Sous-marins français : les temps forts d’une crise internationale

Sous-marins français : les temps forts d’une crise internationale

Après la rencontre vendredi 1er juillet à Paris entre le président français Emmanuel Macron et le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese, rappel des temps forts de la crise internationale déclenchée par la rupture en 2021 par Canberra d’un gigantesque contrat de livraison de sous-marins français.

Un contrat à 56 milliards d’euros

La France et l’Australie signent le 20 décembre 2016 un gigantesque contrat de 56 milliards d’euros pour la fourniture de 12 sous-marins conventionnels, dérivés des futurs sous-marins nucléaires français Barracuda, ce qui engage les deux États pour les cinquante prochaines années.

Objectif : démarrer la fabrication des sous-marins en 2022, pour une première mise à l’eau en 2030.

Les sous-marins doivent être construits à Adelaïde et l’industriel français Naval Group s’engage à ce que 60 % de la valeur du contrat soit dépensée en Australie, créant environ 2 800 emplois sur place, selon Canberra.

Naval Group sous les critiques australiennes

En février 2021, le PDG de Naval Group se rend à Adelaïde pour tenter d’apaiser des tensions naissantes autour du contrat. Le groupe public est sous le feu des critiques en Australie où l’on craint des surcoûts.

Début juin, le ministère australien de la Défense brandit la menace d’un « plan B » en cas d’échec des négociations sur la prochaine phase du contrat.

Quelques jours plus tard, Emmanuel Macron réaffirme « l’engagement plein et entier » de la France à aller jusqu’au bout du contrat, en recevant le Premier ministre australien Scott Morrison à l’Elysée.

L’Australie rompt le contrat

Le 15 septembre 2021, M. Morrison annonce que son pays va se doter de sous-marins à propulsion nucléaire dans le cadre d’un nouveau partenariat avec les États-Unis et le Royaume-Uni, ce qui annule le contrat français. Paris dénonce « un coup dans le dos ».

La Maison Blanche assure que la France et les États-Unis ont eu des contacts à haut niveau avant l’annonce du pacte de sécurité – dénommé AUKUS – entre Washington, Canberra et Londres. Une affirmation rejetée par Paris.

Le 17 septembre, la France rappelle ses ambassadeurs à Canberra et Washington, geste sans précédent. Le lendemain, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian évoque « une rupture majeure de confiance » et une « crise grave ».

Pour justifier sa décision, l’Australie dit avoir eu de « sérieuses réserves » concernant les sous-marins français. Le 20 septembre, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, juge « inacceptable » la manière dont la France a été traitée.

MM. Biden et Macron s’expliquent

Les présidents Emmanuel Macron et Joe Biden conviennent au téléphone, le 22 septembre, que « des consultations ouvertes entre alliés » auraient « permis d’éviter » cette crise diplomatique. M. Macron annonce le retour à Washington de l’ambassadeur français.

Le Premier ministre australien promet d’être « patient » pour restaurer les relations avec la France.

Des négociations, prévues de longue date, sur un possible accord de libre-échange entre l’Australie et l’Union européenne sont reportées.

L’ambassadeur de France en Australie va rentrer à Canberra, annonce Paris le 6 octobre.

« Mensonge » et échec de M. Morrison aux élections

Le 28 octobre, M. Macron s’entretient avec Scott Morrison pour la première fois depuis le début de la crise. Le 1er novembre, il assure « savoir » que le Premier ministre australien lui a menti dans cette affaire.

L’Australie s’engage officiellement le 22 novembre dans l’alliance de défense AUKUS.

M. Macron et le nouveau Premier ministre australien Anthony Albanese veulent « rebâtir une relation » de « confiance », indique l’Élysée le 26 mai 2022, au lendemain de la défaite de Scott Morrison aux législatives.

Accord de compensation

Le 11 juin, l’Australie dévoile un accord de compensation de 555 millions d’euros avec Naval Group, qui confirme un « accord équitable ».

Au total, l’échec du contrat des sous-marins français aura coûté 2,4 milliards de dollars aux contribuables australiens, précise Anthony Albanese.

La France, par la voix du ministre des Armées Sébastien Lecornu, estime que cet accord permet « d’ouvrir une nouvelle page » dans la relation avec Canberra.

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