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La France change de doctrine spatiale militaire. En tant que chef des armées, le Chef de l’État Emmanuel Macron a donné samedi soir dans les jardins de l’Hôtel de Brienne son feu vert pour ce changement de doctrine. De défensive, la doctrine spatiale devient offensive. Le président a fait court, très court. Ses mots ont été pesés au trébuchet. « La nouvelle doctrine spatiale et militaire qui m’a été proposée par la ministre (des armées Florence Parly, ndr), que j’ai approuvée, permettra d’assurer notre défense de l’espace et par l’espace », a-t-il indiqué. « Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protégerons mieux nos satellites, y compris de manière active », a-t-il assuré. Clairement, la France se donne les moyens de riposter quand elle sera attaquée ou anticipera une attaque. Pour l’heure, elle n’en a pas encore la possibilité, faute d’armes disponibles dans les armées.
La France doit « répondre aux défis qui se posent dans les domaines terrestre, maritime et aérien, mais aussi dans les nouvelles zones de confrontation que sont l’espace cyber ou l’espace exoatmosphérique », a rappelé Emmanuel Macron lors d’un discours au ministère des Armées.
À Florence Parly de décliner la nouvelle stratégie spatiale
Pour autant, le président a affirmé que « les nouveaux investissements indispensables seront décidés ». Emmanuel Macron a promis que « l’effort budgétaire pour notre défense sera tenu », en référence à la Loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025, qui prévoit une hausse des crédits aux armées. Il a toutefois laissé le soin à Florence Parly d’annoncer prochainement la traduction concrète des orientations stratégiques du président pour mieux se défendre contre les éventuelles attaques des grandes puissances spatiales mondiales (Etats-Unis, Chine, Russie). En septembre 2018, elle avait d’ailleurs accusé les Russes d’un acte d’espionnage contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus en 2017. « La guerre des étoiles est bien autre chose qu’une fiction », avait-elle asséné.
« L’utilisation autonome et non contestée de l’espace passe par une connaissance et un contrôle de ce qui s’y passe », avait rappelé le 18 juin lors du 53ème Salon aéronautique du Bourget la ministre des Armées.
Florence Parly va donc s’appuyer sur les travaux réalisés par son ministère fin 2018. Ils ont permis d’identifier les menaces et d’y répondre sur le plan capacitaire aussi bien sur les segments sol et spatial mais aussi sur les liaisons de données entre le sol et l’espace, et dans la partie logicielle. Ces segments peuvent faire l’objet de menaces plus ou moins graves, qui vont de l’espionnage au déni de services en passant par la neutralisation d’un satellite. Ainsi, le ministère a mis des priorités sur les menaces, à la fois les plus graves et les plus probables.
Un commandement de l’espace créé
Emmanuel Macron a confié à l’armée de l’air les opérations spatiales. « Pour donner corps à cette doctrine et pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain » au sein de l’armée de l’Air qui « deviendra à terme l’armée de l’Air et de l’Espace », a-t-il expliqué lors de la traditionnelle réception donnée par le ministère des Armées à la veille du défilé sur les Champs-Elysées. Basé à Toulouse, ce grand commandement ne fera que remplacer l’actuel commandement interarmées de l’espace (CIE), piloté par le général Michel Friedling, qui va rester le patron des opérations spatiales.
La LPM actuelle prévoit un budget de 3,6 milliards d’euros pour le spatial de défense. Il doit notamment permettre de financer le renouvellement des satellites français d’observation CSO et de communication (Syracuse), de lancer en orbite trois satellites d’écoute électromagnétique (CERES) et de moderniser le radar de surveillance spatiale Graves. Florence Parly a annoncé au salon du Bourget qu’elle avait décidé début juin de lancer les études de deux nouveaux programmes spatiaux : Iris, qui succédera à CSO, est destiné à renouveler la capacité d’observation optique et Céleste, qui remplacera CERES, renforcera les capacités de renseignement d’origine électromagnétique de la France. Deux programmes pour garder « toujours l’avantage, pour que nos armées conservent leur supériorité sur le terrain », avait fait valoir la ministre.
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