Dans la 5ème circonscription des Français de l’Etranger, Stéphane Vojetta s’est finalement imposé face au NFP Maxime Da Silva. Une large victoire pour le député sortant qui souhaite désormais construire une coalition républicaine à l’Assemblée nationale.
Ce dimanche 7 juillet, les Français établis en Espagne, au Portugal, à Andorre et Monaco ont renouvelé leur confiance à Stéphane Vojetta en lui accordant 61,47% des suffrages. Le député indépendant apparenté Renaissance devance Maxime Da Silva qui obtient 38,53 %. Une victoire nette pour le sortant assurée par un taux de participation en hausse fixé à 39,14% contre 37,83% au premier tour.
Maxime Da Silva qui n’a pas répondu à nos sollicitations a réagi sur les réseaux sociaux. Sur X, anciennement Twitter, il remercie les électeurs et analyse le report de voix ayant joué lors du second tour : « Vojetta qui flirte avec le RN, est élu grâce à ses voix. » Pour rappel, la candidate Rassemblement National Johana Maurel avait obtenu 19,49% des suffrages au premier tour des élections.
La réalité du terrain
Conseiller des Français d’Espagne et membre d’Europe Ecologie Les Verts, François Ralle Andreoli s’est également exprimé sur cette élection : « Je trouve dommage que la réaction en France en faveur du Nouveau Front Populaire n’ait pas eu lieu dans notre circonscription. C’est malgré tout compréhensible dans la mesure où nous n’avons pas eu le temps de proposer une candidature issue de la circonscription, une condition essentielle selon moi et qu’il existe par ailleurs des pôles difficiles à convaincre, comme Monaco par exemple, pour un candidat qui n’est pas conservateur. » François Ralle Andreoli tient néanmoins à féliciter de façon républicaine le député élu tout en rappelant les défis qui l’attendent : « Ce qui compte pour un élu est de changer la vie des gens. Or, la situation est très mauvaise pour les Français de la circonscription : les services consulaires sont en berne, la dématérialisation des documents d’identité en Espagne est au point mort, le réseau scolaire en Espagne est en grande difficulté et le rayonnement culturel est au plus bas depuis 20 ans. Dans la circonscription depuis 2017 rien n’a vraiment changé si ce n’est une dégradation générale. »
Jean-Michel Béranger, représentant le parti d’Edouard Philippe Horizons à Madrid et soutien de Stéphane Vojetta, est moins sévère : « S’agissant des services consulaires, il est vrai que nous avons eu une période difficile après la Covid mais depuis tout est rentré dans l’ordre. Quant à la dématérialisation, elle est en phase de test au Portugal et les choses prennent du temps ». Jean-Michel Béranger voudrait surtout saluer l’action et le bilan du député sortant : « Stéphane Vojetta est un député très présent sur le terrain. Il a créé un groupe WhatsApp pour être plus facilement joignable. Il répond à toutes les questions, toutes les sollicitations. Il a de plus un bon ancrage au Portugal et en Espagne contrairement à d’autres candidats parachutés par les partis. »
A peine les résultats consolidés, Stéphane Vojetta s’est lui déclaré satisfait et a reconnu « une marque de soutien populaire » de la part des électeurs qu’il remercie. Le député indépendant livre sa vision du scrutin, entre barrage étendu et « ni-ni » : « J’y vois une volonté de faire barrage à la France Insoumise et à un candidat envoyé directement par Mélenchon. » Et au-delà, il souligne le refus des extrêmes : « Il n’y aura pas de gouvernement Bardella ni de gouvernement Mélenchon malgré ses exigences. »
Le casse-tête de la majorité
La question est : et maintenant ? Dans cette élection sans vainqueur où le Rassemblement National n’a jamais été aussi haut, où le Nouveau Front Populaire pourrait retomber dans les travers de la NUPES avec une France Insoumise écrasante, comment l’Assemblée nationale peut-elle se « structurer » pour reprendre le mot du président Emmanuel Macron ? Peut-être autour d’un bloc central, c’est en tout cas ce que souhaite Stéphane Vojetta : « Nous devons aller vers la nécessaire construction d’une coalition face à l’immobilisme qui nous menace. Il faut qu’on arrive à travailler entre partis républicains. »
François Ralle Andreoli se montre lui sceptique face à l’éventualité d’un arc républicain : « Je ne pense pas que le rêve d’une grande coalition puisse se réaliser en France. La violence de la politique d’Emmanuel Macron a laissé des traces et il est difficile de prétendre à la création d’un tel arc quand on en a si souvent exclu la gauche. Nous sommes dans une crise institutionnelle. »
Pour Jean-Michel Béranger, c’est pourtant la seule voie possible si on ne veut pas que la France devienne ingouvernable : « Ensemble que l’on annonçait morte est la deuxième force politique de l’Assemblée et la plus à même de réunir une nouvelle majorité. Des Verts au Républicains non ciottistes en passant par le PS, tout le monde doit faire des efforts. »
Dès ce lundi 8 juillet, le député Vojetta fera son retour au Palais Bourbon pour s’atteler à la tâche comme artisan des rapprochement entre les différentes forces en présence : « Je voudrais notamment tendre la main au Parti Socialiste, qu’il renonce à rester enfermé dans des postures mélenchonistes et qu’il nous rejoigne afin de travailler ensemble pour le pays. »