattu au sein de la Légion.

Fils d’un officier de la coloniale, Hubert Germain né le 6 août 1920 était un résistant et un homme politique français. À la mi-juin 1940, il passe le concours de l’École navale. Finalement il décide de rendre copie blanche pour ne pas avoir à servir dans une armée aux ordres de l’ennemi.  Avec trois de ses camarades, il décide de continuer le combat et de rejoindre la Grande-Bretagne. Le 24 juin 1940, il embarque à bord de l’Adandora Star, un bateau convoyant des soldats polonais, au départ de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques).

Olympia National Hall

Après avoir débarqué à Liverpool, il rejoindra Londres. À l’Olympia Hall, il s’engagera alors dans les Forces françaises libres où il suivra une formation d’élève officier de marine à bord du cuirassé Courbet . Et, après une brève rencontre avec Charles de Gaulle à l’Olympia Hall ( « Il s’arrête un instant, me regarde et me dit : “Je vais avoir besoin de vous” », aimait-il à raconter). Hubert Rault, un Français expatrié à Londres, banquier de profession et guide touristique pendant son temps libre nous fait découvrir l’Olympia National Hall situé dans West Kensington. Un lieu chargé d’histoire.

“C’est l’un des premiers centres où on venait s’engager. Finalement en juin 1940, on imagine que rien n’était prévu pour accueillir tous ces soldats qui arrivaient. Généralement ils venaient par petits groupes. C’est avec des amis avec qui ils ont traversé la mer ou comme Hubert Germain qui est parti du sud- ouest de la France en bateau, ils arrivent ici en Angleterre. Ils viennent en habits civils. Et les Anglais disent que les Français rejoignant Londres seront mis au Olympia Hall. Ce n’était pas prévu. Car c’était un hall d’exposition. Avant la guerre, il y avait des courses de chevaux, des foires commerciales donc ce n’est pas du tout une caserne militaire. Mais l’avantage c’est qu’il y avait beaucoup de place. Les Anglais apportaient de la paille et les Français s’installaient petit à petit. Il y a une photo qui montre avec des personnages en civil, des marins et des personnes en uniforme. Ces personnes sont en train de s’engager comme Hubert Germain. Il fallait avoir plus de 18 ans avant de s’engager,”

Hubert Rault, guide touristique pendant son temps libre

Pour beaucoup de personnes, c’est “le début de la France libre. Début juillet 1940, ils ont reçu la visite du général de Gaulle, quinze jours après son Appel. Daniel Cordier le raconte très bien dans ses mémoires. Il voit cet homme qui fait presque deux mètres de haut, qui vient avec son képi, qui leur tient un discours qui est assez clair et engageant qui leur dit quand la France est à terre, c’est le devoir de ses enfants de la relever. Tous les gens qui ont vu de Gaulle ce jour-là ont eu l’impression d’avoir un chef déterminé en face d’eux. Ça, c’est le premier contact que sans doute Hubert Germain a eu avec le général de Gaulle. Voir quelqu’un d’une stature très imposante leur tenir un discours de chef alors qu’ils ont vu leur patrie s’écrouler il y a quelques semaines de cela.”

Sur les pas de la France Libre à Londres

Les visites de la ville sur le thème de De Gaulle sont la spécialité de Hubert Rault. “Ces tours ont trouvé leur public, notamment un public scolaire. Car beaucoup d’écoles françaises avant la Covid venaient à Londres. Les principaux voyagistes scolaires avaient les tours de la France libre dans leur programme et dans les bonnes années on faisait entre 1,500 et 2,000 élèves par an sur les pas de la France libre à Londres .Et les élèves découvrent les lieux dont on parle dans les cours d’histoire. Les principaux endroits qui gardent les traces de la France libre à Londres sont évidemment la BBC. Le lieu où le Général de Gaulle a écrit son Appel, dans un pub dans le quartier de Soho, The French House. C’est là que de Gaulle aurait écrit son discours du 18 juin. Son quartier général de la France libre existe toujours. Et tout un bâtiment a été mis à disposition par Churchill à la France libre. Et la grande surprise pour les Français c’est qu’il y a une statue du Général de Gaulle à Londres à Carlton Gardens, à deux pas de Westminster et de Buckingham Palace. Il existe une statue de Churchill à Paris donc il se devait d’y avoir une statue du Général de Gaulle à Londres.”

Le rôle de la BBC en juin 1940

En établissant sa résistance à partir de Londres, le Général de Gaulle voulait montrer aux Anglais et à ses alliés que la France continuerait de combattre. Donc Londres était devenu un centre politique. Mais de Gaulle va établir officiellement la capitale de la France libre. Londres est la capitale symbolique de la résistance parce qu’il avait accès à Churchill. Et il avait accès à un moyen de communication exceptionnel et puissant à l’époque : la BBC, pour lancer des appels, pour parler aux Français.

Hommage national aux Invalides

Le Président français Emmanuel Macron présidera l’hommage national qui sera rendu ce vendredi 15 octobre 2021 à 15h aux Invalides à Hubert Germain. Puis il sera inhumé au Mont-Valérien.

C’est dans ce même lieu qu’ Hubert Germain a assisté en fauteuil roulant aux obsèques de Daniel Cordier, fin novembre 2020.

Pourquoi Hubert Germain sera-t-il inhumé au Mont-Valérien, et non au Panthéon ?

Le 11 novembre, une cérémonie d’inhumation aura lieu à l’Arc de Triomphe puis au Mémorial de la France combattante, érigé au Mont-Valérien de Suresnes (Hauts-de-Seine), principal lieu d’exécution de résistants et d’otages durant la Seconde Guerre mondiale.

En effet en juin 1960, en inaugurant ce mémorial, Charles de Gaulle avait indiqué qu’il souhaitait que le caveau n° 9 de la crypte soit réservé au dernier des membres de l’Ordre de la Libération, qu’il avait créé en novembre 1940.

Interrogé il y a une quinzaine d’années, avec les autres Compagnons survivants, sur le fait de savoir s’il accepterait, le cas échéant, d’y être inhumé, Hubert Germain avait répondu par l’affirmative, avait indiqué en 2020 Vladimir Trouplin, conservateur du musée de l’Ordre de la Libération.

Et c’est bien dans la crypte, représentant la France au combat, de cette nécropole, qu’Hubert Germain reposera, selon la volonté du général de Gaulle.

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