Les dirigeants européens et africains se réunissent à Bruxelles les 17 et 18 février pour un sommet UE-Afrique attendu depuis longtemps. Ils tenteront de définir le partenariat entre les deux continents voisins au moyen d’un certain nombre d’initiatives, d’accords et de promesses d’investissements.
L’UE cherchera à accroître ses investissements et son influence en Afrique, notamment compte tenu de la présence croissante de la Chine sur le continent ainsi que de la concurrence de pays comme la Russie, le Royaume-Uni, la Turquie et les États-Unis.
En retour, elle tentera de s’entendre sur une architecture de sécurité plus organisée en Afrique, en particulier après qu’une série de coups d’État militaires ait eu lieu récemment en Afrique occidentale. En outre, la régulation des flux migratoires figurera très certainement elle aussi en bonne place à l’ordre du jour de ce sommet.
La question des vaccins contre la Covid-19 et plus précisément de la levée des droits de propriété intellectuelle sur ces derniers, qui permettrait aux États africains de produire leurs propres vaccins, est l’un des sujets les plus controversés, certains pays africains accusant l’UE d’hypocrisie et de « nationalisme vaccinal ».
Les dirigeants de l’UE pourraient également tenir un mini-sommet en parallèle de celui-ci, éventuellement au cours d’un dîner, afin de discuter des tensions croissantes provoquées par la concentration de troupes russes aux frontières de l’Ukraine, ainsi que de la réponse éventuelle de l’Union en cas d’invasion militaire russe dans le pays.
A la recherche d’un partenariat constructif
Deux ans après la présentation par l’Union européenne de son projet de « partenariat stratégique » avec l’Afrique, le sommet UE-Union africaine destiné à sceller l’accord se tiendra à Bruxelles jeudi 17 février. Une série d’initiatives et de promesses seront dévoilées, mais beaucoup de choses restent encore en suspens.
Bien que les projets de communiqués et les résultats du sommet circulent encore frénétiquement entre les responsables de l’UE et de l’Union africaine, il existe une ébauche de plan.
L’UE prévoit de dévoiler six initiatives lors du sommet, dont trois paquets d’investissements, dans le cadre de ce qu’elle appelle un « partenariat prospère et durable ».
La première de ces initiatives s’articulera autour de l’initiative Global Gateway — lancée en septembre dernier comme la réponse de l’UE au programme chinois Belt and Road — qui promet des investissements d’infrastructures dans des projets énergétiques, numériques et environnementaux.
« Lors du sommet, les investissements seront au cœur des discussions car ils sont les moyens de notre ambition commune », a déclaré Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, jeudi à Dakar, capitale du Sénégal, après avoir annoncé que le Global Gateway comprendrait un plan d’investissements de plus de 150 milliards d’euros pour l’Afrique.
Le programme promet d’établir une plateforme d’investissements de l’UE dans chaque pays africain mais ne sera pas soutenu par un nouvel engagement financier de Bruxelles.
Il est beaucoup plus important de savoir si, et dans quelle mesure, les 450 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) émis par le Fonds monétaire international l’année dernière, dont une grande partie a été allouée aux États membres de l’UE, seront réaffectés à l’Afrique pour aider à couvrir les coûts de la pandémie de Covid-19.
Peu d’États de l’UE ont l’intention d’utiliser ces droits pour eux-mêmes — le fonds de relance de l’UE et les achats d’obligations de la BCE font qu’ils n’en ont guère besoin — et un projet de communiqué de l’UE avait initialement déclaré que les États de l’UE devraient allouer 50 % des DTS à l’Afrique. Cette proposition a toutefois été rejetée par certains pays de l’UE.
La réorientation des DTS vers l’Afrique a été l’un des projets favoris du président français Emmanuel Macron, et les initiés affirment que la présidence française du Conseil de l’UE (PFUE) a fait une pression concertée sur les DTS, mais les progrès ont été mitigés.
La France, l’Italie et l’Espagne ont jusqu’à présent promis 20 % de leurs nouveaux DTS, tandis que la Belgique et les Pays-Bas ont également annoncé de plus petits montants.
Un responsable de la société civile a qualifié la lenteur des progrès de l’UE en matière d’allocation de DTS d’« extrêmement décevante » et d’« occasion manquée pour l’UE d’améliorer son offre » à l’Afrique.
M. Macron aurait fixé un objectif de 40 à 45 milliards de dollars pour l’allocation des DTS, mais ces chiffres resteraient bien en deçà de la demande formulée par le président sénégalais Macky Sall, président de l’Union africaine, lors du sommet de l’UA la semaine dernière, selon laquelle au moins 100 milliards de dollars de DTS devraient être redirigés vers l’Afrique dans le cadre d’un « New Deal ».
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